45 millions d'euros pour sécuriser les aéroports wallons: voici les détails du plan à Liège et Charleroi
Le plan d’investissement wallon prévoit cette somme pour sécuriser et moderniser les aéroports de Liège et de Charleroi, en réponse aux attentats de 2016 à Zaventem.
Publié le 23-05-2018 à 07h12 - Mis à jour le 23-05-2018 à 10h14
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Le plan d’investissement wallon prévoit cette somme pour sécuriser et moderniser les aéroports de Liège et de Charleroi, en réponse aux attentats de 2016 à Zaventem.
18.823 millions d’euros pour l’aéroport de Charleroi (Brussels South Charleroi Airport), 26.176 millions pour celui de Liège (Liège Airport). C’est le montant des enveloppes qui doivent être dédiées à la modernisation et à la sécurisation des deux aéroports wallons, mais aussi de leurs abords. Soit 45 millions d’euros qui sont prévus au total dans le plan wallon d’investissement. Ce plan, baptisé Projet 24 , doit encore être validé par le gouvernement wallon ce jeudi. Il est porté par Jean-Luc Crucke (MR), ministre en charge des aéroports. La DH a pu se procurer les principales innovations, technologies, constructions de bâtiments et autres sécurisations prévues dans ce Projet 24 . Ces investissements doivent couvrir la période 2019-2024. Une première enveloppe avait déjà été consacrée aux aéroports suite aux attentats de mars 2016 qui ont endeuillé la Belgique. Les montants se sont cependant révélés insuffisants au regard des mesures importantes à adopter pour se conformer aux règlements européens.
Tour de contrôle digitale, filtrage des passagers et du personnel de l’aéroport, détection d’explosifs, amélioration de la qualité de l’analyse des bagages de cabine, caméras nocturnes, barrières de sécurité, etc. Ces 45 millions d’euros doivent permettre d’augmenter le niveau global de sûreté dans les aéroports wallons, en réponse aux attentats de mars 2016. Ils seront également dédiés à la création d’infrastructures nouvelles pour la police, les douanes ou l’AFSCA.
Ils permettront par ailleurs une amélioration de la sécurité aérienne, et garantiront la continuité des opérations de contrôle.
Concernant l’aéroport de Liège, c’est la SOWAER (Société Wallonne des aéroports) qui se verra confier le soin de réaliser les investissements prévus. Elle mettra ensuite gratuitement ceux-là à disposition de la société de gestion des aéroports.
Pour Charleroi, les sommes seraient versées directement à Brussels South Charleroi Airport, par l’intermédiaire d’un arrêté de subvention annuel.
Dès 2019, donc sous la prochaine législature, 9.193 millions d’euros doivent être engagés à Charleroi, et 4.026 millions d’euros à Liège.
Des investissements qui doivent permettre de pérenniser les quelque 12.000 emplois liés de près ou de loin à ces deux pôles aéroportuaires.
Une tour de contrôle digitale
Belgocontrol et la Sowaer finalisent actuellement une étude qui doit déterminer la meilleure solution pour, à l’avenir, assurer le contrôle aérien dans les aéroports de Liège et de Charleroi, comme l’augmentation à venir du trafic.
Elle préconise de construire une “tour de contrôle digitale” , qui serait érigée en dehors de l’enceinte de l’aéroport. En pratique, il s’agira d’un bâtiment d’une centaine de m2, qui abriterait quotidiennement les contrôleurs aériens. En lieu et place d’une vue panoramique sur le ciel, ceux-ci trouveraient devant eux un mur d’écrans d’ordinateurs. Plus étonnant : cette tour de contrôle serait commune aux aéroports de Liège et Charleroi !
En effet, Belgocontrol étudie sérieusement la possibilité de trouver un site commun pour les deux aéroports. Cette solution est privilégiée afin de réaliser des économies d’échelle et pour répondre au mieux aux contraintes des deux sites, comme par exemple les pics de trafic. Après une période d’adaptation, elle est destinée à devenir la vigie principale de contrôle de ces aéroports. Les tours de contrôle actuelles seraient quant à elles rénovées et utilisées en appoint.
