Kamikaze Riders : Samouraïs du bitume ou radicalisés ?
Ils sont, selon les sources, entre 30 et 50 membres et étaient jusqu’à mercredi connus des seuls amateurs d’acrobaties motocyclistes. Mais deux membres des Kamikaze Riders sont aujourd'hui sous mandat d’arrêt, soupçonnés d'avoir planifié des attentats à Bruxelles pour la fête du nouvel an.
- Publié le 31-12-2015 à 15h27
- Mis à jour le 31-12-2015 à 15h31
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Deux membres des Kamikaze Riders sont sous mandat d’arrêt, soupçonnés d'avoir planifié des attentats à Bruxelles pour la fête du nouvel an (voir ici).
Ils sont, selon les sources, entre 30 et 50 membres et étaient jusqu’à mercredi connus des seuls amateurs d’acrobaties motocyclistes. Réalisées sur le ring de Bruxelles ou sur les voies rapides de la capitale, postées sur les sites de partage de vidéos, leurs acrobaties n’étaient pas du goût des puristes de la moto qui ne jurent que par le terrain privé.
Mais si les Kamikaze Riders, club motocycliste basé initialement à Laeken, sont désormais connus de quasiment tous les Belges, c’est parce que les deux hommes arrêtés lundi pour menaces d’attentat dans le cœur historique de Bruxelles en faisaient partie.
Saïd Souati, considéré comme le dirigeant de la cellule terroriste, était même un des fondateurs du groupe de motards, qui n’est pas affilié aux gangs de motards que sont les Hell's Angels ou autres Bandidos.

Groupe né dans les années 90, les Kamikaze Riders étaient au départ des adeptes... de vélo acrobatique. L’âge venant, ils sont passés au quad et surtout à la moto : toujours des Kawasaki.
Le groupe, comme de nombreux clubs, s’est choisi un logo et ses membres arborent un tatouage "Kill" sur un des poignets.
Le groupe avait déjà fait l’objet d’une attention du parquet fédéral en 2012 et en 2013. Plusieurs membres de Sharia4Belgium, dont les frères Elouassaki, dont deux ont été condamnés à Anvers pour terrorisme, étaient des proches ou des membres du club.
Messages djihadistes
Mais les Kamikaze Riders n’ont pas été poursuivis. Me Abderrahim Lahlali, qui a défendu la famille Elouassaki, souligne que le profil de ces motards est varié : "Il y avait des Belges, des Italiens, des Turcs, des Marocains", expose-t-il.
Plusieurs des membres des Kamikaze Riders ont relayé des messages djihadistes sur leur compte Facebook. "L’enquête a montré que certains avaient des sympathies pour l’Etat islamique", concède l’avocat qui insiste sur le fait que cela ne fait pas des Kamikaze Riders un groupe terroriste.
Saïd Souati, qui serait le fondateur des Kamikaze Riders, avait un profil radical. Mais pas seulement. En 2009, il a été condamné à six ans de prison pour des attaques à main armée commises à Anderlecht. Le parquet fédéral le soupçonne d’être le recruteur de la cellule démantelée lundi.
Le profil Facebook du deuxième homme placé sous mandat d’arrêt, Mohamed Karay, 27 ans, montre aussi des sympathies radicales. Mais il n’a pas de passé judiciaire.
Surpris de leur arrestation
Ludovic Ansel, un membre de Kamikaze Riders, déplore que les médias salissent le nom de son club de moto. Selon lui, ce dernier n'est pas un gang ou un groupe terroriste mais une famille partageant la passion de la moto. Ses membres sont, affirme-t-il, "présents dans toute la Belgique" et "de toutes origines et confessions, pas spécifiquement de religion musulmane".
"C'est une famille qui aime se retrouver autour de sa passion commune, la moto. Cela me fait mal au coeur de voir le nom de ce club sali par les médias. Ce n'est pas parce que quelqu'un fait une bêtise, que les autres doivent en pâtir", a indiqué ce membre des Kamikaze Riders depuis 10 ans.
Il affirme en outre connaître Mohamed Karay et Saïd Souati depuis des années et être "surpris de leur arrestation". "Tous deux étaient certes à fond dans leur religion mais ils n'ont jamais eu de geste ou de parole extrémiste. Je n'ai jamais été témoin de propagande islamiste de leur part", a-t-il conclu.