Le ministre Di Antonio ne veut plus voir de poules en cage
Publié le 08-08-2017 à 06h27 - Mis à jour le 08-08-2017 à 09h14
"La Libre" a posé trois questions à Carlo Di Antonio (CDH), le ministre wallon de l'Environnement.
Monsieur Di Antonio, vous êtes ministre wallon de l’Environnement. Dans le cadre de la crise des œufs contaminés, vous avez déclaré que l’énergie déployée avec excès envers les artisans doit aujourd’hui être utilement orientée vers les filières industrielles qui peuvent être à la base de catastrophes sanitaires d’ampleur. Pouvez-vous préciser ?
La crise de la dioxine a incité l’Union européenne à prendre un règlement qui a eu, à mes yeux, un effet pervers, en Belgique et dans d’autres pays. Les mesures décidées depuis cette crise pèsent proportionnellement de façon beaucoup plus lourde sur les artisans, les cantines scolaires, les crèches, etc., que sur la grande industrie agro-alimentaire alors que personne n’est jamais mort d’avoir mangé un fromage au lait cru. Je ne veux pas préjuger de la suite de l’affaire des œufs contaminés. Mais il faut une fois de plus constater que les produits fabriqués par l’industrie sont soumis à peu de contrôles.
Le fipronil est un insecticide interdit, donc… il n’a pas été recherché par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, on l’a découvert par hasard. Ce n’est pas normal.
Les conséquences éventuelles d’un comportement inadéquat de l’industrie agro-alimentaire sont pourtant d’une telle échelle qu’il faudrait des contrôles serrés. Or, c’est sur les petits producteurs qu’on tombe.
Avec quels résultats ?
Que des filières artisanales vieilles de dizaines d’années sont menacées de disparition par les impositions de l’Afsca, comme l’ont montré les affaires dites du fromage de Herve et de la tarte au riz; que la transformation des produits subit des contraintes telles que certaines exploitations familiales sont au bord du dépôt de bilan.
L’objectif premier poursuivi après la crise de la dioxine n’a pas été atteint…
L’Afsca estime qu’il n’y a pas péril en la demeure pour le consommateur.
Je ne veux préjuger de rien. Il faut d’abord entendre l’agence et ses arguments. Mais je relève que les pays voisins ont pris des mesures dures, comme la destruction de millions d’œufs et la fermeture d’exploitations. Ce n’est pas anodin. Enfin, j’exprime une crainte. Les œufs n°3, pondus par des poules élevées en cage, dans des exploitations industrielles, celles qui sont traitées contre le pou rouge, ne sont pas autorisés à la vente mais ils entrent dans une série de préparations alimentaires que l’on retrouve dans les rayons de nos magasins. Mesure-t-on la menace ? Je ne souhaite en tout cas plus octroyer de permis pour la production d’œufs n°3. Cela concerne 13 exploitations en Wallonie mais davantage en Flandre. A mes yeux, elles devraient toutes disparaître.