Le meurtre d'un médecin généraliste relance le débat sur les risques du métier

Il y a une dizaine de jours, un médecin flamand a été tué à l'aide d'un couteau lors d'une visite à domicile. Ce drame pose question quant à la sécurité des médecins généralistes. Nous avons interrogé le docteur Thierry Van Der Schueren, Secrétaire générale de la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG)

Lisa Michaux (St.)

Mardi dernier en début d'après-midi, le docteur Patrik Roelandt a été tué à l'aide d'un couteau lors d'une visite à domicile chez l'un de ces patients. Il n'y a, pour l'instant, pas d'éléments précis concernant ce qu'il s'est passé mais il semblerait que le médecin de 64 ans, originaire d'Izegem, ait été poignardé par Danny S., 55 ans, connu des services de police. Ce n'est que vers 17h30 que le corps sans vie du médecin aurait été retrouvé, après que sa femme se soit inquiétée de ne pas le voir rentrer. Ce drame survenu en Flandre soulève - une nouvelle fois - la question de la sécurité des généralistes. Ces actes de violences sont-ils réguliers? Les médecins sont-ils informés des marches à suivre en cas de problème? Cet incident a-t-il augmenté leur crainte d'une agression? Le docteur Thierry Van Der Schueren, secrétaire générale de la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), nous répond.

Comment gérer les actes de violences ?

Selon le docteur Van Der Schueren, les actes de violences sont assez fréquents chez les médecins mais se limitent souvent à des agressions verbales "Personnellement, en 22 ans de carrière, j'ai eu une fois affaire à de la violence physique alors que des agressions verbales arrivent régulièrement quand on refuse un certificat de complaisance ou quand on ne va pas dans le sens du patient".

Par le passé, des conseils avaient déjà été donnés aux médecins sur les différentes façons de réagir en cas de problèmes. "On leur a expliqué comment sécuriser leur cabinet, comment placer le mobilier pour pouvoir s'échapper ou être en position de sécurité", précise le docteur Van Der Schueren. Des suggestions ont aussi été données quant au comportement à adopter ou à la manière de répondre afin de calmer le patient. On peut notamment retrouver ce genre de conseils sur le site "Sécurisation pour médecin" qui explique ce qu'il faut faire afin d'éviter ou résoudre ces problèmes.

La crainte des gardes de nuit

Si l'incident n'a apparemment pas augmenté la crainte des médecins au sujet des agressions, l'affaire a quand même fait grand bruit. "Il ne me semble pas que le climat d'insécurité ait changé mais cela a créé beaucoup d'émois et certainement plus de vigilance", nous raconte-t-il. Les médecins généralistes travaillent en effet plus souvent avec des gens qu'ils connaissent bien et avec qui un climat de confiance règne. "La crainte est plus marquée pour les visites de nuits dans des quartiers qu'on ne connait pas, pour des gens qu'on ne connaît pas. Là il y a une crainte, mais elle était déjà présente avant", ajoute-t-il.

Les médecins de garde, qui doivent parfois se rendre en pleine nuit chez des patients, seraient donc les plus inquiets. Depuis quelques années, ce principe de "garde" a évolué pour permettre d'améliorer les systèmes de sécurité et de les centraliser. Les généralistes sont de plus en plus souvent regroupés dans un seul lieu sécurisé, appelé "poste médical de garde" (PMG). "Avant, la garde était faite de manière individuelle, chacun à tour de rôle. Maintenant c'est organisé sous forme de cercle, avec un poste médical de garde et un système mieux organisé. Il est plus facile de sécuriser un lieu que plusieurs", nous explique le secrétaire général de SSMG.

Il ajoute aussi que c'est pendant la garde de nuit que les médecins courrent le plus de risques puisqu'ils ont souvent affaire à des gens qu'ils ne connaissent pas, notamment des toxicomanes en manque et des personnes à la recherche de certaines substances. "La violence peut parfois être leur dernier recours pour avoir accès à ce dont ils ont besoin", conclut-il.


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