Cette tour de contrôle digitale pourra bénéficier, en plus d’une vue directe sur les pistes, d’une technologie de pointe grâce à l’apport technologique des caméras qui pourront être infrarouges, thermiques ou HD. Placées à des points sensibles des sites aéroportuaires, celles-ci permettront de faire profiter le contrôleur aérien de points de vue différents (zoom, vue virtuel 3D). Cette tour de contrôle ultramoderne serait financée à hauteur de 3 millions € par chacun des aéroports (6 millions € au total).
A Charleroi
Un bâtiment de contrôle frontières
Un bâtiment sera construit pour assurer les contrôles par la police des frontières, au départ et à l’arrivée. Le bâtiment sera conséquent : 2.500 m2² sur trois niveaux. Il sera situé sur l’actuel parking VIP de l’aéroport.Au niveau 1, huit boxes de contrôle (donc 16 lignes) seront créés pour permettre le contrôle des passagers extérieurs à l’espace Schengen lors de leur arrivée sur le territoire belge. Le niveau 2 sera consacré aux personnes qui quittent l’espace Schengen (sept boxes de contrôle, soit 14 lignes). La mise en service du bâtiment devrait intervenir au plus tôt en 2020, pour un coût total de 6.775 millions d’euros. Cet investissement répond à un besoin nouveau : l’aéroport de Charleroi augmente graduellement ses destinations hors de l’Union européenne, comme Moscou, Saint-Pétersbourg ou encore Djerba. Et bientôt la Chine et les USA.
Aménagement d’une zone délimitée
Une zone délimitée sera aménagée au sein du sud de l’aéroport de Charleroi. Elle concernera le personnel de l’aéroport, celui des cargos, ou encore les marchandises destinées à transiter vers la zone nord, où se situe le terminal de l’aéroport et les voyageurs.Une barrière virtuelle délimite actuellement le passage entre les zones. Ce qui entraîne de nombreuses fausses alarmes. Cette nouvelle zone délimitée sera obtenue en déplaçant le poste d’inspection filtrage sud . Un bâtiment de 90 m2 sera construit. Il sera équipé d’un détecteur d’explosifs (ETD), d’un portique de sécurité, mais aussi d’une ligne à rayons X sur laquelle pourront transiter les bagages. Une barrière d’accès sera mise en place, ainsi que des clôtures. La mise en service est prévue pour 2019.
1.400 m2 pour la douane et la police
Des bureaux supplémentaires seront mis à disposition des douanes et de la police, dont les effectifs ont été augmentés. D’abord en aménageant 400 m2 de bureaux dans l’aérogare existante. La mise à disposition est prévue pour 2020, avec un investissement de près de 900.000 €. Seront aussi créés 1.000 m2² de bureaux supplémentaires, toujours pour la police et la douane, au-dessus du bâtiment de contrôle aux frontières.
Par ailleurs, les antennes (DVOR-DME) des aéroports de Charleroi et de Liège seront remplacées. Le VOR est un système de positionnement radioélectrique utilisé en navigation aérienne. Un récepteur permet de déterminer la position d’un avion et la route qu’il emprunte. Les antennes utilisées à Charleroi et à Liège devenant obsolètes, Belgocontrol va lancer un marché de remplacement. Plusieurs antennes VOR situées sur le territoire belge seront concernées entre 2019 et 2022. Celles de Charleroi et de Liège devraient être opérationnelles au plus tard en 2022, pour un coût d’un demi-million d’euros chacune (1 million au total).
