L’Eglise belge, plus que jamais aux côtés du Pape et des divorcés remariés
Publié le 26-05-2017 à 10h07 - Mis à jour le 26-05-2017 à 10h08
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La Conférence épiscopale soutient à 100 % le Pape et exclut toute forme de stigmatisation des divorcés remariés. Eclairage.L’Eglise belge est clairement "bergoglienne". Entendez qu’elle partage pleinement les impulsions données depuis 4 ans à l’institution par le pape François. Habituée à donner son avis sur la voie suivie par Rome, la Conférence épiscopale a présenté à la veille de l’Ascension une lettre pastorale portant sur l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, fruit des travaux de deux synodes sur la famille de 2014 et 2015.
Pour nos évêques, c’est un texte d’une grande ouverture qui laisse une large place au discernement.
Lors de sa présentation mercredi à Malines, le cardinal Jozef De Kesel a insisté sur le fait que l’analyse d’Amoris Laetitia est destinée à tous les prêtres, diacres, animateurs et animatrices pastoraux.
Ils rappellent d’emblée en quoi le mariage et la famille sont si précieux et pourquoi l’Eglise y a toujours attaché tant d’importance. Même en ces temps bousculés, le mariage est avant tout un sacrement et donc "un signe visible de l’amour et de la fidélité de Dieu".
Trois axes importants
Les évêques ont donc revisité le texte en se demandant comment les idées d’Amoris Laetitia peuvent être fécondes pour l’Eglise belge, plus particulièrement pour la pastorale familiale.
Les évêques belges ont mis en exergue trois axes importants: la préparation au mariage, l’accompagnement des familles et l’attitude à adopter à l’égard des personnes dont la relation s’est brisée. Aujourd’hui, être chrétien et se marier, surtout religieusement, ne vont plus de soi. Il faut accompagner ceux qui font encore ce choix et les aider à discerner la signification du mariage religieux. Et d’en appeler à la mise en place d’un "catéchuménat de mariage". Certes tous les couples ne demandent pas une préparation aussi intense mais on ne peut se contenter d’une approche trop minimaliste.
D’où le passage par au moins trois moments de préparation: autour de ce qu’est être chrétien aujourd’hui, sur le sens d’un mariage et un foyer chrétiens et une focalisation sur la liturgie du mariage. Conscients de la fragilité du mariage, les évêques appellent à soutenir les jeunes couples.
La liberté de conscience prime toujours
Enfin, les évêques n’esquivent pas la polémique régulièrement réalimentée par les conservateurs et singulièrement par quelques irréductibles cardinaux sur l’attitude à l’égard des personnes dont le couple s’est fracassé. L’Eglise de Belgique reste fidèle à son image et à son ADN... En effet, comme hier, il y a une grande ouverture avec un appel au discernement et à la liberté de conscience. Ce fut par exemple déjà le cas en 1968 lorsque l’encyclique "Humanae Vitae" sur le contrôle des naissances de Paul VI déboussola plus d’un catholique dans nos contrées et que la Conférence épiscopale sous la direction du cardinal Suenens insista beaucoup sur la conscience personnelle. Cette fois non plus, les évêques n’éludent pas la délicate question de la communion pour les divorcés remariés, abordée explicitement dans Amoris Laetitia. Comme François, ils rappellent que "l’indissolubilité du mariage appartient au trésor fondamental et irrévocable de la foi de l’Eglise" mais il faut envisager cas par cas chaque situation. Pas question d’exclure ou de stigmatiser les divorcés remariés. L’épiscopat belge confirme qu’"on ne peut pas décréter que tous les divorcés remariés peuvent être admis à la communion".
Une Eglise belge réaliste, ni laxiste, ni rigoriste
Mais "on ne peut pas non plus décréter qu’ils en sont exclus. Le cheminement de chaque personne demande le discernement nécessaire en vue d’une décision pastorale prise en conscience." Les évêques prônent donc "un accompagnement pastoral, un dialogue avec un prêtre, un diacre ou un autre agent pastoral". Et rappellent que comme l’écrit le Pape "nous sommes appelés à former les consciences, pas à prétendre nous substituer à elles". Bref, ni laxisme, ni rigorisme... ce qui reflète bien le réalisme et le centrisme de l’Eglise belge.
On peut se procurer la lettre au siège de l’épiscopat à la rue Guimard ou la consulter sur www.cathobel.be