A peine 4% des gares tout à fait adaptées aux personnes handicapées
Une cinquantaine d’associations demandent un plan d’accessibilité à la SNCB dans un courrier au ministre Bellot.
Publié le 03-07-2018 à 07h26 - Mis à jour le 03-07-2018 à 07h27
Une cinquantaine d’associations demandent un plan d’accessibilité à la SNCB dans un courrier au ministre Bellot.En Belgique, une personne sur trois a des difficultés pour monter dans un train. Un chiffre interpellant derrière lequel se cache une réalité oubliée. En effet, l’accessibilité n’est pas que l’affaire des personnes handicapées. Elle touche toutes les personnes à mobilité réduite (dites PMR) : un papa avec une poussette, un étudiant ou un touriste qui trimballe sa valise, un adolescent en béquilles, une future maman, une personne âgée… Autrement dit : à un moment ou un autre de notre existence, nous sommes tous concernés. Pour le Collectif Accessibilité Wallonie Bruxelles (Cawab), les efforts en matière d’accessibilité réalisés par la SNCB sont encore insuffisants. "Oui, certaines choses se sont améliorées. Il faut le saluer. Mais les mesures sont réalisées au compte-gouttes", souligne Nino Peeters, membre du Cawab et président de l’ASBL Passe le message à ton voisin.
Un audit annuel et un plan budgétisé
Dans un courrier envoyé lundi à François Bellot, ministre de la Mobilité (MR), le Cawab ainsi qu’une cinquantaine d’associations réclament une meilleure accessibilité aux gares, aux quais et aux trains. L’objectif de la lettre est double. Primo, le Cawab demande qu’un audit soit réalisé sur l’ensemble du réseau ferré et publié annuellement (comme l’étude menée par les Tec en début d’année). "Il est temps de faire un état des lieux, explique Nino Peeters. C’est nécessaire : aujourd’hui, on sait à peine où l’on est. Mais surtout, on ne sait pas où l’on va."
Secundo, le Cawab invite le ministre à mettre sur pied un plan stratégique d’accessibilité afin de garantir que les éventuelles promesses formulées soient tenues. "Il faut un plan avec des budgets et des échéances. Ce que l’on reproche à la SNCB, c’est de manquer de vision à long terme. Acheter du nouveau matériel roulant, c’est bien. Sauf qu’il n’est pas compatible avec la hauteur des quais. Ces rames vont servir pendant 30-40 ans… On ne peut donc même pas oser espérer que d’ici 30-40 ans, l’accessibilité se sera améliorée !", fustige-t-il, pointant du doigt un manque de volonté politique.
Des chiffres contestés
Pour rappel, le service d’assistance aux personnes à mobilité réduite de la SNCB (appelé B for You) a été renforcé l’an dernier. Le nombre de gares où l’assistance personnelle peut être réservée jusqu’à trois heures à l’avance était alors passé de 18 à 41. Dans 131 autres gares et points d’arrêt de la SNCB, une réservation 24 heures à l’avance est demandée. En outre, lorsqu’une gare est rénovée, les quais sont tous mis au niveau standard (76 cm).
Le Cawab ne nie pas les avancées de la SNCB. Mais estime que ces chiffres sont parfois une mascarade (voir infographie). "Certaines gares sont intégralement accessibles mais le service d’assistance n’y est pas disponible. Et vice versa", regrette Nino Peeters. Selon les calculs du collectif, seules 21 gares (sur 546) remplissent les conditions décrites par la SNCB pour qu’une personne à mobilité puisse s’y rendre en toute autonomie. Même pas 4 %.
La gare de Schuman : un cas d’école
La question de l’accessibilité n’est pas une revendication neuve. Mais la lutte a repris de plus belle depuis la rénovation de Bruxelles-Schuman. "C’est elle qui a tout déclenché", se souvient Nino Peeters, désignant la station Schuman comme "le meilleur mauvais exemple d’utilisation des deniers publics". Mise en service en 2016 après plusieurs années de travaux, elle est intégralement accessible aux personnes à mobilité réduite : guichet spécial, toilettes adaptées, ascenseurs, etc. Il faudra toutefois attendre janvier 2018 pour que les voyageurs en chaise roulante puissent monter à bord des trains : le service B for You n’y existait pas avant. Pour l’anecdote, Nino Peeters, trentenaire paraplégique, avait été invité à tester les nouvelles rampes d’accès après avoir dénoncé pendant des mois l’absurdité de la situation à la gare Schuman.
