20 ans de prison requis pour Abdeslam et Ayari, le procès suspendu jusque jeudi

Le procès de Salah Abdeslam s'est ouvert ce lundi au Palais de Justice de Bruxelles. L'homme est jugé, avec Soufien Ayari, pour sa participation présumée à la fusillade de la rue du Dries, à la fin de sa cavale en mars 2016.

Rédaction (avec Belga et AFP)

Le procès de Salah Abdeslam s'est ouvert ce lundi au Palais de Justice de Bruxelles. L'homme est jugé, avec Soufien Ayari, pour sa participation présumée à la fusillade de la rue du Dries, à la fin de sa cavale en mars 2016. Lors de l'audience matinale, les deux prévenus ont adopté une posture différente. Soufien Ayari, le premier interrogé a répondu à certaines questions du tribunal mais a botté en touche sur l'une ou l'autre question précise. De son côté, Salah Abdeslam n'a pas souhaité collaborer."On m'a demandé de venir. Il y a un procès. J'en suis l'acteur. Je garde le silence. Le silence ne fait pas de moi un coupable ni un criminel".

En début d'après-midi, après un débat technique, la procureure fédérale Kathleen Grosjean a entammé son réquisitoire. A l'issue d'une longue reprise des faits, la procureure fédérale a tenté démontrer que Sofien Ayari avait bien tiré sur les policiers lors de cette perquisition (son ADN a été retrouvé sur la détente et les chargeurs). Abdeslam n'aurait donc pas tiré, mais cela n'a aucun impact car il peut être considéré comme coauteur selon la procureure fédérale.

20 ans de prison requis

La procureure a requis la préméditation dans les agissements des deux prévenus ce jour-là. Elle réclame donc 20 ans de prison pour tentative d'assassinat dans un contexte terroriste en tant que coauteurs, avec 13 ans de peine de sureté. Il s'agit de la peine la plus lourde prévue par le code pénal belge.

Dossier
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Lundi en fin de journée, c'était au tour de Me Allié, qui représente plusieurs policiers blessés rue du Dries, de plaider. "On peut dire merci aux policiers", a-t-elle dit. "Le policier qui est intervenu en premier pour défoncer la porte à coups de bélier, parce qu'il n'y avait pas de serrurier de disponible, a continué son travail alors qu'il a rapidement été touché par balle. Et les policiers étaient à leur poste dès le lendemain", s'est-elle exclamée. "Une cellule de l'Etat islamique active en Belgique a été cassée" grâce à cette action, a insisté l'avocate.

Sven Mary
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Un procès en avance sur le planning

Initialement, le procès devait encore se tenir ces mardi, jeudi et vendredi mais suite au silence de Salah Abdeslam et le faible nombre de parties civiles, le procès s'est fortement accéléré. Sven Mary, l'avocat de Salah Abdeslam, a demandé à pouvoir plaider jeudi, comme cela était prévu, et non mardi comme proposé par la présidente du tribunal. Le procès est donc suspendu jusque jeudi matin. Les débats reprendront alors avec les dernières plaidoiries des parties civiles, puis la défense des deux prévenus jeudi après-midi. Le jugement sera alors mis en délibéré et prendra plusieurs semaines avant d'être rendu.

Le résumé de l'audience de ce lundi matin

Le Palais de Justice a ouvert ses portes à 06h30, alors que des dizaines de journalistes patientaient déjà dans un froid glacial.

L'audience a ouvert à 9h, une heure après l'arrivée de Salah Abdeslam au Palais de justice de Bruxelles. Cheveux longs, barbu, vêtu d'une veste gris clair et d'un pantalon noir, le seul survivant des attentats de Paris a choisi de ne pas collaborer lors de l'audience de ce lundi matin. "Je ne souhaite pas répondre", a-t-il dit, refusant même de se lever à l'invitation de la juge qui préside les débats, Marie-France Keutgen. "On m'a demandé de venir. Il y a un procès. J'en suis l'acteur. Je garde le silence. Le silence ne fait pas de moi un coupable ni un criminel".

Dessin Abdeslam
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"Abdeslam n'a pas tiré"

Un peu plus tôt, pendant près d'une heure, l'autre prévenu du procès, SoufienAyari a répondu aux questions de la présidente. Le Tunisien de 24 ans, revenu de Syrie par l'Allemagne en aout 2015, a reconnu sa présence dans l'appartement de la rue du Dries de Forest le 15 mars 2016. Sur les deux kalachnikovs présentes dans l'appartement ce jour-là, Ayari reste évasif. "Je me suis déjà expliqué, je ne souhaite pas revenir dessus", a-t-il répondu plusieurs fois, renvoyant la juge à ses PV d'auditions. "Qui a tiré sur les policiers lorsqu'ils sont entrés dans l'appartement ?", insiste , Marie-France Keutgen. "C'est Belkaid (le troisième suspect, mort lors de la fusillade, ndlr). Abdeslam n'a pas tiré."

Ayari ne révélera pas non plus les détails de sa fuite de Forest, accompagné de Salah Abdeslam, alors que le quartier de la place Saint-Denis était bouclé par la police et les médias du monde entier. Ce qu'il s'est passé entre la fusillade de Forest, le 15 mars, et l'arrestation d'Abdeslam et Ayari à Molenbeek trois jours plus tard, n'est pas établi.

Pr�sidente
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Un attentat prévu à l'aéroport d'Amsterdam Schipol ?

Même si ce procès ne concerne pas directement les attentats de Paris, mais uniquement la fusillade de la rue du Dries, Marie-France Keutgen a quand même interrogé Ayari sur sa journée du 13 novembre 2015. Ce jour-là, accompagné d'Ossama Krayem, il fait un aller-retour aux Pays-Bas, à l'aéroport de Schipol. Qui a payé les billets ? Avec quel argent ? "Je me suis déjà exprimé à ce sujet" répond Ayari qui ne donnera aucune explication. La piste d'un attentat à l'aéroport néerlandais le même jour que les attentats de Paris est apparue dans l'enquête.

L'interrogatoire de Sofien Ayari se termine sur ses motivations vis-à-vis des attentats commis par l'Etat islamique. "Je n’ai pas participé à ces attentats, je me suis expliqué largement pendant mes auditions, mon intention était de retourner en Syrie", argumente Ayari qui disait risquer la prison dans son pays, la Tunisie.

Abdeslam
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"Je n'ai pas peur de vous"

L'audience a été suspendue à 11h45 sur un nouveau refus de parler de Salah Abdeslam. "Je ne souhaite pas répondre, à aucune question", mais "mon silence ne fait pas de moi un criminel, c'est ma défense", a-t-il déclaré, entouré de deux policiers encagoulés. "Maintenant il y a des preuves dans cette affaire, des preuves tangibles, scientifiques, j'aimerais que ce soit sur ça qu'on se base et qu'on ne se base pas, qu'on n'agisse pas pour satisfaire l'opinion publique", a poursuivi Salah Abdeslam. "Maintenant, jugez-moi, faites ce que vous voulez de moi, moi c'est en mon Seigneur que je place ma confiance". "Je n'ai pas peur de vous, je n'ai pas peur de vos alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c'est tout, je n'ai rien à ajouter", a-t-il conclu.

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