Comment occuper les ados après les examens?
Les examens sont finis, mais il reste une semaine scolaire à occuper. Des dizaines d’associations, avalisées par le ministère, proposent des activités aux jeunes. Avec des succès de participation divers.
Publié le 22-06-2015 à 19h11 - Mis à jour le 23-06-2015 à 07h48
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Les examens dans le secondaire sont finis et les cours sont suspendus pendant que les conseils de classe délibèrent. C’est la période dite des "jours blancs" et, cette année, même des "jours verts", puisque des activités nature sont proposées aux élèves libérés de l’école pendant toute cette semaine.
Durant les "jours blancs", les écoles sont-elles tenues d’occuper les élèves ? Non, l’école doit rester ouverte pour accueillir ceux qui se présenteraient à 8h30, mais nulle obligation d’organiser des activités pédagogiques, ludiques, sportives ou citoyennes.
Les élèves autorisés à rester chez eux
L’État fédéral est compétent pour l’obligation scolaire et il en fixe les modalités. C’est donc lui qui a décidé que les écoles doivent rester ouvertes pendant 182 jours. Ça, c’est pour la théorie. Les établissements ne peuvent cependant pas assurer la continuité de l’enseignement durant toute l’année. Les enseignants sont par exemple tenus de se former durant six demi-journées (les fameuses journées pédagogiques) par an. Ils sont également tenus de délibérer avec leurs collègues le sort de chacun de leurs élèves à l’issue des examens. Pour remplir leurs obligations et n’ayant pas le don d’ubiquité, ils sont bien obligés de délaisser leur classe. Et leurs élèves qui, souvent, sont autorisés à rester chez eux. Pour les parents d’un enfant inscrit dans le secondaire - les délibérations sont rares en primaire -, cela s’apparente parfois à un casse-tête.
Les écoles ne peuvent cependant pas faire n’importe quoi. Les "jours blancs" ont été limités par un décret, en 2008, qui stipule que les examens ne peuvent pas se terminer avant le 9e jour ouvrable précédant la fin de l’année scolaire. "Et, a minima, un accueil doit être organisé", insiste Didier Leturcq, secrétaire général adjoint de l’Enseignement en Communauté française.
Dans une école du réseau libre à Namur, on avoue ne rien faire du tout pour encadrer les élèves pendant les "jours blancs". "Tous nos enseignants et nos éducateurs participent aux conseils de classe. Il n’y a donc personne pour s’occuper des élèves. De toute façon, ils ne viennent pas. Seuls ceux qui sont en remédiation ou qui ont une retenue se présentent à l’école. Ça marche bien comme ça, car ils sont assez grands pour rester chez eux", nous indique-t-on.
Activités et animations gratuites
Pour les écoles qui souhaitent occuper utilement leurs élèves, la ministre de l’Éducation a fait savoir, par une circulaire envoyée le 3 juin, que des associations proposaient une large panoplie d’activités et animations gratuites en Wallonie et à Bruxelles du 22 au 26 juin. Si certaines cartonnent, d’autres font un flop (lire ci-dessous). Et plusieurs associations se plaignent du peu de temps (trois semaines) qu’elles ont eu pour mettre sur pied ces activités et pour les écoles d’inscrire les élèves.
Zéro inscrit
Flop. Au Crie (Centre régional d’initiation à l’environnement) du Fourneau Saint-Michel, on accueille toute l’année des jeunes pour des activités nature. Le Centre avait préparé une activité spéciale pour les ados pendant les jours blancs. "Il y a eu un couac : des écoles primaires se sont inscrites mais, selon la circulaire, seules les écoles secondaires sont concernées. Et aucune n’a sollicité d’inscriptions", explique Christel Malcourant, animatrice nature au Crie.
Deux écoles
Langues. À la branche liégeoise de YFU (Youth for understanding), "on n’a pas eu des masses d’inscriptions. Deux écoles de la région ont souscrit à nos animations", indique Rostand Tchuilieu, le directeur. La première s’est déroulée vendredi dernier et la seconde lundi. YFU, une association active dans l’immersion linguistique et culturelle, s’est rendue dans ces écoles pour y organiser une sorte de Trivial Pursuit en anglais, néerlandais et allemand et un module d’éducation à l’interculturalité. I.L.
Six élèves
Techniques. L’ASBL MMER (Maison de la Mehaigne et de l’environnement rural) propose ces mardi et mercredi une initiation à la pêche pour les élèves du secondaire inoccupés. "Nous avons reçu six inscriptions. Nous ne sommes pas mécontents ni pleinement satisfaits, nous espérions une dizaine d’élèves", explique la directrice Françoise Hogge. Les élèves s’initieront donc à la pêche en étang avec différents exposés sur les poissons et sur la technique.
Mille inscrits
Succès. Le projet "Délibère-toi !" existe depuis cinq ans. Sous sa coupole, les élèves des écoles du Brabant wallon peuvent par exemple passer un brevet de secouriste, faire des stages citoyens dans des homes ou des hôpitaux, se former à un métier en passant une journée en compagnie d’un professionnel. "Cette année, 1 046 jeunes de 13 des 35 écoles du Brabant wallon se sont inscrits à une ou plusieurs activités", signale Caroline Servais, la coordinatrice de "Délibère-toi !"
30 000 jeunes
En clubs. A l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles et via l’Adeps, le projet Commune olympique, qui existe depuis 2012, espère toucher 30 000 jeunes de 6 à 18 ans pendant les jours blancs. Cette année, plus de 400 écoles enverront des élèves dans près de 350 clubs sportifs pour y pratiquer du ou des sports gratuitement, que ce soit un grand cross interécoles ou bien s’initier à différentes disciplines sportives.
"Pourquoi ne pas faire de la remédiation ?"
Du temps "intelligent". Bernard Hubien, secrétaire général de l’Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique (Ufapec), demande "que les enfants soient occupés par du temps intelligent : une formation humaine mais pas scolaire qui participe à la formation du jeune en tant que futur citoyen". L’Ufapec estime donc que cet accueil " doit être organisé" et comprenant "soit des activités culturelles soit des remédiations".
Remédiation. Pour Joëlle Lacroix, secrétaire générale de la Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel (Fapeo), les "jours blancs" devraient servir à préparer les secondes sessions et à "prendre le temps d’examiner les épreuves pour apprendre de ses erreurs". Tout en soulignant "que cela doit être fait par les enseignants". "Pour nous, il est fondamental que le pédagogique revienne au pédagogue", et non aux parents.
Les associations de parents du libre et de l’officiel relatent les mêmes réactions de la part des parents qu’elles rencontrent. "Parmi les parents, surtout ceux des élèves les plus âgés, certains sont enclins à laisser leurs enfants se prendre en charge eux-mêmes", relate Joëlle Lacroix. Bernard Hubien abonde dans son sens : "Ce n’est pas une mauvaise chose de pouvoir se détendre avant le bulletin." Mais, pour d’autres parents, les enfants ne peuvent être livrés à eux-mêmes. Les associations soutiennent dès lors la proposition de la ministre Joëlle Milquet d’organiser des activités pédagogiques pendant les "jours blancs". Et répètent leur souhait de voir mises sur pied soit des activités pédagogiques organisées, soit des remédiations.