Denis Ducarme : "Je peux dire aujourd’hui que l’Afsca a fait le job"
Publié le 17-08-2017 à 09h00 - Mis à jour le 17-08-2017 à 11h22
Le ministre fédéral (MR) de l’Agriculture se montre rassurant sur les mesures prises par l’Agence de sécurité alimentaire. Le gouvernement annonce une indemnisation pour les entreprises impactées. Pouvez-vous en dire plus ?
On est en train d’étudier la manière dont on pourrait indemniser les éleveurs touchés par le fipronil. Il faudra déterminer au cas par cas l’impact de la crise. On est en train de voir, au niveau du fonds de réserve de l’Afsca, ce qu’il sera possible de faire très rapidement et très concrètement. Il ne reste plus que 21 exploitations bloquées aujourd’hui. Toute la filière de poules pondeuses a été testée avec des résultats extrêmement rassurants. Il y a sept tests non conformes sur 266 exploitations. C’est très peu.
On peut donc être aussi rassuré au niveau du pot de mayonnaise ?
Oui, c’est toute la filière œufs qui a été testée. Il faudrait en manger 1,6 kg par jour pour ce que soit nocif pour la santé d’un enfant.
Que représente le fonds de l’Afsca ? L’argent sera puisé uniquement dans ce fonds ?
C’est un fonds de réserve de 160 millions d’euros. Une partie de l’argent seulement devrait être utilisée.
Dans les mesures du gouvernement, il y a aussi la volonté d’améliorer la capacité d’information de l’Afsca. N’y a-t-il pas d’autres améliorations à apporter ?
Je ne veux pas être de ceux qui tirent sur les messagers. Ce n’est pas l’Afsca qui a pulvérisé les poulaillers avec du fipronil. Les mesures qui ont été prises sont adaptées. On est l’un des rares cas en Europe, alors qu’il y a 15 pays touchés, où il y a une agence alimentaire qui a testé toute la filière. Je peux dire aujourd’hui que l’Afsca a fait le job. Y a-t-il des éléments perfectibles ? Bien sûr. Mais il s’agit aussi de continuer à gérer une crise.
Le fait que votre prédécesseur ait été prévenu après les autres pays européens ne traduit-il pas un dysfonctionnement ?
On oublie parfois de dire que la Belgique a été la première à informer le RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed). Si on a mis le doigt sur le fipronil, c’est parce que le système belge d’auto-contrôle mis en place par l’Afsca a permis de l’identifier. Ce qui ne veut pas dire que c’est en Belgique que l’affaire fipronil a débuté. On sait que ce n’est pas le cas.
C’est vrai que le ministre Borsus n’a été informé que le 24 juillet. Je mettrai en place, après la crise, un système de protocole au niveau des échanges avec l’Afsca pour s’assurer que la communication soit optimale.
Que pensez-vous de l’idée du ministre wallon Carlo Di Antonio de régionaliser l’Afsca ? Ce qui permettrait notamment de mieux protéger les petits producteurs.
J’ai eu des contacts avec l’Afsca, après l’interview, pour l’appeler à continuer à traiter du dossier fipronil et à ne pas entrer dans une polémique malvenue. Si j’ai des questions au Parlement, j’y répondrai. Il est clair que je vais continuer sur le chemin tracé par mon prédécesseur Willy Borsus, qui a mis en place une cellule petits producteurs pour les accompagner au sein de l’Afsca. Je vais examiner les pistes qui nous permettraient de renforcer cette cellule.
Que voulez-vous dire par "pistes" ?
C’est une cellule de trois personnes qui accompagne les petits producteurs dans le cadre de l’élaboration du produit. Exemple : combien de jours peut-on laisser une tarte au riz à l’extérieur ? C’est ce qui a permis d’assouplir les règles. Il y a toute une formation du petit producteur qui est prise en charge par l’Afsca. Trois temps-pleins, c’est bien. Je souhaiterais renforcer cette cellule.
On a reproché à votre prédécesseur de resserrer le budget de l’Afsca. Allez-vous l’augmenter ?
Je constate que ces économies sont essentielles pour le budget de l’Etat. Malgré ces économies budgétaires, l’Afsca a pu réaliser, de 2014 à 2016, davantage de tests avec analyses de laboratoire. Je rappelle que la Belgique est le pays qui a détecté le fipronil.