Très rapidement, le parcours des terroristes sera retracé: Retour sur une enquête rondement menée
Publié le 22-03-2017 à 11h16 - Mis à jour le 22-03-2017 à 14h50
C’était le 22 mars. Au petit matin, trois hommes montent dans un taxi au départ de la rue Max Roos pour gagner l’aéroport de Bruxelles-National. Une fois sur place, ils pénètrent avec leurs lourds bagages, installés sur des chariots, dans le hall des départs. A 7 h 58, une première explosion retentit, suivie très rapidement par une seconde. A 9 h 11, une explosion frappe une rame de métro qui quitte la station de métro Maelbeek. Le bilan est lourd : 32 morts et 340 blessés.
Très rapidement, les enquêteurs parviennent à remonter la piste des auteurs. Il y a tout d’abord le témoignage du chauffeur de taxi, qui a conduit les kamikazes à Zaventem. Informé par radio de l’attentat, l’homme se souvient de ses trois passagers aux lourds bagages à l’odeur entêtante. Grâce à son récit, les policiers gagneront la planque des kamikazes de l’aéroport. Ce qui permettra de retrouver l’ordinateur des terroristes, abandonné dans une poubelle, rue Max Roos. Son exploitation permettra notamment de déterminer combien les djihadistes se sentaient traqués et étaient conscients que les policiers étaient quasiment sur leurs talons.
Des images de vidéo surveillance montreront qu’un des trois hommes, Mohamed Abrini, a renoncé à se faire exploser et a abandonné son bagage piégé à Zaventem. Les deux kamikazes de Zaventem sont rapidement identifiés : Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui.
Les jours suivants, les enquêteurs détermineront qu’un deuxième kamikaze, Osama Krayem, qui devait se faire exploser dans le métro, a également renoncé à son geste meutrier. Sur les images des caméras de la station Pétillon, on le voit avec un sac similaire à celui de Khalid El Bakraoui qui, lui, actionnera bien son détonateur.
Les logisticiens
L’enquête déterminera que Osama Krayem est retourné à sa planque, où il a dissous le TATP dans l’eau avant de l’évacuer dans les toilettes, avenue des casernes à Etterbeek.
Le parcours de "l’homme au chapeau" qui a renoncé à Zaventem pourra être retracé grâce aux caméras de surveillance jusque la place Meiser à Schaerbeek qu’il a rejointe à pied.
La traque se terminera le 8 avril où quatre personnes sont arrêtées. Mohamed Abrini, qui sera identifié comme l’homme au chapeau a été intercepté en rue à Anderlecht. Osama Krayem, l’homme, qui a renoncé à se faire exploser dans le métro, sera interpellé avec son logeur à Laeken, Hervé Bayingana Muhirwa. Un ami de ce dernier, Bilal El Makhoukhi a aussi été arrêté à Laeken chez ses parents.
Le lendemain, ce sont deux frères, dont l’un louait l’appartement, avenue des Casernes à Ettebeek, d’où sont partis les terroristes du métro, qui sont privés de liberté. Deux autres complices, qui travaillaient à l’aéroport seront arrêtés en juin.
Les auteurs
Ibrahim El Bakraoui, kamikaze à Zaventem
Connu pour grand banditisme, l’aîné des frères El Bakraoui, avait tenté de se rendre en Syrie. Il avait été intercepté en Turquie avant de rentrer en Belgique via Schiphol. Il est mort dans l’explosion qu’il a provoquée à l’aéroport de Bruxelles-National.

Najim Laachraoui, kamikaze à Zaventem
Il est parti en Syrie en février 2013. De retour en Europe, il a également participé à la logistique des attentats de Paris. Il a loué la planque d’Auvelais et aurait confectionné les gilets explosifs de Paris. Il est mort dans l’explosion qu’il a provoquée à l’aéroport de Bruxelles-National.

Khalid El Bakraoui, kamikaze à Maelbeek
Le cadet des frères El Bakraoui apparaît déjà à l’automne 2015 dans le dossier de l’achat des chargeurs de Kalachnikov chez un armurier de Wavre. Il a loué l’appartement de Charleroi d’où partiront les auteurs des attentats de Paris. Il est mort dans l’explosion qu’il a provoquée dans la station de métro Maelbeek.

