Le dossier Devillet ramène Mgr Léonard devant la justice

Débouté au civil à Arlon, Joël Devillet, abusé par un prêtre d’Aubange et qui reproche à l’archevêque d’être resté passif, a fait appel. Audience jeudi.

Jean-Claude Matgen
Monseigneur Leonard , archevêque de Malines-Bruxelles
Monseigneur Leonard , archevêque de Malines-Bruxelles ©Christophe Bortels

Monseigneur André-Joseph Léonard devrait être entendu, jeudi, par la cour d’appel de Liège, dans un dossier qui concerne Joël Devillet, du nom d’un habitant d’Aubange qui avait, voici plusieurs années, déposé plainte contre l’abbé Hubermont. Il accusait le prêtre de l’avoir violé entre 1987 (il avait alors 14 ans et était enfant de choeur à Aubange) et 1991.

L’abbé Hubermont avait été renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Arlon mais les faits avaient été jugés prescrits. A l’audience, M. Devillet et son conseil, Me Kauten avaient mis l’attitude de l’archevêque en cause. "Monseigneur Léonard n’était pas évêque lors des faits mais il l’était quand Joël Devillet les a dénoncés. En plus, ils n’étaient pas prescrits à ce moment-là", avait scandé Me Kauten. "Je lui reproche surtout son attitude après les faits", avait insisté Joël Devillet. Il estime que si Mgr Léonard n’avait pas "noyé le poisson", il aurait pu se reconstruire grâce à la procédure pénale. Quoi qu’il en soit, M. Devillet et son conseil avaient saisi le tribunal civil d’Arlon et obtenu réparation du dommage causé par l’abbé Hubermont. Celui-ci avait été condamné à verser 65 000 euros à sa victime.

Pas de double indemnisation

En parallèle, ils avaient lancé une procédure contre Mgr Léonard devant le tribunal civil de Namur. Joël Devillet avait demandé 25.000 euros de dommages et intérêts à Mgr Léonard. Le tribunal namurois considéra, en novembre 2013, que Joël Devillet ne pouvait pas être doublement indemnisé puisqu’il l’avait déjà été par l’auteur direct des faits. Aucune faute n’avait été constatée dans le chef du prélat. C’est contre ce jugement qu’appel a été interjeté et c’est à Liège que l’affaire est plaidée. D’où la comparution attendue de Mgr Léonard jeudi.

Pour rappel, une première procédure à son égard avait eu lieu en 2009, devant le tribunal civil d’Arlon. À l’époque, Joël Devillet, alors défendu par Me Pierre Chomé, reprochait à l’évêque une certaine passivité s’agissant des sanctions prises à l’égard du prêtre incriminé. Selon lui, Mgr Léonard n’aurait pas fait le nécessaire pour l’aider, notamment en ne remboursant pas une partie de sa thérapie. La victime réclamait aussi un dédommagement à la suite de son exclusion du séminaire de Namur et de ses trois années de formation perdues. Le tribunal avait "blanchi" Mgr Léonard.

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