Les jetons du Samusocial créent le malaise, la présidente démissionne
- Publié le 02-06-2017 à 07h54
- Mis à jour le 02-06-2017 à 13h21
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Ce vendredi, le gouvernement bruxellois a été interpellé sur des rémunérations au sein de l’ASBL, dont profitent des mandataires. Pascale Pereïta a annoncé qu'elle quittait le bureau de l'asbl. "Au vu de la tourmente de ces derniers jours, je quitte dès maintenant le bureau de l'asbl samusocial. C'est avec une immense tristesse et un profond écoeurement que j'ai décidé de prendre du recul par rapport à un combat que j'ai mené avec force pendant presque 20 ans", indique-t-elle.
"Je souhaite que le travail difficile effectué par les équipes du samusocial au quotidien et le juste combat que nous menons puissent être reconnus à leur juste valeur, loin de considérations politiques qui viendraient entacher injustement les missions sociales de cette asbl et le travail accompli par ses gestionnaires", ajoute-t-elle.
Mauvais timing pour le PS
Le timing n’est pas bon pour le Parti socialiste. Alors que le président Elio Di Rupo rassemble samedi ses militants à Bruxelles pour un congrès consacré à la gouvernance publique, le Samusocial fait encore parler de lui. Le sujet alimente les médias depuis que la RTBF et "Le Vif" se sont penchés sur les rémunérations des instances dirigeantes de cette ASBL active dans le traitement du sans-abrisme dans la capitale. L’affaire part du travail du député régional Ecolo Alain Maron qui a constaté, dans les comptes de l’ASBL, que les montants affectés à la rémunération des administrateurs semblent disproportionnés par rapport à leur nombre.
Au parlement, la ministre Céline Fremault (CDH), en charge de l’Aide aux personnes et ministre subsidiant de l’ASBL, avait levé un coin du voile, malgré un Samusocial peu enclin à communiquer, y compris vis-à-vis du gouvernement bruxellois. Les administrateurs de l’ASBL touchent 140 euros par CA, avait-elle dit. Le même jeton est accordé aux quatre membres d’un "bureau". Montants totaux : 56 000 euros en 2015 et 59 920 euros pour 2016.
En dépit d’un débat mercredi au parlement, des demandes de la ministre Fremault et de la multitude de sollicitations de plusieurs organes de presse, le Samusocial a fini par réserver l’exclusivité du détail des rémunérations au quotidien "Le Soir" paru jeudi. Sont interrogés, Pascale Peraita, présidente du CPAS de Bruxelles et administratrice-déléguée du Samusocial, ainsi que Michel Degueldre, président. Tous deux font partie de ce mystérieux bureau avec la cheffe de cabinet de Pascale Peraita au CPAS et Yvan Mayeur (PS). Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles a toutefois démissionné de ce mandat au début de l’année, affirment les responsables.
La création de ce bureau est justifiée par l’accroissement du travail de l’ASBL qui emploie quelque 300 personnes. "En 2016, nous avons décidé de plafonner le nombre (de réunions - NdlR) de bureaux à 10 par mois, dit Michel Degueldre. Ce qui équivaut à 1 400 euros brut par mois et par membre au maximum. Si vous multipliez cela par dix mois et quatre membres du bureau, on arrive à 56 000 euros. Avec les jetons du CA qui s’est réuni trois fois en 2016, on arrive aux 60 000 euros." Surprenant dans un secteur où ce type de rémunération n’existe pas, commente le député Ecolo Alain Maron qui ajoute : "Je suis tombé de ma chaise en lisant qu’Yvan Mayeur a lui aussi été rémunéré." Il ne fut pas le seul.
Ecolo réclame une comptabilité complète
L’ASBL est subsidiée à hauteur d’une dizaine de millions par an pour le plan hiver. Mais elle est privée et non publique, explique Pascale Peraita au "Soir". Les rémunérations y afférant ne devraient donc pas être comptabilisées dans le plafond légal visant les mandataires publics (150 % de l’indemnité d’un député fédéral). Sollicité par "La Libre", le cabinet d’Yvan Mayeur (dont les rémunérations sont soumises au plafond) n’a pas souhaité commenter. La direction du PS non plus, renvoyant aux "instances de tutelle bruxelloises". Ce vendred i, Alain Maron interpellera le ministre-Président Vervoort (PS) sur cet aspect du dossier.
L’opposition Ecolo demande aussi que la comptabilité analytique de l’ASBL soit communiquée afin de vérifier que ce sont des revenus propres (des dons) et non des subsides qui servent à payer ces jetons de présence, comme l’affirment les responsables du Samusocial. La majorité régionale s’interroge également. Céline Fremault s’est dite étonnée de la hauteur des montants et Défi, via son chef de groupe Emmanuel De Bock, réclame la transparence. "Les rémunérations accordées grâce aux subsides publics sont-elles proportionnelles à la réalité des prestations ?", demande-t-il. Il interrogera également Rudi Vervoort sur le caractère privé de l’ASBL et des rémunérations qu’elle pratique.