Pascal Smet veut une bande réservée aux covoiturages aux entrées de Bruxelles
Publié le 31-03-2017 à 07h19 - Mis à jour le 31-03-2017 à 10h05
Pascal Smet envisage par contre de pénaliser les automobilistes qui entrent sans passager dans Bruxelles.Pascal Smet, ministre bruxellois de la Mobilité, vient de lancer une grande consultation sur la mobilité urbaine de demain. C’en est terminé des catalogues de mesures élaborés "entre experts". "Il faut une adhésion. La mobilité n’est pas un objectif en soi, c’est un moyen pour améliorer la qualité de vie et de l’air", dit-il. Le socialiste néerlandophone avance ses propositions pour réguler la "navette" automobile.
Un nouveau plan, c’est bien beau. Mais les embouteillages demeurent. Ils s’aggravent même.
Le gros problème, ce sont les navetteurs. J’aime bien les navetteurs quand ils aspirent à venir vivre en ville. Mais en Belgique, la vie à la campagne est ancrée dans les mentalités.
La Région bruxelloise demande beaucoup d’efforts d’adaptation à sa population, mais semble peu agir pour réguler les navetteurs.
Je ne veux pas déresponsabiliser Bruxelles, mais tous les niveaux de pouvoir sont responsables de la situation. Pourquoi 400 000 navetteurs viennent-ils individuellement à Bruxelles en voiture ? Le revenu cadastral est moins élevé à la campagne, la vie y est moins chère et le trajet domicile/travail est remboursé à 100 %. Les citadins sont fiscalement défavorisés. On dépense 4 milliards par an pour les voitures de société, il y a les cartes essence. Tous les experts sont d’accord pour dire que c’est une cause des embouteillages. Dans le même temps, le RER devient le "réseau éternellement retardé". Ce qui est préjudiciable : la plupart des navetteurs habitent à moins de 25 km de Bruxelles. Tout cela, ce sont des compétences fédérales.
Dans le dossier du survol, la Région est parvenue à instaurer un rapport de force qui lui semble favorable. Pourquoi ne pas faire de même pour la mobilité ?
C’est plus compliqué. Un péage urbain, c’est à cela que vous songez ? Moi, je ne veux pas isoler Bruxelles. Les entreprises partiraient. C’est exactement ce que les gouvernements flamand et wallon attendent. Cela leur permettrait de déplacer leurs administrations. Il y a beaucoup de bureaux vides en périphérie, vous savez. Non. Moi, je suis pour la taxation au kilomètre.
Justement, cette idée semble abandonnée.
Non. On y travaille discrètement. Il y a des blocages, et il faut les comprendre. Je ne préfère pas trop en parler car on ne peut avancer que discrètement.
C’est à peine s’il est évoqué dans le nouveau plan régional de développement durable, qui porte pourtant à l’horizon 2040.
Le PRDD va évoluer. En attendant, ce gouvernement prend ses responsabilités. Ce n’est pas du blabla. On va investir 5,2 milliards en dix ans dans les transports publics, on va construire 10 000 places de stationnement en lien avec les transports publics et 80 km de pistes cyclables. On a réformé la législation sur le car-sharing. On va rénover les tunnels. Nous avons restauré le dialogue avec les autres Régions et le fédéral. Avec la SNCB aussi, on va communiquer ensemble sur le réseau S et travailler sur les gares. Trop longtemps, en Flandre et en Wallonie, on a dit que les Bruxellois étaient des cons. On l’a même vu au MR dans le dossier des tunnels. Bruxelles subit la mobilité car elle a voulu la subir. Aujourd’hui, le gouvernement va vers un changement de paradigme : cesser d’être une "city for cars" pour devenir une "city for people". On va transformer les autoroutes urbaines en boulevards. Les pistes cyclables sur la petite ceinture, c’est historique.
Certes, mais les embouteillages n’ont jamais été aussi importants…
Car il y a trop de voitures, trop de navetteurs que la ville ne peut plus physiquement absorber. Les villes allemandes qui sont les plus voitures "friendly" sont les plus embouteillées. Il y a encore, chez certains, le sentiment que rajouter des bandes de circulation va résoudre le problème.
Le fédéral semble avancer vers un package fiscal pour remplacer les déductions accordées aux voitures de société ?
J’ai l’impression que cela va être cosmétique, d’après ce que je lis. Le fédéral ne parle pas avec nous, ce qui n’est pas normal. Mais nous allons faire des propositions. Et si la Flandre et la Wallonie réservaient une bande d’autoroute pour les voitures qui transportent au moins trois passagers ?
Le CDH avait proposé cela en son temps.
Nous travaillons avec la Wallonie. Et si on disait qu’une voiture qui transporte trois personnes entre gratuitement dans Bruxelles ? Et que ce serait payant pour ceux qui entrent seuls ? On pourrait toujours entrer dans Bruxelles gratuitement, mais à condition de partager sa voiture.
Ce serait lié à la taxe kilométrique ?
Non. Ce serait à part. On n’en est pas encore là, bien sûr, mais on va mettre cela sur la table. Si, en même temps, le fédéral offre une déductibilité pour ceux qui partagent leur voiture, les habitudes des Belges changeront en trois mois. Pourquoi ? Car ils iront plus vite et cela leur coûtera moins cher. Ils vont gagner de l’argent !