Procès Nemmouche : qui est Sébastien Courtoy, cet avocat sulfureux qui irrite et fascine à la fois
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- Publié le 09-01-2019 à 15h50
- Mis à jour le 09-01-2019 à 17h58
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Pour beaucoup, dans les dossiers de terrorisme, il n’est de meilleurs avocats que Me Sébastien Courtoy et son comparse Me Heni Laquay. Sans surprise, ils seront, aux côtés de Me Virgnie Taelman, les conseils de Mehdi Nemmouche, le principal accusé du procès de la tuerie du Musée juif, devant les assises de Bruxelles-Capitale.
Le plus “flamboyant” du trio est, sans conteste, Sébastien Courtoy, un plaideur qui est loin de faire l’unanimité au sein de la profession mais qui n’en a cure. Ne lui dites pas qu’il est un provocateur, il estime qu’il fait son travail et que, ce faisant, il n’a de comptes à rendre à personne, sinon à ses clients.

Une quenelle avec Dieudonné Peu importent les civilités, les accommodements raisonnables, le politiquement correct. La cause qu’il défend, le respect du droit et de la procédure passent, à ses yeux, avant toute autre considération et méritent, s’il échet, l’adoption d’un ton agressif voire dérangeant.
A 44 ans, Me Courtoy a derrière lui une riche expérience et une brochette d’acquittements dans des affaires tout sauf gagnées d’avance. Plutôt bien né, élevé en Brabant wallon, élève des Jésuites, à Namur puis à Bruxelles, il termine ses études de droit par un stage chez Michel Graindorge, pas le plus conformiste des maîtres.
Il aurait pu devenir médecin, comme son père, mais si côtoyer les infirmières avait de quoi l’attirer (c’est lui qui le dit), son côté hypocondriaque lui a fait préférer le droit.
Il a à peine 30 ans quand il défend ses premiers clients suspectés de terrorisme. Il en a 38 quand il accepte, aux côtés de Me Laquay, de devenir l’avocat de Dieudonné M’Bala M’Bala. La même année, il prend la défense du converti Jean-Louis Denis, dit le soumis. Et la même année toujours, il se fait prendre en photo, en compagnie de son copain Laquay et du sinistre Dieudonné, en train de faire... une quenelle.
Les deux avocats seront suspendus deux mois avec sursis par le conseil de discipline de l’Ordre du barreau français de Bruxelles mais ils se “consoleront” en recevant des mains de leur client la “quenelle d’or 2012”, prix censé récompenser la subversion.

“L’ami” du parquet fédéral Un mot qui ne déplaît pas au plaideur sulfureux. Et sans complexes. Car Me Courtoy n’aime rien tant que s’attaquer à l’establishment. Une de ses cibles préférées est le parquet fédéral. Il ne sera pas loin de le ridiculiser quand il obtiendra, de la cour d’appel de Bruxelles, une requalification de la prévention qui avait valu au djihadiste Jean-Louis Denis dix ans de prison en première instance. Résultat: la peine est ramenée à cinq ans, ce qui a permis à Jean-Louis Denis de recouvrer la liberté en décembre dernier.
Accusé d’antisémitisme Antisémite Sébastien Courtoy ? Il s’en défend, rappelant que sa mère et son frère, un homme d’affaires, ont fréquenté les milieux juifs et que c’est lui qui proposa à la cour d’appel de Bruxelles de condamner son client Laurent Louis à visiter le camp de concentration d’Auschwitz, en punition de ses propos négationnistes.

Il n’empêche. Celui qui dit fonctionner à l’adrénaline et préparer les procès dont il est acteur en travaillant plusieurs semaines durant dix-huit heures par jour (ce qui lui permet souvent de traquer les failles d’un dossier) est considéré par certains confrères comme une sorte de réincarnation de Louis Ferdinand Céline. On ne jurerait pas que la comparaison déplaise tant que cela à ce fin lettré.
Seul contre tous Au procès Nemmouche, Me Courtoy va-t-il s’attaquer au système ? Développer la théorie du complot ? Impliquer le Mossad, autrement dit les services secrets israéliens ? On peut s’attendre, en tout état de cause, à un “numéro” de sa part. Un numéro qui risque de choquer les parties civiles. Et les jurés ?
L’avocat aura pour la première fois dans ce type de dossier d’autres juges que des juges professionnels en face de lui. C’est un paramètre dont il faudra tenir compte mais dont on peut deviner qu’il l’a intégré depuis longtemps.
Dans les couloirs des palais de justice, Me Courtoy suscite souvent l’opprobre, le mépris voire la détestation. Mais aussi l’admiration et même la fascination, notamment chez les femmes, ce qu’il semble apprécier grandement.
Il aime endosser l’habit du Don Quichotte qui se bat contre les moulins, seul contre tous. Mais il fait aussi parfois penser à un Terminator au verbe fleuri. En tout état de cause, c’est un animal des prétoires et il le restera tant que son métier lui offrira l’excitation qu’il y cherche.
