L'expulsion d'un Iranien annulée in extremis à Zaventem : "Le régime des Mollahs connaît le visage de mon client"
L’homme est descendu de l’avion quelques instants avant le décollage à destination d’Istanbul.
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Publié le 27-01-2023 à 20h32 - Mis à jour le 27-01-2023 à 21h23
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Branle-bas de combat, vendredi matin. Un peu avant 8 heures, les services de l’Office des Étrangers viennent chercher Ali au centre ferme Caricole à Steenockerzeel. Le jeune Iranien, qui a fui le régime des Mollahs et la sanglante répression des mouvements de révolte, embarque dans le convoi. Direction : l’aéroport de Zaventem pour une nouvelle démarche d’expulsion vers Istanbul, quelques jours à peine après la tentative avortée début de semaine.
Il s’agit là de la procédure habituelle : suite à un premier refus de renvoi, les services de migration procèdent à une deuxième tentative, toujours sans escorte policière. Seulement personne n’avait été averti de cette initiative, pas même l’avocat d’Ali, Me Guillaume Lys. Le conseil comptait pourtant introduire une nouvelle demande d’asile pour son client car, depuis lundi et la première tentative d’expulsion, le dossier avait bien changé. En effet, le renvoi d’Ali et de ses deux compatriotes a trouvé un écho dans les médias iraniens, photos à l’appui. Les trois hommes ont eu droit à un reportage sur une télé iranienne, où ils sont présentés comme des opposants du régime. Et c’est là l’élément neuf du dossier. Dans la première décision rendue par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), l’instance qui statue sur le droit à l’asile avait émis des doutes quant à la menace qui pèse sur Ali. Alors insuffisante pour justifier un titre de protection en Belgique. La décision avait été confirmée en appel devant le Conseil du contentieux des Étrangères.
”Désormais, le régime iranien connaît le visage de mon client puisqu’il a été diffusé dans les médias nationaux. Il y a été présenté comme un opposant au régime qu’il a cherché à fuir”, a pointé son avocat. Ce dernier a dès lors saisi la justice en extrême urgence afin de faire interdire l’envol d’Ali vers Istanbul, une étape avant Téhéran. Le hic, c’est que le décollage était prévu pour 11h50. Le temps était plus que serré. Finalement, le président du tribunal de première instance (compétent en l’extrême urgence) a rendu sa décision dans le temps et le renvoi a été annulé, le risque pour la vie d’Ali étant cette fois estimé suffisant pour suspendre son renvoi.
Renvoi suspendu pendant un mois
Encore fallait-il avertir les services de la migration et ceux de l’aéroport. Là encore, le temps pressait.
À 11h54, l’avocat reçoit un message indiquant qu’Ali est bien dans l’avion qui a décollé vers la Turquie. La douche froide. Deux minutes plus tard, il reçoit un autre SMS lui assurant que son client a pu sortir de l’avion et qu’il est bien à Zaventem. “Tous les services se sont mobilisés pour éviter qu’Ali ne monte dans l’avion et ça a fonctionné”, relève l’avocat. Ali était bien sorti de l’avion quelques instants avant le décollage. Il est retourné au centre fermé Caricole à Steenokkerzeel. Son renvoi est suspendu jusqu’au 28 février prochain afin qu’il puisse constituer le dossier de sa nouvelle demande d’asile.
Les deux autres iraniens qui devaient être renvoyés vers Istanbul en début de semaine passeront lundi devant la chambre du conseil. La cour devra statuer sur la demande de remise en liberté déposée par leur conseil plus tôt dans la semaine.