Meurtre à Schaerbeek : La mère inculpée d’infanticide et incarcérée à Berkendael
Le meurtre de son enfant aurait-il pu être évité ? Enquête au parquet et à la police.
- Publié le 16-02-2016 à 08h36
- Mis à jour le 16-02-2016 à 09h06
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7O37OIDIDRATHOBAADAXEMCPTY.jpg)
Le meurtre de son enfant aurait-il pu être évité ? Enquête au parquet et à la police.
Inculpée d’infanticide, Mihrab Y., 33 ans, qui a avoué avoir étranglé et égorgé Ibrahim, son fils de 8 ans, dans la nuit de vendredi à samedi, à Schaerbeek, a été placée sous mandat d’arrêt et incarcérée, lundi, à la prison de Berkendael.
Dans un premier temps, avant même qu’elle n’avoue avoir tué son cadet, enfermé son corps dans une valise et caché celle-ci dans un espace vert de Schaerbeek, où les enquêteurs l’ont retrouvée dimanche midi, Mihrab Y. avait été mise en observation par la magistrate de garde. On se demandait donc quel sort la justice allait lui réserver.
La police l’avait interpellée après que les propriétaires de l’appartement qu’elle occupait avec ses deux enfants de 8 et 11 ans eurent constaté, samedi dans la journée, la disparition du plus jeune et donné l’alerte. Pour rappel, ces mêmes propriétaires avaient déjà prévenu la police vendredi soir de l’état de confusion dans laquelle se trouvait, selon eux, leur locataire. Des policiers s’étaient rendus sur place mais avaient trouvé Mihrab Y. très calme. Ils étaient repartis mais deux heures plus tard, victime d’une crise de décompensation, la mère de famille, croyant que le Diable s’était emparé de son fils cadet, l’avait tué. Lundi, elle se disait fière d’avoir tué "le fils de Satan" parlant du fruit d’un viol commis par les membres d’une secte.
Fragilité psychique
Mihrab Y. souffre de graves troubles mentaux depuis le départ pour la Syrie, voici deux ans, de son mari, David D., un Belgo-Congolais d’une cinquantaine d’années, converti à l’islam voici 20 ans. Selon son oncle, elle avait même dû être hospitalisée en milieu psychiatrique.
A la suite du drame, des proches de la mère meurtrière ont accusé la police et la justice de ne pas avoir réagi aux appels qu’ils auraient, à plusieurs reprises, lancés pour leur signaler la grande fragilité psychique de Mihrab.
Samedi, des proches ont vu celle-ci sortir de chez elle des valises à la main, accompagnée de son fils aîné. Ils ont cru qu’elle voulait partir en Syrie et ont averti la police, déjà alertée par le propriétaire.
Hier, alors que la famille envisageait de porter plainte contre la police, le parquet a indiqué qu’une enquête interne avait été décidée afin de déterminer si le drame aurait pu être évité. La police a entrepris la même démarche. "Les conclusions de ces enquêtes seront discutées avec la famille de la victime", a précisé le parquet.
Séquelles terribles
Le fils aîné, Mohammed, qui n’est pas impliqué dans les faits, a été confié à un juge de la jeunesse. Les séquelles psychologiques qu’il aura à endurer risquent d’être terribles. Par ailleurs, lundi, les services sociaux de l’école "Les platanes", que fréquentait Ibrahim, ont offert une aide psychologique à ses camarades.
Lundi toujours, le délégué général aux droits de l’enfant, Bernard Devos, rappelait que lorsqu’une situation familiale difficile présente un danger pour les enfants, le service d’aide à la jeunesse est saisi et un conseiller définit avec la famille un programme d’aide négociée. S’il se rend compte que le climat est trop lourd, il alerte le parquet, qui évalue la situation et saisit le cas échéant un juge de la jeunesse, à charge pour ce dernier d’imposer (ou non) des mesures contraignantes. Il arrive aussi qu’une situation de danger soit dénoncée à la police, qui saisira le service d’aide à la jeunesse ou le parquet.
Evaluation difficile
A Schaerbeek, Mihrab Y. était connue pour sa fragilité psychique mais ses enfants ne semblaient manquer de rien et ils étaient scolarisés normalement.
Bernard Devos ne se prononce pas sur le dossier mais s’interroge sur l’état exact des relations entre Mihrab Y. et sa famille et rappelle qu’il est extrêmement difficile de prévenir un épisode de décompensation psychotique. Bref, affirmer, en l’état actuel des choses, que la police a mal fait son travail semble prématuré.