Geen commentaar: Les Pays-Bas se moquent de Bo Van Spilbeeck... et la Flandre se moque de tous les "taboes"
Publié le 10-02-2018 à 16h47 - Mis à jour le 10-02-2018 à 16h58
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Le changement de sexe d’un grand reporter de VTM a été largement commenté fin janvier dans les médias. Et c’était bien l’objectif recherché par Bo Van Spilbeeck - anciennement Boudewijn Van Spilbeeck. La journaliste vedette a médiatisé son coming out dans l’espoir de favoriser un meilleur accueil des personnes transgenres dans la société.
Son geste a incontestablement suscité de la sympathie. Il a aussi été pastiché dans "Voetbal Inside", une émission mi-sportive mi-sarcastique diffusée aux Pays-Bas. L’ancien footballeur René van der Gijp est apparu dans le studio coiffé d’une volumineuse perruque blonde en se faisant appeler Renate. La référence à Bo Van Spilbeeck était évidente. Elle n’a pas fait rire. Le trait d’humour est même plutôt mal passé. Les critiques ont plu après la diffusion de l’émission. Le pastiche a été jugé de mauvais goût, déplacé, choquant. Il a, dans la foulée, soulevé aux Pays-Bas un débat vieux comme le monde : y a-t-il des limites à l’humour et si oui, où faut-il les placer ?
Sans "Taboe"
Il se fait que, au même moment, le débat s’est posé en Flandre. Là encore, la polémique est partie d’une émission satirique. Mais ce n’est pas un franchissement de limites qui a été contesté. C’est, au contraire, le refus manifeste d’en transgresser une.
"Taboe" est une nouvelle émission diffusée le dimanche soir sur la Een (VRT). Programmée la première fois le 21 janvier, elle a de suite fait un carton. Dimanche dernier, "Taboe" a attiré plus de 1,6 million de téléspectateurs. Un tel record l’aurait placée à la deuxième place du hit-parade des audiences flamandes en 2017.
Le concept de l’émission a, il est vrai, de quoi séduire. L’humoriste Philippe Geubels qui en est la cheville ouvrière a fait le pari de se moquer de gens dont on ne peut pas se moquer : les infirmes, les homosexuels, les obèses, etc.
Voilà le genre de blagues qu’il raconte dans son programme : "C’est un docteur qui s’adresse à un malade en phase terminale et qui lui dit : ‘J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La bonne, c’est qu’on annonce la sortie d’un troisième film tiré de la série FC de Kampioenen. La mauvaise, c’est que vous ne pourrez pas le voir.’"
Deux poids deux mesures
Dimanche dernier, "Taboe" se proposait de mettre en scène 5 personnes de couleur de peau différente. Le comique allait donc se moquer des minorités ethniques. Ce qu’il n’a pas manqué de faire. Mais de façon sélective. S’il a raillé la foi de Willy, un réfugié chrétien venu du Rwanda, il n’a pas eu un mot pour celle d’Illias, un Flamand d’origine marocaine.
Dans une opinion publiée dans "De Morgen", le théologien Hans Geybels (KUL) est tombé à bras raccourcis sur l’humoriste. "Geubels, écrit-il, ne s’est pas retenu de rire de musulmans par respect, mais pas peur." Car s’il avait eu du respect pour les convictions religieuses, il n’aurait pas attaqué celle du jeune Rwandais. Et le théologien de regretter cette différence de traitement dans une émission qui prétend, selon lui, faire voler en éclats tous les tabous.
Philippe Geubels a été défendu. Notamment par un autre animateur vedette de la VRT, Stijn Van Der Stockt, qui a expliqué l’idée que "Taboe" ne cherchait pas à franchir des frontières, mais à voir où elles se situent en fonction des interlocuteurs. Ce qui renvoie, au fond, à la célèbre phrase attribuée à Desproges : "On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui." C’était il y a 35 ans. Le débat n’a pas beaucoup avancé.