Gosuin: "La 6e réforme de l’Etat va être catastrophique pour Bruxelles"

Le chef de file du FDF à Bruxelles salue le plan com du nouveau ministre-Président. Mais il craint pour l'avenir. Bruxelles risque de payer un lourd tribut à la réforme de l’État.

Mathieu Colleyn et Vincent Rocour
Gosuin: "La 6e réforme de l’Etat va être catastrophique pour Bruxelles"
©BELGA

En plein débat parlementaire sur les décisions prises à Ostende par le gouvernement bruxellois, Didier Gosuin, chef de file du FDF, a partagé son heure de table avec "La Libre".

Estimez-vous que Rudi Vervoort (PS) a réussi son passage de témoin à la ministre-Présidence bruxelloise ?

Il a incontestablement marqué la communication. Son événement à Ostende a été relayé partout. Il existe.

Et sur le plan politique ?

On verra sur la durée. Si la politique n’était que de la com’, ce serait à désespérer. Il faut concrétiser, dépasser les effets d’annonce. Et on en est loin. Un musée d’art contemporain le long du canal ? Certes, c’est un bon produit de promotion de Bruxelles mais encore faut-il savoir si le fédéral est d’accord et s’il en a les moyens. La réalité c’est qu’on est dans une période d’assainissement budgétaire. Le Fédéral doit encore trouver 4 milliards

La décision la plus marquante, c’est celle de l’implantation du stade sur le parking C. Une bonne option, pour le FDF ?

Le FDF a toujours estimé que l’option de Schaerbeek Formation n’était pas la bonne. Il ne restait donc que le Heysel et le parking C. Mais avec des inconvénients. Il faudra voir si la Flandre acceptera d’avoir une infrastructure fédérale sur son territoire. C’est une difficulté intra-flamande et non bruxelloise. Et je constate que la Flandre n’est pas prête pour résoudre ce problème avant les élections.

Vous pensez donc comme M. De Wolf (MR) qu’il aurait fallu un accord de coopération avant de l’annoncer.

Bien sûr. Toute décision délicate en Belgique doit être balisée au préalable si elle veut avoir une chance de survie. Parce que nous ne sommes plus dans un fédéralisme de coopération. Dès le moment où l’on donne aux entités fédérées un pouvoir équivalent au fédéral, on est dans le confédéralisme, au mieux, de compétition, au pire, de combat. On a vu tout de suite une réaction flamande avec Kris Peeters qui lie le dossier du stade avec le projet commercial Uplace. Le risque, c’est de devoir avaler beaucoup de couleuvres. Je pense notamment à l’élargissement du ring que la Région bruxelloise combat.

Le ring pourrait être une monnaie d’échange pour le stade ?

La Flandre nous y a habitués. Avec elle, tout se vend. Le gouvernement bruxellois s’est mis en position d’être à la merci de ses exigences, à défaut d’avoir balisé la décision du stade. Ce qui me fait dire que c’était avant tout une façon d’exister.

Pour vous il est impossible de construire ce stade avant 2020 ?

Je n’ai pas dit cela. Mais il ne faut pas traîner, trouver un plan financier et un accord avec les partenaires publics et privés avant la fin de l’été. Mais dans le cas contraire

Faut-il une piste d’athlétisme pour ce stade ?

On ne peut pas d’un côté prôner le rayonnement international de Bruxelles et de l’autre, empêcher le seul événement sportif qui a une résonance internationale. Le problème du mémorial Van Damme devra être résolu.

Sur un plan politique, le FDF pourrait-il envisager former une majorité en 2014 avec le MR où les tensions sont palpables ?

Ça dépendra des rapports de force. C’est de la langue de bois mais c’est vrai. Les tensions internes ne m’étonnent pas. Je les ai vécues en interne. Dans certaines réunions, il valait mieux porter un gilet pare-balles. On était entre les deux camps et les balles sifflaient. La bagarre des egos est hélas dans les gènes du MR. Mais il ne lui sera pas possible de tenir l’ambiguïté. Soit c’est Reynders soit c’est De Wolf. Il faudra choisir. C’est le conseil que je donnerais à Charles Michel. Le citoyen a besoin de la clarté.

Vous avez vu M. Reynders en tête à tête ? Vous a-t-il confirmé ses ambitions pour la ministre-Présidence ?

Pas seulement à moi, aux médias aussi.

Retrouvez l'entretien complet dans votre PDF


Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...