La Belgique, un pays "fracturé" pour la presse internationale
Au lendemain du scrutin de dimanche, plusieurs journaux étrangers évoquent une Belgique "divisée", voire "fracturée", et se demandent si la formation du gouvernement sera aussi longue qu'en 2010.
Publié le 26-05-2014 à 10h46 - Mis à jour le 26-05-2014 à 12h07
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La presse internationale accorde peu de place lundi matin aux élections fédérales en Belgique et privilégie les résultats du scrutin européen en France, en Allemagne ou encore en Grèce. Plusieurs journaux évoquent une Belgique "divisée", voire "fracturée", et se demandent si la formation du gouvernement sera aussi longue qu'en 2010. La presse internationale revient par ailleurs largement sur l'attaque contre le Musée juif de Bruxelles, survenue samedi. Selon le Figaro, les élections du 25 mai en Belgique ont confirmé "la fracture du pays". Le quotidien français se demande notamment si le pays réussira encore à "concilier ses contraires" pour former un nouveau gouvernement et constate qu'il sera "difficile de contourner Bart De Wever et ses alliés, en position de force en Flandre avant de s'imposer à Bruxelles." D'après le journal, la N-VA a changé de tactique en mettant un bémol à sa partition indépendantiste, "qui inquiète l'électeur", tout en se reportant "avec succès" sur le clivage idéologique.
Les Echos s'attendent également à de nouvelles semaines agitées après la "victoire nette des nationalistes flamands". Le quotidien français, qui s'interroge sur la possibilité de former un gouvernement sans les nationalistes, écrit que Bart de Wever a gagné son pari en franchissant la barre des 30% alors que son parti milite "pour faire du gouvernement fédéral une coquille vide". Au sud du pays, le journal constate une baisse du score du PS qui reste cependant "la première force de Wallonie malgré la poussée de l'extrême gauche." La N-VA est donc en position de force pour les négociations, ajoutent Les Echos, et "tous les Belges espèrent qu'elles dureront moins que les précédentes".
"Un pays en deux camps", titre de son côté le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le journal allemand évoque lui aussi les 541 jours nécessaires pour former un gouvernement après le dernier scrutin fédéral mais précise que les partis ont annoncé lors de la campagne leur volonté de ne pas répéter cette "phase d'incertitude politique" et économique. "Mais lorsque les résultats de dimanche sont sortis des bureaux de vote, il est devenu clair que la formation du prochain gouvernement ne se ferait pas sans heurts", ajoute le journal allemand.
Het Algemeen Dagblad écrit que la Belgique est menacée par "un nouveau record du monde" pour la formation du prochain gouvernement. Le journal néerlandais souligne la victoire de la N-VA mais constate que "presque aucun parti n'est prêt à collaborer avec le parti qui se bat pour une Flandre indépendante".
D'autres quotidiens reviennent abondamment sur l'attaque du Musée juif de Bruxelles survenue samedi et pointent l'absence de mesures de sécurité particulières devant le bâtiment. Selon le Corriere della Sera, les victimes ont été "les cibles d'un plan homicide qui semble toujours plus prémédité, et toujours mieux organisé." Le quotidien italien ajoute que "la communauté juive traverse ces heures dans l'angoisse" et évoque l'absence de policiers, à quelque heures des élections européennes, "dans des lieux qui sont traditionnellement un point de rencontre pour les Juifs de Bruxelles mais également pour des milliers de touristes". La Repubblica mentionne également "l'absence de mesures de sécurité" dans le musée. "La Belgique est encore sous le choc", ajoute le quotidien italien.
Le Figaro indique que cet attentat est "troublant" dans le double contexte de "la montée d'un islam intégriste et militant" et d'un "antisémitisme ravivé dans les mouvances populistes et d'extrême-droite". Le quotidien rappelle par ailleurs l'inquiétude des autorités au sujet du départ et du retour des ressortissants belges en Syrie mais également de l'organisation du Congrès à Bruxelles auquel étaient invitées plusieurs personnalités controversées.
Selon Libération, la Belgique est "médusée et l'attaque fait craindre le réveil d'un antisémitisme latent" bien que la tuerie n'ait toujours pas été revendiquée. Le journal écrit que la Belgique constitue "un vivier" du terrorisme même si le pays a été épargné après plusieurs attentats antisémites dans les années 80. Selon le directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, cité par le journal, la Belgique est "une base logistique d'où les réseaux préparent des opérations en profitant que la pression de la lutte antiterroriste est beaucoup moins forte qu'en France".
Le quotidien espagnol El Pais rappelle également que cette attaque constitue "un des attentats les plus sanglants commis contre la communauté juive en Belgique depuis la Seconde Guerre mondiale".