Une maman infanticide devant les assises de Namur
Il gelait à pierre fendre en ce mois d’hiver. La surprise fut donc totale lorsque, en cette après-midi du 10 février 2012, un couple d’Arbre, voit rentrer son rottweiler avec dans la gueule un bien curieux paquet emballé dans un essuie-mains éponge.
Publié le 22-03-2015 à 19h19 - Mis à jour le 23-03-2015 à 11h55
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Il gelait à pierre fendre en ce mois d’hiver. La surprise fut donc totale lorsque, en cette après-midi du 10 février 2012, un couple d’Arbre, voit rentrer son rottweiler avec dans la gueule un bien curieux paquet emballé dans un essuie-mains éponge. L’homme et la femme découvrent que leur chien a rapporté le cadavre congelé d’un nouveau-né, partiellement démembré, couvert de morsures post mortem.
La police est prévenue. Un médecin examine le corps et conclut que le bébé est né vivant et viable, mort entre 2 et 10 jours plus tôt. L’enquête s’avère difficile. Des témoins disent bien avoir vu la veille le chien, qui avec un sac bleu dans la gueule, qui avec une masse inerte ou une sorte de poupée en chiffon. Seul indice, quatre jours plus tard, un sac bleu, maculé de sang, est bien découvert dans une poubelle publique.
Les médecins sont interrogés : aucun ne signale de grossesse problématique. Le village est en émoi.
L’enquête s’enlise. Un mois plus tard, la propriétaire du rottweiler contacte la police. Elle dit que son mari est contrarié et soupçonne une voisine. Auditionné, il raconte que, le jour de la mort présumée du bébé, cette voisine est venue à deux reprises chez lui, pour un entretien de tondeuse. Il précise qu’il "ne la sent pas", d’autant que cette femme prénommée Valérie est venue à pied par ces températures glaciales et qu’un tel entretien est pour le moins inhabituel en février.
Un mystérieux drap éponge
La police va voir cette femme qui explique que le rottweiler s’aventure parfois chez elle et retourne ses poubelles. Cette femme âgée de 43 ans, qui vit avec ses trois enfants et un nouveau compagnon, confirme l’épisode de la tondeuse.
Dix jours plus tard, un policier constate que les essuie-mains du commissariat correspondent au modèle de celui qui emmitouflait le bébé.
Une rapide enquête montre que c’était l’ex-compagne du compagnon de Valérie qui les entretenait. Les policiers retournent au domicile de Valérie. Ils y découvrent un sac avec des effets pour nouveau-né dont le compagnon n’avait pas connaissance.
Le lendemain, après une explication avec son compagnon, Valérie se rend à la police. Elle s’accuse de la mort du bébé. Elle explique que dans la nuit du 7 au 8 février, elle s’est réveillée vers 1 heure avec de violentes douleurs abdominales. Elle réalise que ce sont des contractions et accouche sans difficulté dans la salle de bains. Elle raconte qu’elle a serré très fort contre elle le bébé, qui en est mort.
Elle dit qu’elle a nourri l’intention de l’enterrer plus tard après le dégel. Elle a donc emballé le cadavre dans un sac et l’a placé dans sa poubelle à l’extérieur de l’habitation. Elle mènera normalement ses activités pendant la journée. Le soir, elle a vérifié le sac.
Le lendemain, précise-t-elle, elle a vu que la poubelle était renversée et que le sac avait disparu. Elle a soupçonné le rottweiler des voisins et explique que c’était bien le sens de sa visite chez lui pour la tondeuse.
Elle raconte aux policiers qu’elle n’a jamais eu le sentiment d’être enceinte. Elle explique qu’elle craignait que la naissance du bébé soit un frein à la relation qu’elle avait avec son compagnon qui n’avait jamais formulé d’écho positif quand elle parlait de son souhait d’avoir un enfant ensemble. Elle confirme qu’elle a tué son bébé. Elle est placée sous mandat d’arrêt.
Son compagnon, comme d’autres proches, explique qu’il n’avait rien remarqué, qu’il ne se préoccupait pas de contraception et que l’idée d’avoir un enfant était bien inconcevable pour lui. Le sentiment de paternité lui viendra toutefois et il donnera le prénom de Nicolas au bébé.
Trois naissances dissimulées
Valérie révèle alors que neuf ans plus tôt, après son divorce avec l’homme avec qui elle avait eu trois enfants, elle avait accouché à Mons d’une fille qu’elle avait fait immédiatement adopter.
Près de trois mois plus tard, une proche explique que Valérie a abandonné un bébé en France en 2009 et peut-être même un autre aux Pays-Bas…
Réinterrogée, elle reconnaît avoir bien accouché sous X à Charleville-Mézières en 2009. Face à l’insistance des enquêteurs, qui l’interrogent sur des zones d’ombre en 2006 et 2007, elle les interrompt d’un "J’arrête de vous mentir et je décide de vous dire toute la vérité". Elle explique alors qu’elle a aussi accouché sous X à Maubeuge en 2006 d’un petit Sacha.
Face à la juge qui souligne qu’elle a menti à de multiples reprises et à tout le monde, elle avoue à demi-mot que le mensonge est un mode de fonctionnement chez elle.
Ce que constateront aussi les experts psychiatres qui l’examineront. Ils relèveront que certains auteurs voient dans les accouchements sous X une forme de déni de grossesse qui serait de nature à amener ces femmes à en garder un souvenir occulté.
Cette question du déni de grossesse sera au centre de son procès qui s’ouvre ce lundi devant les assises de Namur.