Petite enfance: le plan Cigogne 3 ne sera "pas suffisant"

Benoît Parmentier, le patron de l’ONE, n’est pas sûr que les besoins en places d’accueil seront satisfaits dans les années à venir.

Entretien>Stéphanie Bocart
Petite enfance: le plan Cigogne 3 ne sera "pas suffisant"
©BELGA

Ce samedi, l’Administration subrégionale (Bruxelles) de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) ouvre ses portes aux familles(plus d’infos ici). Au menu? Des animations pédagogiques et ludiques, gratuites. Cette animation s’inscrit dans le cadre de deux journées d’études, organisées jeudi et vendredi, sur le thème "Naissance et enfance : agir ensemble à Bruxelles".

L’occasion pour "La Libre" de revenir avec l’administrateur général de l’ONE Benoît Parmentier sur les enjeux liés à la Petite enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et, plus particulièrement, à Bruxelles.

Qu’en est-il aujourd’hui de la capacité d’accueil des 0-3 ans?Selon le dernier bilan que nous avons dressé au 31 décembre 2012, il y avait à l’ONE, en termes de places autorisées et agréées, 9 309 places à Bruxelles. En FWB, il y en a 39 974. A Bruxelles, il y a aussi Kind en Gezin, qui représente 7 700 places. Au total, les deux institutions offrent plus de 16 000 places disponibles à Bruxelles. 
Est-ce suffisant pour couvrir la demande actuelle?Evidemment, non. C’est pourquoi, depuis la dernière programmation du plan Cigogne, il était important d’avoir un nouveau plan. Juste avant les grandes vacances, le ministre de l’Enfance (NdlR : Jean-Marc Nollet, Ecolo) a annoncé un nouveau plan Cigogne 3, à l’échelle globale de 16 000 places à l’horizon 2022. Nous savons déjà que, grosso modo, un tiers de ces places seront destinées à Bruxelles.
Cette nouvelle offre de places permettra-t-elle de répondre à la demande?Notre message premier à l’ONE est que tout enfant a droit à une place d’accueil. On devrait donc tendre vers les 100 % de taux de couverture, mais, à l’évidence, ce n’est pas le cas. De fait, certains parents souhaitent garder leur enfant à la maison; il y a aussi d’autres formes d’accueil de l’enfant, ne fut-ce que dans la solidarité familiale avec les grands-parents et autres. Et donc, considérer qu’il faille un taux de couverture de 100 %, même si c’est un idéal absolu, ce n’est pas concevable. Mais dire, pour autant, qu’avec l’effort supplémentaire qui sera fait avec le plan Cigogne 3, nous couvrirons l’ensemble des besoins, je n’en suis pas sûr.
Vous pensez-là aux effets du boom démographique?Oui. Même si les dernières projections 2013 du Bureau du plan indiquent une légère courbe rentrante dans les années 2020-2022, il n’en reste pas moins qu’il y a encore une augmentation prévue. D’autre part, la pénurie de places dans le maternel fait que les parents maintiennent leur enfant plus longtemps en milieu d’accueil. Ce double mouvement va donc maintenir une pression importante par rapport à la demande de places d’accueil.
A-t-on une cartographie précise des besoins?Dans le cadre du nouveau contrat de gestion de l’ONE, nous allons essayer de mesurer, non plus l’offre de places d’accueil, mais bien aussi la demande. Nous allons essayer de comprendre là où il y a des listes d’attente, quel type de population et pourquoi, afin de déterminer le nombre de places d’accueil qu’il faut absolument. Il ne faut pas atteindre 100 % de couverture, mais un taux raisonnable.
C’est-à-dire?A Bruxelles, aujourd’hui, rien qu’avec les places ONE, le taux de couverture est de 22,9 %. Et, en tenant compte des places Kind en Gezin, il est de 37,5 %. Je n’ose pas dire qu’on attend un taux de couverture de 45, 50 ou 60 % car on ne dispose d’aucun outil d’évaluation. L’idée est donc de développer, en entente avec Kind en Gezin, un outil qui permettrait de mieux accompagner les parents en attente d’une place d’accueil et d’évaluer les besoins réels. Ceci étant, nous savons qu’à la naissance de leur enfant - c’est une moyenne pour l’ensemble de la FWB -, 12 % des parents qui cherchaient une place n’en ont pas trouvée. Une proportion qui passe à 7 % lorsque l’enfant a un an.
Que savez-vous du profil des parents qui placent leur enfant en milieu d’accueil?Les milieux d’accueil sont majoritairement fréquentés par une population à revenus moyens. Or, c’est l’une de nos préoccupations, si l’accueil de l’enfant est un droit de l’enfant, il faut rendre plus accessibles nos milieux d’accueil à une population en précarité. Pour autant, ces parents n’ont peut-être pas besoin en soi d’une place d’accueil parce qu’ils sont chômeurs ou restent à la maison, mais, pour l’enfant, c’est un lieu de socialisation. Or, à travers une socialisation de l’enfant dès le plus jeune âge, on prévient l’échec à l’école maternelle, primaire, secondaire.

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