Les derniers préparatifs d’un service minimum sur le rail sous haute tension
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Publié le 27-06-2018 à 08h27 - Mis à jour le 27-06-2018 à 14h01
Lundi soir, des cheminots ont été confrontés à un bug informatique… que certains attribuent à la CGSP. Intox ?A quelques heures de la "grande première", le monde du rail belge est sur le pied de guerre. Et pour cause : la loi sur le service minimum en cas de grève - autrement appelé "service garanti" selon le vocable usité par le gouvernement Michel - se déploie pour la première fois cette semaine sur les lignes de chemin de fer. Inutile de dire que les équipes des deux sociétés concernées, la SNCB et Infrabel, carburent à plein régime.
Pour mémoire, la CGSP mènera une action de grève de 48 heures dès ce jeudi 28 juin à 22 heures. Le syndicat socialiste dénonce essentiellement le fait que tous les cheminots ne figureront pas sur la liste des métiers pénibles qui sert pour le calcul de la pension, référence faite ici à la réforme portée par le ministre libéral Daniel Bacquelaine.
Les deux autres grands syndicats, chrétien et libéral, n’ont de leur côté pas déposé de préavis de grève. Ainsi, sur les 32 000 cheminots que comprend le rail belge, un peu plus de la moitié sont affiliés à la CGSP. Comprenez : la grève qui se profile risque de générer pas mal de perturbations sur le rail. Cela étant, une nouvelle donne - de taille - est désormais à prendre en considération, soit l’entrée en vigueur, imminente, du service minimum. Il s’agit d’une première dans l’histoire sociale de notre pays. Une "étape majeure en termes de modernisation", se félicitent ses défenseurs. Une "entrave au droit de grève", déplore le monde syndical.
L’étendard du gouvernement Michel
"La mise en place du service minimum sur le rail déforce considérablement le rapport de forces", dénonce Philippe Dubois, secrétaire permanent bruxellois de la CGSP Cheminots. En France, l’entrée en vigueur du service minimum sur le rail a eu pour effet de générer trois fois plus d’actions de grève. Cela va être pareil chez nous. Les syndicats n’auront d’autre choix que de montrer plus souvent les dents", prévient-il.
La loi relative à la continuité du service de transport ferroviaire de personnes en cas de grève a été votée en juillet 2017. Elle matérialise l’un des engagements du gouvernement Michel. Le texte prévoit entre autres que les travailleurs qui ont un rôle "essentiel" dans le trafic ferroviaire doivent se manifester 72 heures avant le début de l’action afin d’indiquer s’ils prendront part à la grève ou non. L’objectif : permettre aux deux opérateurs d’élaborer un service alternatif de trains pour chaque jour de grève sur la base des effectifs qui seront disponibles.
Un casse-tête que la SNCB et Infrabel tentaient toujours de résoudre mardi en fin d’après-midi. En vue de la grève de ce jeudi, les travailleurs avaient en effet jusqu’à lundi 22 heures pour faire connaître leur choix - le travail ou la grève - via un logiciel. "Certains de nos affiliés nous ont toutefois signalé la présence d’un bug empêchant la bonne réalisation de l’encodage", confirme Michel Abdissi, président national de la CGSP Cheminots. En coulisses, d’aucuns soutiennent que c’est le syndicat socialiste lui-même qui aurait envoyé un mot d’ordre à ses affiliés leur exhortant de se connecter au système informatique le plus tardivement possible et simultanément afin de provoquer la saturation de celui-ci. "Enfumage complet !", fulmine M. Dubois de la CGSP Bruxelles. La journée de ce mercredi s’annonce sous haute tension.