La Ligue des Droits de l'Homme craint les "effets contreproductifs" des mesures du gouvernement

Concernant le retrait temporaire de la carte d'identité, le refus de délivrance de passeport et le gel des avoirs nationaux, la LDH estime que ces mesures doivent être impérativement précédées d'un contrôle par un juge indépendant et impartial ainsi que suivies d'un contrôle a posteriori, "afin d'éviter toute prise de décision arbitraire".

Belga
La Ligue des Droits de l'Homme craint les "effets contreproductifs" des mesures du gouvernement
©Photo news

La Ligue des droits de l'homme (LDH) a indiqué lundi dans un communiqué craindre les "effets contreproductifs et dommages collatéraux" des mesures prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité des citoyens à la suite des récents attentats de Paris et le démantèlement d'une cellule terroriste active en Belgique. La Ligue pointe notamment la possibilité de retirer la nationalité. "Elle risque en effet de créer deux catégories distinctes de citoyens belges: ceux dont la nationalité ne pourra jamais être retirée et ceux qui risquent à tout moment de pouvoir la perdre", menaçant le "vivre-ensemble" et créant "une inégalité de traitement des citoyens sur base de leurs origines".

Concernant le retrait temporaire de la carte d'identité, le refus de délivrance de passeport et le gel des avoirs nationaux, la LDH estime que ces mesures doivent être impérativement précédées d'un contrôle par un juge indépendant et impartial ainsi que suivies d'un contrôle a posteriori, "afin d'éviter toute prise de décision arbitraire".

L'association émet par ailleurs des réserves quant à l'utilité de l'élargissement des échanges d'informations entre les autorités compétentes, s'inquiétant notamment du respect du principe du secret de l'instruction et de la vie privée. "L'opération anti-terroriste de la semaine dernière tend à montrer que la problématique de l'information des services répressifs n'est pas la vraie question, puisque les personnes visées par cette opération étaient connues et surveillées."

La LDH pointe également la nécessité de lutter contre le radicalisme dans les prisons, qui "ne peut faire l'économie d'une réflexion plus vaste sur le rôle et le fonctionnement de l'univers carcéral".

Enfin, l'association désapprouve l'appel aux militaires pour des missions spécifiques de surveillance. "L'armée n'est pas à sa place dans les rues de nos villes car ce n'est tout simplement pas le rôle qui lui est assigné en démocratie. En effet, celle-ci est chargée d'intervenir dans un cadre de guerre, en terrain hostile. Les forces militaires, au contraire des forces de police, ne sont pas formées pour assurer l'ordre et la tranquillité publique et défendre la démocratie et les droits fondamentaux."

La Ligue conclut en appelant le gouvernement à se pencher "sur des questions bien plus épineuses qui touchent à l'éducation, à l'emploi, aux discriminations et à la politique internationale" plutôt que de prendre des mesures à court-terme "qui ne règleront en rien la problématique du terrorisme et du radicalisme".

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...