Le gouvernement wallon trouve 220 millions
La guerre des chiffres est-elle terminée ? Confronté à un ajustement budgétaire plus important que prévu (70 millions d’euros), le gouvernement wallon s’est en tout cas finalement accordé sur un montant de 220 millions d’euros.
Publié le 28-04-2015 à 19h41 - Mis à jour le 29-04-2015 à 11h36
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La guerre des chiffres est-elle terminée ? Confronté à un ajustement budgétaire plus important que prévu (70 millions d’euros), le gouvernement wallon s’est en tout cas finalement accordé sur un montant de 220 millions d’euros. "Nous avons pris nos responsabilités et réalisé un exercice sérieux" , insiste Maxime Prévot, vice-président du gouvernement wallon (CDH). "Les efforts ne frappent pas les gens", ajoute le ministre-président, Paul Magnette (PS). Voici en détail les mesures décidées par l’exécutif sudiste.
1. Les corrections techniques : 90 millions d’euros. Le gouvernement trouve des moyens en confrontant les chiffres annoncés lors de la présentation du budget (octobre 2014) et la réalité des moyens réellement engagés. Il récupère par exemple certaines avances et tient compte d’un nouveau taux de croissance (1, 2 %). "Le même qu’au fédéral", précise Christophe Lacroix, ministre wallon du Budget (PS). Les corrections techniques comprennent inévitablement une part spéculative.
2. Les exigences européennes : 53 millions d’euros. On a souvent parlé des normes SEC via lesquelles l’Union européenne donne ses exigences en matières de confection de budget pour les Etats membres. Ce sont les normes SEC qui ont fait grimper, l’année dernière, le montant total de la dette wallonne. Dans le cas de cet ajustement budgétaire, il semble que le respect des objectifs SEC permet à la région wallonne de récupérer 13 millions d’euros. Le gouvernement table aussi sur les infrastructures du futur péage kilométrique (40 millions d’euros).
3. Les nouvelles recettes : 39 millions d’euros. D’une part, certaines entreprises publiques wallonnes (Sonaca, FN, Techspace Aero et Sofibail) apportent des dividendes importants (28 millions d’euros), d’autre part via la vente de chablis (pas le vin, le bois) ou encore l’augmentation des taux appliqués sur le traitement des déchets, la Région peut compter sur des recettes nouvelles pour un montant de 39 millions d’euros.
4. Les économies : 40 millions d’euros. Lors de la présentation du budget, en octobre 2015, le gouvernement annonçait le report d’un certain nombre d’investissements. Il fera de même cette fois-ci avec un lissage des investissements de 10 millions d’euros. Il trouvera encore 30 millions en réduisant les frais d’avocats, les acquisitions de terrain par la SWL (Société wallonne du logement) et un certain nombre de subventions.
Soit un montant total de 222 millions d’euros desquels il faut retrancher 15,7 millions. Une somme qui correspond à des dépenses nouvelles apparues en Wallonie depuis le début de l’année 2015. Des dépenses auxquelles le gouvernement ne peut en aucun cas se soustraire. Il concerne les points APE, la SRWT (bus wallons) et certains transferts de compétences concernant l’Awiph (personnes handicapées) ou le Forem (emploi et formation), par exemple. L’effort total porte dès lors sur un montant de 206 millions d’euros.
Un comité de concertation houleux… ou pas
Finalement, il n’aura pas lieu ! Enfin, pas tout de suite en tout cas. Le gouvernement wallon n’a pas prévu de reporter le retour à l’équilibre budgétaire toujours annoncé pour l’année 2018. La Région enregistre en effet un déficit de 684 millions d’euros qui devrait être comblé d’ici là. Mais rien n’est exclu pour le moment.
En effet, l’annonce faite par le fédéral d’un manque à gagner de 250 millions d’euros pour la Wallonie à la suite d’une baisse des recettes IPP (impôt des personnes physiques), qui a fait couler beaucoup d’encre et divisé experts wallons et fédéraux, a généré une querelle qui n’est pas encore vidée. Le contentieux porte désormais sur un montant de 140 millions d’euros. Lorsque les choses seront clarifiées autour de cette somme, la Wallonie avisera. Un report du retour à l’équilibre pourrait alors être envisagé. Mais on n’attend rien avant juin, juillet, août voire… septembre 2015.
Car, manifestement, selon le gouvernement wallon, le fédéral serait revenu à de meilleurs sentiments à l’égard de la contestation wallonne. "Le fédéral a décidé de remettre ses experts en contact avec les nôtres. Le ministre des Finances a même reconnu que notre manière de calculer était la bonne", précise le ministre Lacroix. "Pour nous, cette reconnaissance est une victoire", ajoute Paul Magnette.
Un comité de concertation apaisé ?
Tout est bien qui finit bien ? Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Ils sont devenus copains comme cochons ? Trêve de sagesse populaire à deux sous. Mercredi, les ministres des différentes entités fédérées et du gouvernement fédéral vont se retrouver au sein du comité de concertation. La précédente tenue de ce comité, avant la trêve de printemps, était pour le moins tendue, avec son cortège de petites phrases assassines et de sourires crispés.
A les entendre, les débats du jour devraient être constructifs comme cela doit se passer dans un fédéralisme mature. Pourtant, lorsqu’on demande à Paul Magnette et Maxime Prévot quels sont les changements intervenus depuis la dernière rencontre et qui devraient amener un climat plus positif, on reste sur sa faim… "Les vacances de Pâques sont passées par là", explique Magnette. "Le temps, le soleil…" ajoute Prévot. Rien n’est gagné.
Un pas l’un vers l’autre
Il n’empêche, en tenant compte de manière plus importante que prévu des chiffres annoncés par le fédéral, lors de cet ajustement, le gouvernement wallon fait un pas dans la direction du dialogue. Et, en acceptant de rediscuter de ces mêmes chiffres et en admettant que les calculs wallons ne sont pas des foutaises, le gouvernement fédéral a fait une partie du chemin inverse. De là à dire que les uns et les autres auront oublié dès aujourd’hui les vieilles rancœurs nées au lendemain du scrutin du 25 mai 2014, il y a un pas que l’on n’oserait pas franchir…
Un trou de 65 millions pour la Fédération Wallonie-Bruxelles
Jusqu’à l’os. A l’instar de la Région wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a dû procéder à des ajustements budgétaires. "Nous avons pris nos responsabilités et l’effort de 140 millions demandé est complètement atteint. On est allé jusqu’à l’os. Au-delà, on aurait touché à nos fonctions vitales", a annoncé Rudy Demotte, le ministre-Président PS de la FWB. Le gouvernement n’a pris aucune mesure d’économie dans les secteurs de la culture, de l’enfance, du sport, du personnel de la fonction publique, de l’école et des professeurs. Cela dit, une tuile de 10,5 millions d’euros est tombée sur la tête du gouvernement. Elle concerne un litige perdu datant de 1978 avec un entrepreneur, ayant trait à des bâtiments scolaires à Liège. Cette somme sera provisionnée. Il faut encore souligner que "malgré tous [ses] efforts", la Fédération accuse un déficit non autorisé de 65,8 millions.