Voici la prime pour encourager les travailleurs âgés à rester actifs plus longtemps
Publié le 05-08-2017 à 08h07 - Mis à jour le 05-08-2017 à 08h32
Le salarié âgé qui allégera sa fin de carrière pourra voir sa perte de revenus en partie compensée. Comment convaincre les gens de travailler plus longtemps ? Dit autrement : comment réduire l’écart entre l’âge effectif du départ à la retraite (59,7 ans en moyenne) et l’âge légal de la pension (65 ans aujourd’hui, 67 ans en 2030) ? Le gouvernement fédéral a choisi de manier à la fois la carotte et le bâton, ressort-il des mesures présentées la semaine dernière à l’issue du conclave budgétaire.
La carotte, c’est une prime pour le salarié de plus de 60 ans qui décide de passer d’un temps plein à un quatre cinquièmes temps. Dans le "Standaard" de vendredi, la ministre de la Santé, Maggie De Block (Open VLD), qualifie cela de "piste d’atterrissage en douceur". Le but est d’encourager les travailleurs âgés à rester actifs plus longtemps, en allégeant leur fin de carrière.
La prime viendra compenser en partie la perte de revenus engendrée par la réduction du temps de travail. Le montant de la prime sera discuté entre les travailleurs et les employeurs et sera exonéré de charges sociales et d’impôts. La Sécurité sociale va donc perdre des recettes. Mais le manque à gagner devrait être compensé, espère la ministre, par les économies réalisées dans les pensions ou les allocations liées aux maladies professionnelles (le burn-out, par exemple) que permettra la mesure.
280.000 personnes concernées
La même prime pourra être accordée aux salariés à partir de 58 ans qui effectuent un métier lourd, tel qu’un travail de nuit, s’ils se réorientent vers un travail allégé. A nouveau, la perte de revenus (liée non plus à la réduction du temps de travail, mais à une fonction moins pénible) sera partiellement compensée. La ministre De Block veut croire que les entreprises joueront le jeu parce que la mesure leur permettra de conserver des gens d’expérience en leur sein, lesquels pourront transmettre leur savoir aux jeunes. En outre, elles feront des économies sur la partie du salaire qu’elles n’auront plus à payer (réduites du montant de la prime).
En Belgique, environ 280.000 travailleurs âgés seraient potentiellement concernés.
A côté de la carotte, il y a aussi le bâton. Le gouvernement a déjà pris une série de mesures liées aux calculs des pensions afin de renforcer le poids des années de travail sur les années d’inactivité. Mais si le bâton est tendu vers les travailleurs, il l’est aussi vers les employeurs.
Haro sur la "prépension 2.0"
En réaction au durcissement des règles d’accès à la prépension ou à la pension anticipée, certaines entreprises ont inventé la "prépension 2.0". Parmi elles, la banque ING, qui ne s’en cache pas. Son idée est de permettre aux collaborateurs âgés de ne plus venir travailler tout en continuant à percevoir entre 50 et 80 % de leur dernier salaire.
"Le gouvernement estime qu’il est inapproprié de mettre de côté les travailleurs plus âgés, alors que nous attendons que tous les employés travaillent plus longtemps. Cela montre aussi peu de respect pour l’expérience et le talent de ces employés. Voilà pourquoi nous avons développé une mesure spécifique" lors du conclave de juillet, déclare le ministre de l’Emploi, Kris Peeters (CD&V).
Concrètement, les entreprises qui pratiquent la "prépension 2.0" se verront imposer une amende. Une "cotisation ING", comme le dit sournoisement le gouvernement, ou "cotisation d’activation" pour le terme officiel.
Formation obligatoire
Le montant de l’amende fluctuera en fonction de l’âge de la personne. Entre 20 % du salaire brut pour le travailleur de moins de 55 ans (avec un minimum de 100 euros par mois), et 10 % du salaire pour celui de plus de 62 ans (minimum de 75,20 euros). La cotisation sera due chaque mois jusqu’à la retraite effective de la personne concernée. En plus, lors de la première année de la "prépension 2.0", l’entreprise devra offrir une formation au travailleur, en vue d’une éventuelle reconversion. Par la suite, les formations seront encore encouragées puisque leur coût sera réduit du montant de la cotisation d’activation.
"Ceci est avant tout un effet dissuasif, conclut Kris Peeters, parce que si les entreprises sont punies financièrement, elles vont chercher d’autres solutions."
Une plus petite pension pour les chômeurs de plus de 50 ans
Modification. Le gouvernement fédéral n’en a pas fait une grande publicité. Mais selon plusieurs journaux flamands, les personnes de plus de 50 ans vont voir leur pension réduite si elles restent au chômage plus de 1 an. On savait que, sur proposition du ministre des Pensions Daniel Bacquelaine (MR), il avait été décidé que les années de chômage seraient moins bien valorisées pour le calcul de la pension. Jusqu’à présent, ces années de chômage étaient valorisées durant une période de 4 ans sur la base du dernier salaire et ensuite sur la base d’un droit minimal. A partir de 2018, le calcul sur la base du droit minimal sera effectif après un an de chômage. Une exception avait cependant été prévue pour les chômeurs de plus de 50 ans qui ont, objectivement, plus de mal à trouver un emploi. Le gouvernement va cependant supprimer cette exception. Toujours avec le même objectif : pousser les quinquagénaires à rester sur le marché du travail.