"Des psychothérapeutes sans existence légale se sont engouffrés dans ce vide juridique"

Le projet de loi de la ministre De Block reconnaît le psychologue clinicien comme un professionnel de la santé indépendant et autonome. Vous devez être satisfait ?

Oui, absolument. Ce texte rencontre beaucoup de nos préoccupations. Il faut savoir que le psychologue était jusqu’ici en dehors des soins de santé et donc hors-la-loi alors qu’on pratiquait l’art de guérir. C’était toléré. Des psychothérapeutes sans existence légale se sont engouffrés dans ce vide juridique. N’importe qui pouvait prétendre à ce titre.

Il fallait mettre de l’ordre ?

Mais oui. En matière de formation, il y a tout et n’importe quoi dans ce domaine. Certaines sont très valides mais d’autres pas. On peut se former à la psychanalyse en dix week-ends sur une année ! Et il y a des thérapeutes de tout type : du souffle, du tantra… Il suffit de faire une recherche sur Internet : on tombe des nues . Le problème, c’est que la psychothérapie est devenue un refuge pour des personnes qui font leur crise de la quarantaine. Pour donner un sens à leur vie, ils décident de devenir psychothérapeutes. Dans les instituts de formation, on tourne autour de 2 à 3 000 euros par an par personne. C’est un très gros marché. C’est notamment pour ça que les psychothérapeutes sont très nerveux.

Il y a beaucoup de charlatans ?

Pour nous, ce qui est fondamental, c’est de professionnaliser la psychothérapie pour le bien des patients. L’offre actuelle est pléthorique et il est très difficile de s’y retrouver. Des psychothérapeutes prétendent faire de la thérapie par le souffle mais ils le font sans aucune base scientifique. J’ai eu l’écho de quelqu’un qui est allé se former en Thaïlande où il dit avoir reçu ses pouvoirs… Beaucoup de gens sont attirés par les psychothérapies alternatives parce qu’ils sont déçus de la médecine et recherchent un côté mystique. Comme la méditation de pleine conscience. Ce n’est pas très grave, ça ne mange pas de pain. Mais le problème, c’est qu’à beaucoup de gens qui ont des problèmes psychiques modérés et éprouvent un mal-être, on leur dit que ce n’est pas leur faute, qu’ils doivent se connecter à une conscience supérieure.