Le MR pour une IPPJ spéciale pour les radicaux

Vincent De Wolf propose un plan global pour la Région bruxelloise.

Mathieu Colleyn
Le MR pour une IPPJ spéciale pour les radicaux
©Johanna de Tessières

La radicalisation religieuse de certains jeunes Belges ne cesse de mobiliser la réflexion politique. A Bruxelles, le gouvernement régional a annoncé un plan de prévention (ci-contre) destiné à lutter contre un phénomène plus présent dans la capitale qu’ailleurs. L’opposition MR juge ces mesures un peu "light" par rapport aux enjeux. Et son chef de file, Vincent De Wolf, d’y aller de ses propositions concrètes. "Les recruteurs salafistes trouvent, chez nous, un terreau propice de jeunes en crise d’identité, en sentiment d’inutilité sociale, en décrochage social, scolaire, etc.", constate-t-il lui aussi.

Le libéral estime que la Région bruxelloise court après les événements. Et en veut pour preuve la réponse que lui a livrée le ministre-Président bruxellois en novembre dernier, soit quelques semaines avant les événements tragiques de Paris et Verviers. "L’intention de partir, pour un mineur, est-elle déjà en soi constitutive de quelque chose d’inquiétant ? La réponse est non", avait dit Rudi Vervoort (PS) au Parlement. Vincent De Wolf pointe encore le million d’euros annoncé pour financer la politique régionale en la matière. "C’est peu sur un budget de quatre milliards", dit-il. Mais que propose le MR ?

1Dans un axe préventif, de créer une cellule "R" (comme radicalisation) au sein de l’organisme encore à créer pour accueillir les nouvelles compétences de la Région en matière de sécurité et de prévention. Cette cellule de 20 à 40 personnes doit assumer un rôle de coordination centralisée, estime le MR. "Vers les communes, poursuit Vincent De Wolf. Ainsi que vers le fédéral". Elle œuvrerait au renforcement de l’expertise du phénomène de radicalisation, financerait les pouvoirs locaux, coordonnerait l’échange d’informations, l’information du public et imaginerait des outils régionaux de lutte contre le radicalisme. Cette cellule spécialisée travaillerait en étroite collaboration avec les zones de police, notamment pour y étendre les formations offertes aux policiers. Les communes seraient également associées, comme les écoles, la Région étant compétente en matière d’accrochage scolaire. "Nous proposons l’engagement de conseillers scolaires en radicalisation capables de déceler les éventuels signes de radicalisation chez les élèves." La cellule "R" mettrait également un numéro vert à disposition. Dans une optique préventive, le MR entend encourager l’émergence d’un islam belge par la mise en place d’un Forum des imams de Bruxelles : "Les pouvoirs publics peuvent être le catalyseur de cette initiative qui pourrait favoriser le développement d’un contre-discours à opposer aux recruteurs et à lutter contre le repli sur soi".

2Dans une optique de déradicalisation, le MR propose une série de mesures destinées aux individus "légitimant le recours à la violence au nom de la religion mais qui n’ont pas commis d’actes répréhensibles et qui n’ont pas rejoint ou tenté de rejoindre une zone de conflit". Les libéraux prônent des programmes intensifs de minimum six mois à l’instar de ce qui est fait dans d’autres pays. Objectif : "faire abandonner à un individu ses vues radicales, lui redonner confiance en la société et lui faire rejeter les moyens non démocratiques". Ce type de programmes faits de mentorats, de tables de conversation, de soutien social et psychologique, bénéficie à l’étranger (Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark) de subsides européens.

3Enfin, le MR réclame la création d’une nouvelle IPPJ (Institution publique de protection de la jeunesse) spécialisée dans la déradicalisation pour accueillir les mineurs "actifs dans des groupements salafistes". Ce centre doit être situé en Région bruxelloise, plaide le MR. "Il est absurde d’envoyer ces jeunes à Saint-Hubert", déclare Vincent De Wolf pour qui ce type de public ne doit pas se retrouver dans la filière existante d’IPPJ.

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