Quand l’aéroport de Liège accueille plus de 5000 chevaux et se transforme en manège aérien de luxe
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Publié le 05-09-2018 à 11h44 - Mis à jour le 05-09-2018 à 13h35
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À Bierset, les chevaux qui prennent l’avion sont traités comme des rois.Ils doivent s’y mettre à cinq pour réussir à la faire avancer dans son box. Une carotte devant pour l’attirer et des gros bras de palefreniers pour la pousser derrière : Mount St John Freestyle, une jument anglaise, n’est pas d’humeur à prendre l’avion.
Elle va pourtant finir par rentrer dans le Boeing 777 d’Emirates qui l’attend ainsi que les 44 chevaux de compétition qui sont partis ce mardi matin depuis l’aéroport de Liège-Bierset en direction de celui de Greenville, en Caroline du Sud, aux États-Unis.
De là, ils rejoindront le site de Tryon, à une cinquantaine de kilomètres de Greenville, où se tiendront, du 11 au 23 septembre prochains, les Jeux équestres mondiaux. Avec plus de huit disciplines différentes, allant du dressage au saut d’obstacles, cette véritable Coupe du monde du sport équestre a lieu tous les quatre ans.
Le petit aéroport de Greenville s’apprête ainsi à recevoir "la plus importante arrivée de chevaux par avion jamais réalisée aux États-Unis".
Et à Liège, c’est aussi le branle-bas de combat depuis plusieurs jours, puisque dix vols doivent décoller en direction de la Caroline du Sud, avec près de 500 chevaux au total à bord. Slovaquie, Royaume-Uni, Suède ou Espagne… ce sont les meilleurs chevaux européens qui vont passer par Bierset.
Des tentes au traitement VIP
Car à Liège, ces passagers à quatre pattes, dont la valeur de certains peut atteindre des millions d’euros, sont "bichonnés". Sol en caoutchouc pour éviter les chutes, vétérinaires à disposition, boxes de luxe, douches et salles à manger avec wi-fi pour les palefreniers : le Horse Inn de l’aéroport de Liège est une véritable "business lounge" pour les chevaux.
De quoi leur faire attendre très confortablement leur avion. En général, ils viennent ainsi la veille pour être dans des conditions optimales pour leur grand vol. "Je travaille pour différents aéroports et nulle part au monde, il n’existe de telles infrastructures pour le transport de chevaux", explique Henry Bullen, le directeur de Peden Bloodstock, une société spécialisée dans le domaine. Je me souviens que lors des Jeux équestres de 2010 au Kentucky, on avait dû installer des tentes ici à Bierset pour accueillir les chevaux et on mettait des tapis au sol pour éviter qu’ils ne glissent. Cela n’a vraiment plus rien à voir."
Imaginé juste après 2010, le Horse Inn de Liège et ses 55 boxes pour chevaux aura coûté plus de 2,5 millions d’euros à l’aéroport. "Nous espérons transporter plus de 5 000 chevaux cette année, explique José Happart, premier vice-président de Liege Airport. Le Horse Inn sera rentable d’ici 2 à 3 ans."
L’idée est d’aussi attirer les transporteurs routiers de chevaux en les incitant à faire escale dans l’un des boxes du Horse Inn. Ces chevaux viennent d’Europe, mais aussi de Belgique : le sport équestre, avec 200 000 cavaliers, dont 77 000 sont affiliés à la Fédération et plusieurs ont des titres internationaux, a une place de choix dans notre pays. Il représenterait même un chiffre d’affaires estimé à 3,5 milliards d’euros en Belgique.
Un équipage et des décollages en douceur
Revenons à nos avions. En général, les chevaux voyagent à deux (classe affaires), ou à trois (classe économique) par box. Indoctro, un étalon belge considéré comme "dangereux", du moins c’est ce qui est écrit sur sa fiche, voyagera lui seul en classe Première.
Les billets pour un voyage aux États-Unis vont de 2 500 euros (classe économique) à 8 000 euros en Première pour les chevaux. "Pour ce prix-là, il vaut mieux gagner une médaille, autrement cela ne vaut pas vraiment le coup", souffle Felix-Marie Brasseur, ambassadeur du Horse Inn.
À l’intérieur de l’avion, les chevaux disposent de leur propre équipage de bord, soit onze personnes au total, dont un vétérinaire et deux palefreniers, pour satisfaire les moindres désirs des chevaux. "E n général, cela se passe très bien. Il y a peut-être un ou deux problèmes par an au maximum", explique un professionnel du secteur.
Le traitement VIP est total : les pilotes effectuent des décollages et des atterrissages en douceur pour éviter de trop secouer les chevaux.