Layla, brûlée à mort lors d’un exorcisme

Elle avait 18 ans et vivait avec ses parents à Anvers. Le 10 octobre 2010, ceux-ci préviennent les secours. Layla, expliquent-ils, est morte après avoir pris une douche trop chaude. Mais les médecins sont sceptiques face à ces brûlures sur les pieds, les genoux et la poitrine.

Jacques Laruelle
Layla, brûlée à mort lors d’un exorcisme
©BELGA

Elle avait 18 ans et vivait avec ses parents à Anvers. Le 10 octobre 2010, ceux-ci préviennent les secours. Layla, expliquent-ils, est morte après avoir pris une douche trop chaude. Mais les médecins sont sceptiques face à ces brûlures sur les pieds, les genoux et la poitrine.

Petit à petit, les parents s’ouvrent : Layla n’allait pas bien, elle faisait des cauchemars, elle maigrissait à vue d’œil, elle leur aurait dit être possédée par le diable. Si bien que, sur conseil de voisins, ils avaient fait appel à un exorciste, Othman G., connu dans la communauté marocaine d’Anvers.

Il faut savoir que l’islam marocain comporte un versant plus sombre avec la "Roqya", des rites de désenvoûtement qui mêlent magie, sorcellerie et islam. L’exorciste a d’abord nié être intervenu, avant de reconnaître qu’il l’avait traitée, mais avec la seule lecture de versets du Coran. Selon lui, elle aurait été possédée par neuf démons. Il serait intervenu trois jours de suite. Les parents ont dit qu’il s’est retiré dans la salle de bains avec leur fille le dernier jour. Elle aurait dû se coucher en pyjama dans la baignoire afin qu’il l’asperge d’eau bouillante.

Les trois prévenus nient toute implication dans la mort de Layla. Leur procès aurait dû s’ouvrir jeudi à Anvers. Il a été reporté.

Layla aurait indiqué à des amies qu’elle était lesbienne et que ses parents voulaient la guérir. Une association de défense de gays et lesbiennes, s’est constituée partie civile. La circonstance aggravante de violences en raison de l’orientation sexuelle n’a toutefois pas été retenue.

L’enquête a duré cinq ans. Un collège de psychiatres a été désigné pour déterminer l’état de Layla. C’est là une procédure exceptionnelle pour une victime décédée. Ils penchent pour une légère schizophrénie.

Une demi-sœur de Layla s’est portée partie civile contre les parents et l’exorciste. Elle voulait que les faits soient qualifiés de tortures et non de coups et blessures ayant entraîné la mort. Ce qui aurait impliqué un procès d’assises.

En 2012, à Bruxelles, la cour d’assises a jugé six personnes pour le désenvoûtement mortel de Lafifa, 23 ans, morte de quasi-noyade, de coups multiples et de manœuvres d’étranglement pour "chasser les djinns en elle". Les peines s’étalaient entre 3 et 9 ans de prison, pour tortures.

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