Coup de filet dans le milieu djihadiste tchétchène: 5 mandats d'arrêt décernés dont 3 par défaut

Ces instructions visent deux groupes qui avaient des liens entre eux, d'où la décision des autorités judiciaires d'exécuter simultanément les mandats de perquisition.

Belga
Coup de filet dans le milieu djihadiste tchétchène: 5 mandats d'arrêt décernés dont 3 par défaut
©Photo News

Deux personnes ont été placées sous mandat d'arrêt à la suite des 21 perquisitions menées lundi en Belgique dans le milieu djihadiste tchétchène, indique le parquet fédéral dans un communiqué. D'autres mandats d'arrêt seront décernés à charge de trois suspects qui n'ont pas pu être interpellés au cours de ces perquisitions. Les services de police avaient interpellé au total 16 personnes dans le cadre de deux enquêtes. Au total, quatorze personnes ont donc été libérées après audition. Les mandats d'arrêt ont été délivrés par un juge d'instruction de Flandre occidentale, spécialisé en matière de terrorisme. Le juge d'instruction d'Anvers (division de Malines), également spécialisé en terrorisme, chargé d'instruire la seconde enquête, n'a lui décerné aucun mandat d'arrêt. Quatre personnes avaient été interpellées dans le cadre de l'instruction menée par ce dernier, portant sur l'implication possible d'un groupe de Tchétchènes de la région de Louvain dans la préparation d'un attentat en Belgique.

"Les différentes perquisitions n'ont pas donné jusqu'à présent d'éléments susceptibles de confirmer les indices initiaux de la préparation d'un attentat en Belgique", explique le parquet fédéral.

Dix mandats de perquisition avaient été exécutés à Ostende, cinq à Louvain, deux à Bredene, deux à Anvers, un à Jabbeke, et un dernier à Namur. Ces perquisitions découlaient de deux instructions judiciaires visant deux groupes qui avaient des liens entre eux.

Une première instruction a été ouverte le 23 janvier 2015 et concerne l'implication possible d'un groupe de Tchétchènes de la région de Louvain dans la préparation d'un attentat en Belgique. Les éléments récoltés au cours des perquisitions n'ont toutefois pas pu confirmer les indices de préparation d'attentat. Quatre suspects identifiés par les enquêteurs font partie de la communauté tchétchène et résident dans les alentours de Louvain. Les autorités judiciaires se sont intéressées à un cinquième suspect tchétchène, résidant à Namur. Un Belge habitant également la région de Louvain et qui s'est probablement joint au djihad en Syrie ou en Irak, est également cité comme suspect dans ce dossier. Les enquêteurs ont collaboré étroitement avec les autorités américaines afin de pouvoir contrôler la communication de suspects via l'application Whatsapp, d'après le parquet fédéral.

Une autre instruction judiciaire a été ouverte le 18 février 2015 à la suite du retour en Belgique d'un Ostendais ayant participé au djihad en Syrie et qui était blessé. Cette enquête porte sur le milieu du djihadisme tchétchène. Elle a révélé que des personnes en Belgique ont été encouragées par des individus à participer à des combats. Douze personnes avaient été interpellées lundi dans le cadre de ce dossier mais seules deux d'entre elles ont été placées sous mandat d'arrêt.

Plusieurs personnes citées dans le dossier auraient été actives en Syrie, notamment dans les alentours d'Alep et auraient probablement participé aux combats. Les personnes citées dans ce dossier sont domiciliées principalement à la Côte belge, à Ostende et Bredene.

Parmi ces individus ayant encouragé des Belges à combattre, figurent des Tchétchènes "qui ont eu une formation et ont acquis de l'expérience entre autres en Syrie, en Tchétchénie et en Afghanistan", selon le parquet fédéral. "Leur implication était orientée vers les groupes terroristes Jabhat al Nusra et l'Émirat du Caucase", précise la même source.

Charles Michel: "Les autorités déterminées à combattre sans relâche le terrorisme"

Le Premier ministre Charles Michel a salué "le travail acharné des services de police et de justice" à la suite de la vingtaine de perquisitions menées lundi en Belgique. Ceux-ci "ont, une fois encore, démontré la pleine mobilisation et l'entière détermination des autorités à combattre sans relâche le terrorisme", a-t-il ajouté, rappelant les douze mesures en matière de lutte contre le terrorisme et le radicalisme annoncées par le gouvernement au lendemain de l'action anti-terroriste à Verviers. Le Premier ministre ajoute que lors du dernier contrôle budgétaire de mars 2015, le gouvernement a mobilisé une enveloppe complémentaire de 200 millions d'euros pour renforcer la sécurité du pays.

"Nous ne laisserons jamais la moindre place dans notre démocratie pour toutes ces personnes qui représentent une véritable menace pour nos concitoyens", a conclu Charles Michel.

Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon estime que "les investissements s'avèrent une fois de plus absolument nécessaires". "La lutte contre l'extrémisme violent est et reste l'une de nos priorités absolues. C'est pourquoi nous prévoyons des effectifs et des moyens supplémentaires pour les services de police qui mènent un travail de prévention de la radicalisation et du terrorisme, comme les Unités spéciales", a-t-il déclaré.

Le ministre de la Justice Koen Geens a quant à lui souligné "l'intense et excellente" collaboration dont ont fait preuve lundi la police et la justice. Il entend "mettre l'accent sur la législation qui autorise les services judiciaires à appréhender ce type de criminalité sévère à l'aide de méthodes particulières de recherche".


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