Bernard Wesphael acquitté: le doute l'a emporté

Les 12 jurés devaient répondre à la question: "Bernard Wesphael est-il coupable oui ou non d'avoir, volontairement et avec intention de donner la mort, commis un homicide sur la personne de Véronique Pirotton?". Ils ont tranché et ont livré leur verdict sur le coup de 16h35. Bernard Wesphael est libre.

Rédaction avec Belga

La cour d'assises du Hainaut a prononcé, jeudi, l'acquittement de Bernard Wesphael qui était accusé du meurtre de Véronique Pirotton. Le jury, réuni avec la cour en collège, a estimé qu'un doute raisonnable existait et qu'il devait bénéficier à l'accusé, malgré la présence d'éléments troublants. Sur le banc des parties civiles, Nadine Pirotton n'a pas pu retenir ses larmes alors que l'accusé a chaleureusement embrassé ses avocats. A la seule question de culpabilité, le jury a répondu "non" malgré la présence d'éléments troublants : la position du corps de la victime, l'existence et l'emplacement du sac en plastique, la présence de nombreux hématomes et de lésions sur le corps de la victime, les bruits entendus par de nombreux voisins et l'attitude de Bernard Wesphael tout de suite après les faits.

Pour le jury, l'enquête et les éléments développés lors des débats ne permettent pas d'établir la culpabilité de Bernard Wesphael. Le jury relève l'absence de vérification aboutie de certains indices, "le caractère incomplet des éléments présentés par l'accusation qui ne permettent pas de valider la thèse de l'étouffement par la présence traces de fibres et de traces biologiques retrouvées à différents endroits". Le jury relève aussi que le coussin vert resté sur le lit présente aussi des traces de salive de la victime.

Le jury estime que l'effet des médicaments absorbés et les manipulations de réanimation peuvent expliquer les traces relevées lors de l'autopsie.

Enfin, le jury retient que tous les experts et les conseillers techniques sont unanimes quant au fait de l'intoxication alcoolo-médicamenteuse ne peut pas être exclue. "Un doute raisonnable doit profiter à l'accusé", conclut l'arrêt de culpabilité.

Revivez le fil de la journée de jeudi:

Rappel des faits

Bernard Wesphael et sa femme séjournaient dans un hôtel à Ostende le 31 octobre 2013 lorsque, selon l'ex-député, ils se sont disputés et en sont brièvement venus aux mains. Le co-fondateur d'Ecolo puis du Mouvement de Gauche serait ensuite parti dormir dans la chambre et aurait trouvé à son réveil sa femme morte dans la salle de bains. D'après lui, il s'agit d'un suicide, une thèse qui ne tient pas la route pour le parquet. Les contre-experts de la défense estiment toutefois que les premiers rapports réalisés ne prennent pas suffisamment en compte l'effet de la combinaison des médicaments et de l'alcool retrouvés dans le corps de la victime.

Les 12 arguments de la défense

La réponse des avocats de Bernard Wesphael aux 12 points qui, selon les parties civiles, prouvent l’homicide.

1. Véronique Pirotton n’a pas été traînée sur le tapis. C’était la thèse déployée par l’accusation. "Le tapis a été vérifié. Quand on traîne un corps sur un tapis, ça doit laisser des traces et on n’en a aucune", pointe Me Tom Bauwens.

2. La trace de fond de teintsur l’armoire, à 20 cm du sol. Pour l’avocat général, c’est la preuve que le corps a été bougé à cet endroit et que la tête de la victime a cogné. Pour la défense, on aurait alors dû avoir un hématome sur le visage mais il n’en est rien.

3. Pas de lutte sur le lit. Me Bauwens estime que "si Véronique Pirotton s’est débattue, il devrait y avoir d’autres marques sur le corps de M. Wesphael".

4. Pas de fibres textiles de la victime sur les vêtements de l’auteur. Ce sont les résultats des experts de l’INCC. Me Bauwens : "Il n’y a pas de fibres du tapis ou de la chemise de Bernard Wesphael sur le t-shirt de Véronique Pirotton".

5. Le désordre dans la chambre. Alain Lescrenier avait parlé du désordre, mais la défense pense qu’il n’en est rien. "À ce moment-là, si on prend des photos dans ma chambre d’hôtel, on parle d’une scène de guerre", ironise l’avocat.

6. Les blessures au crâne de Véronique Pirotton. Pour la défense, elles ne peuvent avoir été faites sur un matelas.

7. L’oreiller. Pour Me Bauwens, sa forme rebondie est incompatible avec celle d’un oreiller qui viendrait d’être appliqué sur la tête de quelqu’un.

8. Le sac plastique. "Pourquoi pas de fibres de l’oreiller sur le sac ?", questionne Me Bauwens.

9. L’ADN. Il n’y a que le mascara, le fond de teint et la salive de la victime, retrouvés sur un seul côté. Pas possible donc que Bernard Wesphael l’ait utilisé pour l’étouffer, comme l’imaginait la partie civile, pense la défense.

10. La crédibilité des témoignages. Les voisins de la chambre 502 ont entendu des bruits venant de la chambre 602, la veille des faits, à une heure où le couple Wesphael-Pirotton était absent.

11. Les empreintes dentaires. Celles retrouvées dans la bouche de la victime, justifiant un étouffement, selon l’accusation. Elles ne correspondent pas, pense Me Bauwens.

12. L’étouffement par l’oreiller pas prouvé. Si l’INCC a démontré que l’oreiller gauche avait été appliqué de manière forte et prolongée sur le visage de Véronique Pirotton, le nombre de fibres trouvées sur sa langue et dans sa gorge est insuffisant pour prouver qu’il est la cause de la mort.


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