A Charleroi et Liège
Mieux contrôler les bagages de soute
Les équipements de détection d’explosifs actuels seront remplacés par de nouvelles machines conformes aux nouveaux standards en vigueur. Deux équipements de détection d’explosifs (EDS standard 3- Explosive détection system ) devront être achetés. Ils permettront de contrôler le flux de bagages censés partir en soute, donc dans l’avion. Ce remplacement est rendu nécessaire par la réglementation européenne. Il s’agit de la dernière génération de systèmes de détection d’explosifs. En cas de doute, l’EDS envoie le bagage, de façon automatique, vers un tomographe, une sorte d’appareil qui effectue un contrôle plus approfondi.
Grâce à ce nouveau système, la vitesse du flux de bagages qui part en soute serait améliorée. La mise en service est prévue pour 2020 au plus tard, pour un coût de 4.3 millions d’euros.
A Liège
Sécurité renforcée à Liège Airport
Une amélioration du niveau de sûreté sur les postes d’inspection sera mise en place à l’aéroport de Liège. Un système de sas et de portes automatiques doit être installé. Il fera office de système de blocage pour contrer les tentatives de passages forcés de personnes aux postes d’inspection.
Ce dispositif, prévu pour 2019 et 2020, devrait coûter 800.000 €. Les barrières de sécurité, notamment pour les accès d’urgence, qui protègent le périmètre de secours de l’aéroport de Liège, seront également renforcées.
Les caméras de surveillance existantes seront remplacées par des modèles équipés d’une vision nocturne. Des roads blocker , ces obstacles physiques qui empêchent le franchissement, seront installés, et des appareils à rayon X nouvelle génération seront installés pour le contrôle des bagages et des passagers. Ainsi, la qualité de l’analyse des bagages de cabine et autres objets transportés par le personnel sera renforcée.
Une dalle pour avions d’affaires
La création d’une zone démarquée pour l’aviation d’affaires sera mise en œuvre d’ici à 2019. L’objectif : une surveillance et des contrôles d’accès spécifiques. En pratique, une nouvelle dalle de stationnement d’avions sera construite. Un projet qui se justifie par la nécessité de faciliter les activités d’aviation d’affaires grâce à la mise en place de mesures de sûreté alternatives. Montant estimé de l’opération : 217.000 €. Par ailleurs, il est prévu de construire un bâtiment de plus de 4.000 m2² de bureaux afin d’y réunir les services de douanes. En effet, actuellement, ils sont répartis sur deux implantations. La mise en service est estimée au plus tôt à 2022. En effet, des études et demandes d’autorisation doivent encore être réalisées. Le projet coûtera 11 millions d’euros.
Nouveau poste d’inspection AFSCA
Un poste d’inspection frontalier (PIF), géré par l’AFSCA, sera construit dans la zone nord de l’aéroport, en raison du développement des activités de ce côté de Liège Airport. Actuellement, les clients situés dans la zone nord doivent déplacer toute leur marchandise vers la zone sud, où se situe l’unique poste de l’AFSCA. La législation impose le passage par un PIF pour tous les animaux et produits HC (consommation humaine) et NHC (pas prévu pour la consommation humaine) soumis à contrôle. Cette nouvelle implantation permettra de contrôler les animaux vivants, viandes, poissons ou encore les produits pharmaceutiques importés à Liège ou exportés via cet aéroport. 1.575 m 2 ² d’installations spécialisées directement connectées à la piste sont prévus. Elles devront permettre de contrôler plus de 250 tonnes de marchandises par jour.
Rénovation du radar d’approche
Le radar d’approche (de type primaire) présent à proximité de l’aéroport de Liège sera remplacé par un radar de type secondaire. Le radar d’approche de précision (RAP) actuel peut suivre les déviations latérales et verticales de la trajectoire de descente d’un avion lors de son atterrissage sur un aéroport. Il permet de suivre toute la procédure d’approche et de donner des instructions au pilote pour effectuer les corrections nécessaires.
Un dispositif indispensable à la sécurité aérienne ! Au vu de l’évolution technologique des radars, le nouveau sera de type dit “second aire” . En effet, il permettra une communication avec le transpondeur (émetteur) de l’avion. Coût de l’opération : 5 millions d’euros pour une mise en place au plus tard en 2022.