Greta Thunberg accueillie en superstar à Bruxelles : "C’est elle qui a lancé les marches du climat. Sans elle, il n’y aurait rien eu"
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Publié le 21-02-2019 à 21h40 - Mis à jour le 22-02-2019 à 15h12
"Greta, Greta, Greta !" "Elle est où, Greta ?" Il n’est pas encore tout à fait 13 heures, ce jeudi, et aux alentours de la gare du Nord, à Bruxelles, les jeunes grévistes du climat sont déjà rassemblés pour la septième manifestation "Youth for climate", qui réclame une politique climatique plus ambitieuse. "Greta", c’est Greta Thunberg, 16 ans, désormais célèbre mondialement. Cette Suédoise fut la première à lancer ces grèves, en manifestant chaque vendredi devant le Parlement suédois, exigeant des mesures concrètes contre le changement climatique. "Je trouve ça beau qu’elle soit si engagée pour le climat , déclare Céline, adolescente anversoise de 15 ans, encadrée de ses deux amies, qui tiennent chacune un panneau clamant respectivement "Make the world Greta Again" et "Skolstrejk för Klimatet", soit le slogan en suédois affiché sur le panneau que Greta Thunberg transporte en permanence et qui appelle à la grève scolaire climatique. "Ce qui est le plus impressionnant chez elle ? Depuis septembre, elle ‘brosse’ les cours (pour le climat) le vendredi, et elle continue ! Oui, quand je vois son action, ça me pousse à faire des choses pour avoir un style de vie plus durable. Je roule à vélo et j’essaie d’utiliser moins de plastique, par exemple…"
"Je ne la vois pas !" - "Saute !"
Les jeunes filles ont entendu parler des critiques sur la récupération dont Greta Thunberg ferait l’objet de la part d’organisations environnementales. "Elle a pris cette initiative elle-même, elle a commencé toute seule, devant le Parlement suédois. À présent, peut-être bien qu’on lui paye ses tickets de train, par exemple. Mais elle est indépendante !" Les amies assurent qu’elles ne sont pas spécialement venues pour voir ou rencontrer Greta Thunberg, bien que ce serait "chouette". " Mais ce sera probablement difficile."
De fait. Au moment où une voix annonce "elle est là !", c’est la ruée. Les dizaines de journalistes présents - belges et internationaux - se ruent comme un seul homme vers la fillette, emmitouflée dans une doudoune mauve, ses tresses emblématiques dépassant de son bonnet blanc. Son panneau "Skolstrejk för Klimatet" à la main, elle reste quasi impassible - un demi-sourire là, un petit geste ici. Les stewards en gilet rose et les quelques policiers en civil sont dépassés par la bousculade, et tentent de repousser la meute. "Je ne vois pas Greta", se plaint une manifestante. "Elle est toute petite. Saute !", répond son compagnon. Juste derrière les stewards et à quelques mètres de Greta Thunberg, Kaella et ses copines, 14 ans, venues d’une école d’Auderghem, se congratulent. "T’as vu, elle nous a dit bonjour, quand même !" "C’est elle qui a lancé les marches du climat, qui fait tout avancer. Sans elle, il n’y aurait rien eu, argumentent-elles ! On l’a connue par les réseaux sociaux. On a vu son discours (à la Cop 24 en Pologne et qui a fait le buzz, NdlR). C’était sur la popularité, la richesse… C’était magnifique de sa part de se présenter devant un public comme ça. Si cela avait été une adulte, il n’y aurait pas eu autant d’enfants, d’adolescents qui auraient réagi. Et aussi des politiciens."
"Nous ne changeons pas le monde, nous le sauvons"
Une bonne dizaine de policiers en uniforme arrivent et prennent les choses en main. Les médias sont repoussés derrière le cordon. Impossible pour les manifestants de marcher à côté de l’activiste suédoise, uniquement accompagnée des leaders du mouvement, avec qui elle échange parfois quelques mots ou esquisse un pas de danse, au rythme de la musique diffusée par la voiture de tête.
À proximité de la gare centrale, Greta satisfait "son" public. Elle s’arrête et se retourne vers les manifestants qui scandent alors son prénom. Sur le trottoir, une jeune fille blonde, anglophone, s’extasie d’avoir pu filmer la superstar du jour avec son smartphone. "Oh, j’ai envie d’aller avec eux !" Bon prince, un steward la laisse passer et elle se glisse parmi les manifestants. En revanche, Julie, 20 ans, est pour sa part loin d’être une fan transie : "Je ne suis pas venue pour Greta, mais pour manifester avec les autres étudiants et demander un changement au niveau politique, c’est le plus important. J’ai l’impression qu’il y a un peu un complexe de personnalité autour de cette jeune fille, ce qui doit être une pression pour elle. Je suis partagée au niveau de sa popularité, car si ça peut aussi ramener des jeunes et qu’ils prennent exemple sur elle, c’est une bonne chose…"
C’est l’arrivée à la gare du Midi, où une scène a été dressée pour les discours de clôture. Après un peu de Rage Against the Machine et une chorégraphie sur "YM CA ", les jeunes leaders des grèves climatiques en Allemagne, Pays-Bas et Belgique expliquent leur combat, ou comment Greta les inspire. "Le courage de Greta qui a manifesté seule devant le Parlement suédois est bien plus grand que le courage des leaders mondiaux" , lance la Belge Anuna De Wever, avant de laisser la parole à Greta, qui s’interrompt car les jeunes scandent (à nouveau) son nom : le monde "a attendu trop longtemps" avant d’agir , "mais nous sommes là pour nous assurer que cela cesse !" "On va être chiants, on va continuer la grève jusqu’à ce qu’ils fassent quelque chose ! Nous ne changeons pas seulement le monde, nous le sauvons ", dit-elle encore, avant de rendre le micro, sous les applaudissements.