Ce que l’on sait désormais du dossier Wesphael
On connaissait la version de Bernard Wesphael, qui a toujours nié avoir tué Véronique Pirotton. Mais, par la suite, des précisions ont été apportées à l'enquête. Etat des lieux.
Publié le 23-10-2014 à 19h32 - Mis à jour le 23-10-2014 à 19h36
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On connaissait la version de Bernard Wesphael, qui a toujours nié avoir tué Véronique Pirotton. Pour lui, sa femme était suicidaire en raison d’abus sexuels commis dans son adolescence. Son passage à l’acte a été provoqué par un coup de fil de son ex-compagnon avec qui elle avait renoué. L’asphyxie a été provoquée par le sac en plastique qu’elle avait sur le visage et favorisée par la prise d’alcool et de médicaments. Il dormait à ce moment. RTL-TVI et "Le Soir" ont vu les P.-V. Et ils ont apporté des précisions sur le déroulement de l’enquête :
1 Bernard Wesphael fâché. On le sait : l’ex-député wallon a prévenu la réception de l’hôtel, en descendant à pied les six étages. Le personnel, vu son attitude, a cru à une blague d’Halloween. Le réceptionniste a dit aux enquêteurs que Bernard Wesphael était très calme. Cet homme s’est étonné que le député n’ait pas téléphoné. Invité à suivre les policiers au commissariat, Bernard Wesphael se fâche.
2 Un incroyable désordre. Dans la chambre où s’est noué le drame, on a trouvé des vêtements épars, des traces de sang sous la couette, les boucles d’oreille de Véronique Pirotton au sol, un parapluie cassé, des traces de coups dans les meubles, une partie du contenu d’une bouteille de vin est répandue sur la moquette.
3 Bernard Wesphael s’insurge. La juge d’instruction n’a pas été convaincue par les explications de l’ex-députée. Elle s’interrogeait notamment sur le fait qu’il affirmait être venu pour un week-end romantique mais qu’il n’avait pas de vêtements de rechange, ce qui indiquerait plutôt qu’il est venu à l’improviste. Elle l’a placé sous mandat d’arrêt à 14 h : Bernard Wesphael lui dit que vivre sans elle le rend fou et que le fils de celle-ci le considérera comme coupable. "Je ne vais pas prendre la fuite. Je suis parlementaire et je me tiens à la disposition de la justice 24 heures sur 24", dit-il.
4 Des cris poussés par Véronique Pirotton. Le soir du drame, le couple est rentré dans la chambre 602 à 21h45. Une famille anglaise est rentrée à la 601 vers 22h30. Le couple a entendu du bruit provenant de la 602. Les cris d’une femme. Ceux d’un homme aussi qui répète à plusieurs reprises les mêmes mots dont ils ne se souviennent pas. Ils pensent que leurs voisins s’adonnent à des relations sexuelles violentes. La chambre 502 était occupée par une famille flamande. La mère a entendu des cris vers 22 heures. "Mais ce n’étaient pas des cris de plaisir. C’était dégoûtant. Je croyais que la femme était soumise à une relation sexuelle violente." Selon les P.-V., cités par "Le Soir", elle entend "comme un cri de loup". Et le bruit "d’objets qui tombent à terre". Son mari, à un moment, lui dit, après avoir entendu un grand bruit : "Quelqu’un vient de tomber du lit."
5 Bernard Wesphael désargenté. La situation financière de l’ancien député était très précaire. Depuis 2008, il faisait valoir auprès du fisc des difficultés pour obtenir un échelonnement de sa dette fiscale. En janvier 2012, il avait eu un gros problème financier, causé par sa générosité. Il s’était porté garant pour la veuve d’un ami décédé qui animait une ASBL. Mais celle-ci ne payait pas les loyers de l’ASBL tout en en empochant les revenus. Résultat, le propriétaire de l’immeuble avait exigé de lui, en tant que garant, 10 000 euros de loyers et 9 000 euros de dégradations. Auxquels il avait fallu ajouter 27 000 euros pour le remboursement d’un tracteur que cette femme avait revendu. Au total, il dut débourser 44 000 euros.
6 Une autopsie contestée. Pour les experts de la juge, l’intervention d’un tiers dans la mort a été indispensable. Ils excluent le suicide. Mercredi soir, sur RTL-TVI, le médecin légiste liégeois Boxho, qui a eu accès au dossier d’autopsie, exclut aussi le suicide. Il retient comme cause certaine l’asphyxie et l’intervention d’un tiers. Selon les experts de la défense, l’explication la plus probable du décès serait une potentialisation d’alcool et de médicaments. Ils disent que l’asphyxie pourrait être d’origine "positionnelle" et donc accidentelle ou même suicidaire. Mais ils n’écartent pas l’asphyxie d’origine criminelle. Ils constatent toutefois que deux éléments de l’asphyxie positionnelle font défaut : vomissements et absorption de ceux-ci par les voies respiratoires.