"Une fusion UCL-Saint-Louis ne bouleversera pas le paysage"
- Publié le 17-05-2017 à 20h05
- Mis à jour le 17-05-2017 à 20h06
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Pour le sociologue Michel Molitor les conséquences d’une fusion seraient avant tout internes aux universités. Entretien.Avec quel paysage universitaire se réveillera la Belgique francophone demain matin ? Que décideront les assemblées générales de l’UCL et de Saint-Louis qui se réuniront ce soir pour décider d’une éventuelle fusion entre leurs établissements ?
Si le suspense est de mise (particulièrement à Saint-Louis où le projet devra recueillir seize voix positives sur les vingt que compte l’assemblée générale), l’issue du scrutin, même en faveur de la fusion, ne devrait pas profondément bouleverser le monde universitaire francophone, pronostique Michel Molitor, professeur émérite de l’UCL, sociologue, et auteur de courriers hebdomadaires consacré à l’enseignement supérieur pour le Crisp, le Centre de recherches et d’informations socio-politiques.
L’UCL ne sera pas la KULeuven
"Il faut comprendre plusieurs choses, argumente-t-il. La première est que les tenants de la fusion ne l’étaient pas parce qu’ils souhaitaient bouleverser le paysage. Il n’y a jamais eu de tels calculs politiques. Leurs motivations étaient principalement internes. Ils entendaient consolider leurs institutions en mettant en commun leurs différentes ressources, dont les ressources administratives. Bouleverser le paysage n’a jamais été leur motivation première.
Le deuxième point important à noter est que cette fusion n’engendrera pas de nouvelles habilitations, c’est-à-dire une nouvelle offre d’enseignement. En ce sens, elle ne devrait pas bouleverser les flux d’étudiants. Je ne pense donc pas que l’équilibre entre les différents acteurs va changer. Il n’y aura pas une hégémonie de l’UCL côté francophone comparable à celle de la KULeuven en Flandre.
Enfin, il serait faux de dire que l’on assisterait, en cas de fusion, à un renforcement ou à une renaissance du pilier catholique. Même si cela arrange certains d’analyser les choses de la sorte, la résurgence d’un pilier n’a jamais été un argument évoqué."
Un message politique et symbolique
Les conséquences, explique le professeur, seront tout autres, et plus de l’ordre du symbolique.
"Il y a d’abord l’implémentation plus forte de l’UCL à Bruxelles qui inquiète l’ULB. Mais notons que l’université louvaniste est déjà installée à Bruxelles à travers sa faculté de médecine par exemple. Politiquement cependant, on peut dire que la fusion pourrait remettre en cause une partie du décret Paysage qui réorganise depuis fin 2013 l’enseignement supérieur. Celui-ci avait imposé la structuration du paysage en pôles géographiques. Même si pratiquement la fusion ne changera rien car, une fois encore, elle n’occasionnera pas une nouvelle offre pédagogique, elle vient symboliquement remettre en cause cette vision géographique", souhaitée par le ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS).
Néanmoins, la fusion, si elle est votée, en précédera-t-elle d’autres ? Sera-t-elle le signe annonciateur de la fin des universités incomplètes que sont l’UNamur et l’UMons ? "C’est une bonne question, répond, prudent, Michel Molitor. Cela peut rouvrir différents scénarios", poursuit-il sans oser se montrer plus précis dans d’éventuels pronostics.