Quand Namur sert de (mauvais) exemple à la Wallonie
Malgré le non des Namurois, la Ville devrait quand même construire un centre commercial. Éclairage.
- Publié le 16-02-2015 à 19h58
- Mis à jour le 16-02-2015 à 20h48
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Malgré le non des Namurois, la Ville devrait quand même construire un centre commercial. Éclairage de Stéphane Tassin.Il y a neuf jours, la Ville de Namur organisait une consultation populaire lors de laquelle trois questions étaient posées aux Namurois. Si les deux premières concernaient le développement d’un centre commercial au centre-ville, la troisième visait le maintien du parc Léopold, défendu corps et âme par un collectif de riverains qui auront, au fil des années, bataillé ferme avec la majorité en place pour la sauvegarde et pour l’organisation de cette consultation populaire.
C’est tardivement que la Ville de Namur prendra conscience de l’ampleur du problème. Elle reprendra la main en organisant elle-même cette consultation qu’elle finira par perdre dimanche dernier. Les Namurois qui se sont déplacés (20 %) ont répondu trois fois non. Le centre commercial qui devait donc prendre la place de la vieille et laide gare des bus ne devrait donc pas voir le jour. Minute, papillon ! Le bourgmestre empêché de Namur, Maxime Prévot (CDH) n’a pas baissé les bras. Il considère que la consultation (non contraignante) ne ferme pas la porte définitivement à l’installation d’un centre commercial au centre-ville. Il a saisi une balle au bond émanant du collectif qui fut son adversaire pendant plus de trois ans mais qui n’excluait pas la construction d’un centre commercial plus petit.
Deux opposants sur seize
Pour contenter tout le monde et mener son projet à bien, le bourgmestre (toujours empêché) a mis sur pied une commission chargée de réfléchir au développement commercial du centre-ville de la capitale wallonne. Une commission au sein de laquelle siègent seize personnes dont deux seulement défendent le "non" qui l’a pourtant emporté lors de la consultation populaire : "Nous souhaitons donc qu’elle soit repensée afin d’être plus équilibrée", expliquait Marcel Guillaume, porte-parole du collectif. Un collectif qui souhaite encore que "quelle que soit la décision qui interviendra in fine, ce n’est pas avant deux ans que les travaux pourront commencer. Il est également souhaitable que l’ancien office de tourisme, aujourd’hui à l’abandon, soit utilisé comme lieu culturel ou maison du terroir. Nous proposons pour notre part la mise à disposition gratuite de la Ville, les services d’ouvriers spécialisés dans la taille des hauts arbres pour opérer, selon les instructions de l’échevinat des Espaces verts, une intervention sur une partie de la végétation. Il nous paraît utile également que quelques jeux pour enfants y soient installés".
Bref, le combat n’est pas fini et les revendications sont toujours présentes. S’il est difficile pour l’heure de savoir si les revendications du collectif et le désir de la Ville seront rencontrés en parfaite complémentarité, à l’heure où le Parlement wallon projette de mettre sur pied le principe de la consultation populaire (non contraignante, rappelons-le) à l’échelle de la Région, la situation namuroise présente en effet un beau laboratoire de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Et cela, les parlementaires wallons en sont bien conscients. S’ils souhaitent donner aux citoyens la possibilité de se saisir de quelques grandes questions de société, comme ils le crient hauts et fort depuis deux mois, ils devront faire attention. La consultation populaire est une arme à double tranchant. Mettre plus de démocratie directe dans le quotidien des Wallons impliquera le respect de leurs choix. Au risque de briser définitivement le lien qui unit encore les citoyens et leurs représentants.