Sécurité: Zaventem favorisé, le métro oublié !
Tout pour Zaventem, rien pour le métro. C’est ainsi qu’on peut résumer le sentiment de plusieurs inspecteurs membres de la police des chemins de fer et du métro de Bruxelles. Voici leur énorme coup de gueule.
Publié le 16-09-2016 à 06h07 - Mis à jour le 16-09-2016 à 07h32
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KQOZVN2OE5EHVEEVWU6YXW3AJY.jpg)
Voici l’énorme coup de gueule lancé au sein de la police des chemins de fer.
Tout pour Zaventem, rien pour le métro. C’est ainsi qu’on peut résumer le sentiment de plusieurs inspecteurs membres de la police des chemins de fer et du métro de Bruxelles, expliquent nos confrères de la DH. L’équipe SPC, comme on la surnomme dans le jargon, vient en plus de perdre son patron. Direction... Brussels Airport pour le commissaire Jo Decuyper, désormais donc à la tête de la police aéronautique de Zaventem.
Six mois après les attentats qui ont frappé Bruxelles, un véritable malaise s’installe au sein de la police des chemins de fer. Là où on aurait pu s’attendre à un renforcement des effectifs, c’est tout l’inverse qui s’annonce. Alors qu’à l’aéroport de Zaventem, on annonce même l’arrivée prochaine d’une nouvelle unité de police, spécialement formée pour intervenir rapidement en cas de menaces terroristes.
D’un côté, on rajoute des policiers, de l’autre, on en supprime. Deux attentats, deux traitements différents."Deux attentats qui ont pourtant eu lieu le même jour et qui ont fait exactement le même nombre de morts. En janvier, on devrait pourtant se retrouver avec 600 policiers présents à l’aéroport, contre 250 dans le métro. Zaventem, c’est 20 millions de passagers par an. Le métro, c’est 1.300.000 usagers par jour", s’exclame un des policiers du SPC que nous avons rencontré.
À terme, les effectifs de la police des chemins de fer seraient même réduits à 185 unités. Selon nos infos, des services internes à cette équipe dépendant de la police fédérale, seraient même supprimés. Ainsi, la cellule radicalisme serait vouée à disparaître. De même pour la cellule immigration. L’équipe chargée de la lutte contre les pickpockets verrait ses effectifs se réduire de moitié ! Les équipes anti-agression et suivi des enquêtes fusionneraient, de sorte qu’on n’y retrouverait que huit policiers au lieu des 16 qui les composent actuellement.
"Si un attentat venait à se reproduire, nous ne serions plus capables de réagir", s’exclame un des policiers membres de cette unité. Des mots forts, qui choquent, mais qui témoignent aussi d’un véritable ras-le-bol."La Stib a bien réagi après les attentats, on ne peut pas leur reprocher grand-chose. Apprendre par contre qu’on va réduire nos effectifs, alors que le métro a été touché de la même manière que l’aéroport, ça, c’est trop", s’exclament nos sources.
Un sentiment d’injustice partagé également par certains membres du gouvernement bruxellois, nous souffle-t-on par ailleurs. En effet, certains politiques s’étonnent de voir qu’on investit dans la sécurité de l’aéroport de Zaventem, alors que rien n’est prévu pour le métro qui reste, pourtant, rappelle-t-on, une cible potentielle d’attentat, selon les dernières évaluations faites par l’Ocam, l’organe d’évaluation de la menace terroriste.

Jambon veut des agents de police à la Stib
Selon nos informations, une demande émanant du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), a été envoyée cet été au cabinet du ministre bruxellois de la Mobilité, Pascal Smet, visant à intégrer le personnel de sécurité de la Stib aux rangs de la police fédérale !
Au printemps dernier déjà, des discussions au sujet du personnel de sécurité de la SNCB avaient fuité dans la presse. Dans un courriel, il était question alors de la volonté de Jan Jambon d’intégrer les agents Sécurail à la future direction ‘Surveillance et Contrôle’ de la police fédérale. Un service dont le personnel, composé notamment d’agents de la sécurité des palais de justice, disposerait du statut d’agent de police. Mais du côté de la SNCB, on avait réagi très négativement à cette proposition.
Cette fois, ce sont donc les agents de sécurité de la Stib qui sont concernés. On apprend que des réunions ont eu lieu cet été à ce sujet, au sein du cabinet du ministre Jan Jambon. En son absence toutefois. Objectif : faire de ces agents de la Stib de futurs policiers. Un souhait qui, contrairement à ce qui s’est produit avec la SNCB, aurait émané cette fois, d’une volonté de la Stib.
Mais, toujours selon nos infos, Pascal Smet aurait déjà montré sa réticence face à ce projet.
Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’idée est mise au placard. Reste à voir si Jan Jambon parviendra à convaincre ses interlocuteurs de la nécessité de faire passer des agents de sécurité sous le statut de policiers.
"On joue à la chaise musicale"
L’aéroport de Zaventem est-il plus favorisé que le métro de Bruxelles, en termes de renforts policiers ? "La question est très pertinente. Mais en réalité, personne ne sera privilégié. C’est toute la police fédérale qui est à plat. Les renforts promis par le ministre de l’Intérieur à Zaventem n’arriveront pas puisque l’Inspecteur des Finances bloque tout" , s’exclame le président du SLFP, Vincent Gilles.
Alors pour combler les trous à gauche, à droite, on vide d’un côté, et on remplit de l’autre, assure encore Vincent Gilles. "On est là face à un véritable jeu de chaises musicales. Sauf qu’on utilise des adultes !"
En réalité, la police fédérale rappelle ses "détachés" dans l’urgence. "Ces détachés sont parfois depuis de longues années dans certains services. Lorsqu’il y avait des manques à l’époque, on les comblait par ces détachés. Et maintenant, on rappelle ces détachés pour combler les trous du plan Canal, etc. Résultat : les services où il manquait déjà à l’époque se vident par le départ de ces détachés", précise Vincent Gilles.