Non, l'Europe ne compte pas interdire la double cuisson des frites belges

G.W.
Frites
©Belga

Depuis samedi, les discussions (dans les fritkots, bien sûr), ne tournent qu'autour de ça : l'Europe va-t-elle interdire notre mode de cuisson des frites ?

Une substance dérivée de la friture est en effet dans le viseur de la Commission européenne à tel point que le ministre flamand du Tourisme, Ben Weyts (N-VA) s'en est inquiété. Celui-ci a envoyé une lettre au Commissaire européen à la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, pour défendre notre frite et notre double-cuisson. "Nos frites doivent leur saveur au savoir-faire de nos frituristes qui les cuisent une fois, deux fois. Je comprends que l'on puisse avoir hors de notre pays une autre culture, avec précuisson, blanchiment ou frites surgelées, mais il y va de notre tradition culinaire. Ce serait un crime que de l'interdire".

Cette substance, c'est l'acrylamide, considérée comme cancérogène depuis 2015 par l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Ce composé organique se trouve dans les produits très sucrés, très riches en protéines, mais aussi lors de la cuisson, le rôtissage et... la friture de certains aliments.

Pas d'interdiction de double-cuisson assure la Commission européenne

Pourtant, lorsqu'on contacte l'entourage dudit Commissaire, le ton est différent. S'il reconnait qu'il est "important de réduire la présence d'acrylamide dans la nourriture", le texte actuellement sur la table "n'interdit pas la friture des pommes de terre pour en faire des frites". Le texte actuellement proposé, qui n'en est pas à sa version définitive, prévoit simplement que "là où c'est possible, les pommes de terre seront blanchies par ébulition" puisque cela résulte en un plus faible taux d'acrylamide.

Bref, aucune interdiction de double-cuisson des frites à l'origine. D'ailleurs rappelle la Commission, ce texte est en discussion depuis plusieurs mois avec des experts des Etats membres, dont la Belgique. On peut imaginer que ce point aurait été soulevé par les experts belges si la frite belge avait été menacée et "ce point n'a pas été soulevé", assure la Commission.

La sortie de Ben Weyts envers l'Europe mais aussi dans la presse flamande a fait réagir l'eurodéputé Groen, Bart Staes. Selon lui, le texte de Ben Weyts est celui d'un "agitateur eurosceptique et non de décideur politique". L'eurodéputé regrette aussi "du bashing anti-Union européenne dans la plus pure tradition rabique eurosceptique".

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