Les économies à la Défense plus sévères qu'indiqué dans l'accord gouvernemental

Les économies que le gouvernement Michel 1er imposera à la Défense - 1,5 milliard d'euros en cinq ans, dont plus de 200 millions dès l'an prochain - seront nettement plus sévères que ne le laissait entendre l'accord gouvernemental négocié au début du mois.

Belga
Les économies à la Défense plus sévères qu'indiqué dans l'accord gouvernemental
©Christophe Bortels

Les économies que le gouvernement Michel 1er imposera à la Défense - 1,5 milliard d'euros en cinq ans, dont plus de 200 millions dès l'an prochain - seront nettement plus sévères que ne le laissait entendre l'accord gouvernemental négocié au début du mois en évoquant la fin "dès maintenant" des réductions de budgets militaires en Europe, a reconnu mercredi l'entourage du nouveau ministre, Steven Vandeput (N-VA), confirmant des informations de presse.

En cinq ans, la durée de la législature, et en tenant compte de l'inflation, le budget de la Défense devrait reculer de 2,527 milliards d'euros (le montant prévu en 2014) à 2,2 milliards en 2019, indique ainsi le journal 'Het Belang van Limburg', citant M. Vandeput.

Ce dernier a bel et bien mentionné le chiffre de 1,5 milliard d'économies sur cinq ans imposées à son département lors du débat, jeudi dernier, sur la déclaration gouvernementale à la Chambre, évoquant une contribution "très lourde" à l'assainissement budgétaire et annonçant une réduction du nombre d'opérations militaires à l'étranger - pourtant qualifiées de "tâche principale de l'armée".

Selon le quotidien 'Le Soir', la notification budgétaire du 15 octobre suggérait une coupe totale de 397,6 millions d'euros, dont 219,8 millions en 2015, puis de 42 à 46 millions d'euros pour les années suivantes, avec un effet cumulatif.

Ce qui a provoqué "une grosse déception en interne", a reconnu mercredi un haut responsable de la Défense interrogé mercredi par l'agence BELGA.

La Belgique, qui ne consacrait en 2013 que 0,66% de son PIB à la Défense - hors pensions des militaires - devrait tomber à 0,5% en fin de législature, selon 'Le Soir' - alors que l'Otan préconise toujours 2% comme objectif à atteindre d'ici dix ans, ce que seuls quelques alliés respectent actuellement.

Un spécialiste n'a toutefois pas exclu un possible "virage" en fonction de l'évolution de la situation économique, alors que l'équipe Michel 1er a fait le constat que "le budget de la Défense a très largement contribué au processus d'assainissement de nos finances publiques ces dernières années" et annonce son intention de préparer un "important volet d'investissements" pour le matériel des composantes terrestre, aérienne et navale de l'armé.

Ces nouvelles économies imposées à la Défense apparaissent en effet en contradiction avec l'accord gouvernemental, qui stipule que "le gouvernement donnera à l'armée les moyens de s'acquitter correctement de ses tâches". Le texte ajoute que "le gouvernement œuvrera à la conclusion d'un accord au niveau de l'Otan et européen, sur la base d'un partage équitable des charges et des risques ("burden and risk sharing") par lequel les pays participants s'engagent à ne plus réduire leurs budgets de défense dès maintenant.

Les dirigeants des 28 pays de l'Otan s'étaient, lors du dernier sommet atlantique, début septembre au Pays de Galles, engagés à augmenter leurs dépenses militaires à 2% du PIB d'ici dix ans, répondant à une demande des Etats-Unis, alors que Washington finance les trois-quarts du budget de l'Alliance atlantique. .

La composante médicale au bout du rouleau

La composante médicale de l'armée est au bout du rouleau peut-on encore lire mercredi dans le journal Le Soir. La survie de certaines opérations est compromise. "Nous sommes devenus tellement faibles dans certains domaines qu'on risque d'arriver à la fermeture ou à l'arrêt de certaines activités par pur manque de personnel technique", constate le médecin général-major Geert Laire, patron de la composante. "Pour certaines spécialités médicales, on est au bout du rouleau. Si vous n'avez plus qu'une personne et que cette personne tombe malade, vous avez un gros problème". Des solutions existent: il faudrait mettre en place un nouveau statut pour le personnel technique (médecins, pharmaciens, dentistes, etc.) qui rendrait l'armée plus attractive.

Il manque, par ailleurs, jusqu'à 50% de certains véhicules à la composante terre et la composante marine n'a plus assez d'hommes pour déployer les deux frégates qu'il lui reste.


Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...