100 victimes de viol par jour: Il faut rompre le silence
Publié le 08-02-2017 à 11h56
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A quelques jours de la Saint-Valentin, la Secrétaire d'Etat Elke Sleurs (N-VA) lance une campagne de sensibilisation face aux violences sexuelles.
La Saint-Valentin, ce n'est pas pour tout le monde. Le 14 février comme tous les autres jours, il y aura 100 victimes de viol en Belgique. 100? Le chiffre est affolant. C'est une moyenne, une évaluation. Officiellement, les statistiques montrent que plus de 2900 plaintes ont été effectivement déposées pour viol en 2015. Soit 8 par jours en moyenne. Mais ce n'est là que la petite part connue des violences sexuelles. Parce que la grande majorité des victimes restent dans l'ombre: 78% en cas de violences conjugales; 90% en cas de viol.
Une rose cassée
"Il est donc réaliste de considérer que chaque jour, 100 femmes, hommes ou enfants sont victimes de viol", expliquait mercredi matin la secrétaire d'Etat à l'Egalité des chances, Elke Sleurs (N-VA), en lançant la campagne #100parjour, symbolisée par une rose cassée. "Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant cette terrible réalité".
La campagne invite donc, à quelques jours de la fête des amoureux, à réagir en force, à rompre le silence et à dénoncer toutes les formes de violence sexuelle. Ce n'est pas un sujet facile à aborder, insiste la Secrétaire d'Etat: certaines victimes n'osent pas en parler, ou n'en sont pas capables. Parce qu'elles ont peur de leur agresseur -souvent un proche. Elles appréhendent aussi l'incrédulité de leur entourage, des policiers, des juges.
L'abomination et la culpabilisation
Il y a aussi, très présent, cet immense sentiment de culpabilité. "Bien souvent, aujourd'hui, on continue à blâmer les victimes", poursuit Elke Sleurs. Notamment en leur reprochant ou en insinuant, plus insidieusement, qu'elles n'ont pas clairement rejeté les avances du violeur voire qu'elles ont cherché les ennuis par leur comportement ("Ca ressemblait à de la provocation, non?") ou leur tenue vestimentaire ("Oui, mais, se balader en minijupe à cette heure-là!"). En leur faisant croire finalement qu'elles ne sont pas tout à fait des victimes.
Des études ont démontré que cette attitude négative augmentait à mesure que la personne agressée s'écartait du stéréotype de "vraie victime": une femme qui n'a pas bu , qui n'est pas sous influence et qui se fait agresser soudainement par un inconnu dans un endroit isolé, qui dépose plainte immédiatement à la police et fournit des preuves indéniables de sa résistance active contre le viol.
Ce scénario concerne pourtant une très petite minorité de cas. Outre l'abomination du viol, l'écrasante majorité de victimes doit affronter le douloureux sentiment qu'elles seraient à blâmer pour ce qui leur est arrivé.