Charles Michel sur son entretien avec Trump : "Nous avons parlé sans tabou"
Publié le 24-05-2017 à 18h14 - Mis à jour le 24-05-2017 à 20h35
Le Premier ministre Charles Michel a affirmé mercredi soir avoir eu un entretien "cordial, respectueux et très direct" avec le président américain Donald Trump, à l'occasion d'une brève visite du nouveau locataire de la Maison Blanche en Belgique qui lui a aussi permis de rencontrer le roi Philippe. Cet entretien "d'une petite heure" - et donc plus long que prévu dans le programme initial de M. Trump - dans une salle du Palais royal a été "sans tabou" "et sans langue diplomatique", a-t-il assuré lors d'une rencontre dans la foulée avec quelques journalistes au Lambermont, sa résidence de fonction à Bruxelles.
"Je pense avoir convaincu" sur certains points", a confié M. Michel, qui comptait dans sa délégation les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders et Steven Vandeput.
Le président américain et le Premier ministre ont évoqué "de très nombreux sujets", comme l'emploi, les relations économiques et le libre-échange - M. Michel a distribué aux membres de la délégation américaine, a priori protectionniste et isolationniste, trois fiches illustrant le fait que la Belgique est, devant la Chine, le 13ème investisseur étranger aux Etats-Unis, où les entreprises belges emploient 160.000 Américains -, l'attachement belge au multilatéralisme, à la construction européenne et aux accords de Paris sur le climat, ainsi que le partage équitable du fardeau en matière de défense dans le cadre de l'Otan.
Le Premier ministre a aussi insisté sur l'importance de la lutte contre le terrorisme, un des sujets qui tiennent à coeur au président américain, expliquant les mesures prises par son gouvernement sur les plans intérieur et extérieur.
Avant son élection, M. Trump avait décrit Bruxelles comme "un trou à rats" ('hell hole' en anglais, ndlr).
"Nous sommes dans le même camp dans le cadre de la lutte contre le terrorisme", a dit Charles Michel à la presse en rappelant que la Belgique était engagée militairement sur plusieurs théâtres d'opération à l'étranger.
"Nous sommes présents dans plusieurs zones à l'étranger en soutien au sein de coalitions internationales. Nous assumons aussi notre part de responsabilités", a précisé M. Michel dans une référence à l'engagement militaire dans la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI, ou Daech, selon son acronyme arabe) en Irak et en Syrie, mais aussi au Mali, où sévissent des groupes armés islamistes.
M. Michel a indiqué avoir aussi insisté auprès du président américain sur l'importance de l'Otan - que M. Trump avait dans un premier temps qualifiée d'"obsolète", avant de revenir sur ses propos en avril dernier et sur le lien transatlantique, alors que l'Europe occidentale est largement placée sous le parapluie nucléaire des Etats-Unis.
"L'Otan est et reste une organisation importante car elle défend et protège les valeurs fondamentales" de l'Occident, comme la démocratie, l'Etat de droit, les droits de l'Homme, a fait valoir le Premier ministre. "L'Otan est plus qu'une organisation militaire", a-t-il indiqué, en rappelant que son gouvernement était déterminé à mettre fin à des décennies d'économies imposées à la Défense, notamment par un programme d'achats militaires à hauteur de 9,2 milliards d'euros d'ici 2030, avec une stabilisation des budgets militaires précédant un "retour à la croissance".
M. Michel a aussi défendu auprès du président américain le "projet européen" face à un hôte qui s'était félicité en janvier du "merveilleux" Brexit, prédisant que "d'autres pays vont quitter" l'Union européenne.
"J'appartiens à cette génération de responsables européens convaincus que l'Europe a dans ses mains peut-être une chance unique et que le moment est venu de saisir cette chance (...) de lancer le projet européen", a-t-il dit.
Aucune déclaration de M. Trump n'est prévue mercredi. Mais il devrait prononcer un court discours lors de l'inauguration, au nouveau siège bruxellois de l'Otan, d'un monument commémorant l'invocation par l'Alliance atlantique de son article 5 - qui stipule qu'une attaque contre un membre doit être considérée comme une attaque contre tous -, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington.
Le président américain effectue sa première visite à l'étranger depuis son investiture le 20 janvier. Il s'est rendu auparavant en Arabie saoudite, en Israël, dans les Territoires palestiniens et au Vatican.