Marie-Martine Schyns: "Classer les écoles secondaires n'est pas recommandable"
La ministre de l'Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles réagit à une proposition du recteur de la KUL Rik Torfs, qui souhaiterait publier les taux de réussite dans l'enseignement supérieur selon les établissements secondaires afin de renforcer "la dualité entre les écoles".
Publié le 12-08-2013 à 16h45 - Mis à jour le 19-08-2013 à 07h42
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La proposition du recteur de la KUL, Rik Torfs, de publier les taux de réussite dans l'enseignement supérieur selon les écoles secondaires renforcerait "la dualité entre les écoles", réagit lundi le cabinet de la ministre de l'Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Marie-Martine Schyns. Réaction que partagent en partie les recteurs de l'UCL et de l'Ulg. Dans un entretien au quotidien De Standaard, le recteur de la KUL plaide lundi pour rendre public les taux de réussite des étudiants dans l'enseignement supérieur en fonction des écoles secondaire fréquentées. Selon lui, "les résultats affligeants" notés durant les premières années du supérieur sont liés en partie à la qualité de l'enseignement secondaire. "Il existe de grandes différences entre les écoles, mais on n'ose pas les mesurer".
Le cabinet de Marie-Martine Schyns souligne que la législation interdit de "pratiquer la concurrence entre les établissements scolaires sur base des résultats", et que la proposition de Rik Torfs serait une "manière détournée de contourner" cela. "Établir un classement" entre les différentes écoles n'est donc "pas recommandable".
"Il ne faut cependant pas se voiler la face", ajoute Éric Étienne, porte-parole de la ministre, reconnaissant que les initiatives pour améliorer la transition entre le secondaire et le supérieur peuvent encore être "renforcées". "Mais plutôt que de pointer du doigt les enseignants, il faut jeter davantage de ponts, établir plus de dialogue entre ces deux mondes" de l'enseignement. "Rejeter la faute sur un autre est rarement intéressant. La société évolue et cela se répercute notamment sur l'enseignement, miroir de cette société, et il faut en tenir compte."
Ainsi, mieux qu'un classement, ce sont les outils qui sont essentiels pour améliorer le niveau des élèves. "On développe d'ailleurs de plus en plus les évaluations extérieures", qui permettent aux enseignants, seuls face à une classe au quotidien, de se repérer, de s'évaluer par rapport à un ensemble.
Bernard Rentier, recteur de l'Ulg, n'est pas "pour un hit-parade des établissements secondaires". Il rejoint la position de la ministre, déclarant que comparer une école à une autre, "ne ferait que dualiser les établisements de l'enseignement secondaire. C'est une vision simpliste du problème". Le Conseil Interuniversitaire de la Communauté française (CIUF), dont il est président, "s'est d'ailleurs toujours refusé à diffuser des corrélations entre les résultats obtenus dans le supérieur et les établissements secondaires". Pour ce recteur, la lutte contre l'échec ne doit pas passer par cette "stigmatisation", mais il faut davantage de concertation et d'opportunités "de débattre" entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur. Autre point, l'enseignement supérieur non universitaire doit aussi être revalorisé, car "c'est une chance que d'avoir une double option".
Pour Bruno Delvaux, recteur de l'UCL, "d'autres facteurs que l'établissement secondaire d'origine" influencent les taux de réussite et d'échec dans le supérieur, comme le facteur socio-économique ou familial. Ainsi "la famille peut influencer le choix des études d'un étudiant", ou "un jeune a parfois du mal à trouver sa vocation". "Tout cela est extrêmement complexe", précise Bruno Delvaux, pour qui "il faut éviter la stigmatisation". De plus, rendre public l'établissement d'origine d'un étudiant, cela touche aussi "à la confidentialité de son CV". "Plutôt que de cibler l'enseignement secondaire, il faut réfléchir à l'ensemble du système éducatif", conclut-il.