Mohamed Abrini, logisticien, détenu
Proche des Abdeslam, il a effectué plusieurs déplacements vers Paris les jours précédant les attentats de Paris. Identifié et recherché, il aurait dû se faire exploser à Zaventem mais a renoncé, abandonnant son bagage piégé sur place. Surnommé “l’homme au chapeau” (il apparaissait avec un chapeau sur les images des caméras de surveillance), il a été arrêté le 8 avril 2016.

Osama Krayem, logisticien, détenu
Ce Suédois, qui a séjourné en Syrie avant de rentrer en Europe par le chemin des réfugiés, a été ramené par Salah Abdeslam en Belgique. Il a acheté les sacs des kamikazes de Zaventem. Il a renoncé à se faire exploser dans le métro. Il a été arrêté le 8 avril 2016, le même jour que Mohamed Abrini.

Bilal El Makhouki, logisticien, détenu
Returnee de Syrie, où il a perdu une jambe dans des combats, il a été condamné en 2015 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, au procès Sharia4Belgium. Il semble qu’il aurait dû faire le lien entre Raqqa et d’éventuels combattants envoyés vers la Belgique après le 22 mars. Il a été arrêté le 8 avril.

Hervé Bayingana Muhriwa, logisticien, détenu
Ami proche de Bilal El Makhoukhi, il aurait fait allégeance au groupe Etat islamique et aurait pu jouer un rôle dans la logistique des attentats. Il a caché chez lui Osama Krayem. Il a été arrêté le 8 avril 2016.

Smaïl Farisi, logisticien, détenu
Il avait loué l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek, qui servira de planque et d’où partiront à Khalid El Bakraoui et Osama Krayem le 22 mars. Ce logement était une couverture pour pouvoir toucher des allocations du CPAS. Il a été arrêté le 9 avril 2016.

Ibrahim Farisi, logisticien, libéré sous condition
Il est le frère cadet de Smaïl Farisi. Placé sous mandat d’arrêt avec son frère le 12 avril 2016, il a été depuis lors libéré sous conditions. Il aurait nettoyé l’appartement de l’avenue des Caserner afin de faire disparaître les traces exploitables.

Youssef El Ajmi, logisticien, libéré sous condition
Comme Ali El Haddad Asufi, il travaillait à l’aéroport. Ce pourrait être lui qui a dit à Laachraoui et à El Bakraoui que des avions quittaient Zaventem pour les Etats-Unis en matinée. Arrêté en juin, il a été libéré conditionnellement en décembre.

Ali El Haddad Asufi, logisticien, détenu
Ce proche des frères El Bakraoui a été interpellé une première fois deux jours après les attentats. Il travaillait à l’aéroport. Les images de vidéosurveillance l’ont montré près de l’appartement avenue des Casernes. Il est détenu depuis juin.

Oussama Atar, présumé coordinateur, recherché
Ce cousin des frères El Bakraoui est un vétéran du djihad. Il avait été arrêté en 2005 en Irak avant d’être libéré en 2012. Il pourrait être le Abou Ahmed, qui était le contact de Najim Laachraoui et Ibrahim El Bakraoui en Syrie.

Ahmad Alkhald, expert en explosifs, en fuite
Cet homme, que l’on pense être syrien, était arrivé à l’automne 2015 en Europe. Il est parti en novembre 2015. De Syrie, il pourrait avoir conseillé Najim Laachraoui pour la confection du TATP.

Salah Abdeslam, logisticien, détenu
Il fut l’homme le plus recherché d’Europe après les attentats de Paris. Il est allé rechercher en Hongrie les auteurs des attentats de Paris ainsi que Najim Laachraoui. Il a été arrêté quatre jours avant les attentats de Bruxelles.

Sofien Ayari, logisticien, détenu
Avec Salah Abdeslam, il a fui sans gloire l’appartement de la rue Dries à Forest qui était perquisitionné. Il a effectué en novembre des reconnaissances avec Osama Krayem à l’aéroport de Schiphol. Il a été arrêté le 16 mars 2016, six jours avant les attentats de Bruxelles.

Mohamed Belkaid, logisticien, tué
Il a été tué lors de la perquisition de la rue Dries à Forest le 15 mars. Il semble qu’il était en contact rapproché avec les auteurs des attentats de Paris le 13 novembre 2015. Sa trace a été retrouvée dans quasi toutes les planques belges.
