La garde impériale de Di Rupo
Ils sont quatre dans la galaxie "dirupienne". Le Premier ne prend pas de décision importante sans solliciter leur avis. Découvrez ces deux femmes et deux hommes de l'ombre.
Publié le 20-08-2014 à 17h27 - Mis à jour le 20-08-2014 à 21h47
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Ils sont quatre dans la galaxie "dirupienne". Le Premier ne prend pas de décision importante sans solliciter leur avis.Par qui le président du PS est-il entouré, protégé, conseillé ? Qui constitue la garde impériale du boulevard de l’Empereur ? Quatre hommes et femmes de l’ombre émergent dans la galaxie "dirupienne". Le Premier ministre en affaires courantes les écoute, sollicite leur avis. Mais, ensuite, il teste toujours chez d’autres les pistes qu’on lui propose avant de trancher seul.
1. Anne Poutrain : le pilier socialiste. Elle est de toutes les négociations sensibles pour le PS. Anne Poutrain, c’est l’éminence grise qui surplombe toutes les autres. Cette femme de dossiers (surnom : "Madame Fiches"…) vient de quitter la direction de l’Institut Emile Vandervelde (IEV), le cœur de l’appareil de parti du PS, pour accompagner Paul Magnette à la Région wallonne. Elle est devenue chef de cabinet du nouveau ministre-Président wallon. Un atout précieux pour Magnette mais aussi la garantie pour Elio Di Rupo d’être informé en temps réel de tous les dossiers régionaux importants. Sa plus grande qualité professionnelle, c’est l’anticipation. Elle veille à toujours donner au PS un coup d’avance sur ses adversaires. La force d’Anne Poutrain, que l’on classe parmi les femmes les plus influentes du Royaume, tient aussi dans la carrière qu’elle mène indépendamment des successions à la présidence du parti. Par exemple, elle a fait le lien, elle a assuré la continuité durant les allers et retours d’Elio Di Rupo au boulevard de l’Empereur. Anne Poutrain, qui a commencé sa carrière sous le règne de Spitaels, a aussi de fortes convictions wallonnes. Elle a dirigé les cabinets de Jean-Claude Van Cauwenberghe, Michel Daerden, Rudy Demotte… Veillant à préserver sa vie privée, elle n’a jamais sauté le pas vers un mandat électif, elle serait pourtant ministrable. Bref, au-delà même d’Elio Di Rupo, Anne Poutrain est un pilier du PS qui symbolise aussi le poids de l’IEV en son sein.
2. Hervé Parmentier : le futur casseur de "suédoise". C’est le chef de cabinet d’Elio Di Rupo au 16, rue de la Loi. Si la coalition "suédoise" voit bien le jour, il suivra son patron au parti, comme directeur de l’IEV en remplacement d’Anne Poutrain. Ce n’est pas un néophyte au PS, il travaillait pour Laurette Onkelinx avant de passer chez l’actuel Premier. Mais Elio Di Rupo a appris à le connaître surtout durant les deux ans et demi du gouvernement Papillon. Très discret, il fait désormais partie des gens qui comptent auprès du président du PS. Comme secrétaire du gouvernement fédéral, il a su rapprocher suffisamment les six partis de la majorité sortante sur des textes acceptables par tous malgré les fossés idéologiques. C’est un faiseur d’accords, il a une grande capacité de négociation. A la tête de la machine de guerre du PS, l’Institut Emile Vandervelde donc, Hervé Parmentier aura un rôle central : alimenter le parti en notes sans concession sur la future politique fédérale "de droite"… Au sein du cabinet du Premier ministre, Hervé Parmentier a pu compter sur l’appui de jeunes pousses prometteuses, comme Jérémie Tojerow, le "plombier institutionnel" du parti et étoile montante parmi les super-collaborateurs socialistes. Ce dernier est également apprécié d’Elio Di Rupo pour son sens de la stratégie politique.
3. Ermeline Gosselin : le bon sens. L’ancienne porte-parole du parti reste très présente au PS même si elle est éloignée géographiquement de la présidence. Elle est devenue, en effet, chef de cabinet du bourgmestre de Mons, c’est-à-dire Elio Di Rupo… Depuis 2007, elle l’accompagne tantôt dans la lumière tantôt davantage dans l’ombre. Elio Di Rupo lui demande un avis plus personnel sur des questions politiques, sur une attitude à prendre. Elle a l’oreille d’Elio, c’est clair, elle est appréciée. Elle est revenue brièvement au parti durant la dernière campagne électorale après une ou deux prises de position de Paul Magnette qui avaient créé la polémique (les repas gratuits dans les écoles, la "taxation" des loyers…). Mais juste après le scrutin, elle est repartie pour la Ville de Mons où elle s’épanouit comme chef de cabinet. Pleine de bon sens, de bon conseil, très réaliste, elle réfléchit toujours en termes de communication mais sans délaisser la stratégie du parti. Elle sait renoncer à un coup de com’ pour donner la priorité à l’image à long terme du PS et d’Elio Di Rupo.
4. Guillaume de Walque : la voix posée. Généralement, on sous-estime le rôle des directeurs de communication… Erreur ! Guillaume de Walque, sans jamais se défaire d’une exquise courtoisie, supervise la communication d’Elio Di Rupo avec un calme à toute épreuve. Comme beaucoup de talents socialistes, il a été formé à l’IEV où il suivait des dossiers de fond. Et puis, il s’est frotté aux médias et est devenu le porte-parole du Premier ministre. Le tact et la tête froide de Guillaume de Walque ont revêtu pour Elio Di Rupo une importance capitale durant son passage au 16 : vu le contexte politique belge, un Premier ministre francophone et socialiste n’avait pas droit à la moindre boulette médiatique. L’incroyable popularité d’Elio Di Rupo, c’est grâce à son équipe de communication que cela a été possible : quand le vrai patron du PS arrive sur un plateau, à une interview, à une émission, à un événement, sa communication est à l’avance déminée, cadenassée et orientée dans un sens positif. Fort de ce bilan, Guillaume de Walque va suivre le Premier ministre au boulevard de l’Empereur comme porte-parole du parti.