De Wever veut imposer l’autonomie de la Flandre “de manière extralégale”: "Il faudrait un large accord. Sinon, c’est un coup d’État au sens littéral"
Pour Pascal Delwit (ULB), sans un large accord, qui n’existe pas, cette proposition du président de la N-VA s’apparenterait à “un coup d’État au sens littéral.”
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Publié le 29-01-2023 à 18h52 - Mis à jour le 30-01-2023 à 13h40
Le président de la N-VA, Bart De Wever, a affirmé dimanche vouloir imposer l’autonomie de la Flandre “de manière extralégale”.
”Toutes les réformes majeures ont été introduites de manière extralégale puis légalisées”, a-t-il déclaré sur le plateau de l’émission De Zevende Dag de la VRT-télévision.
Bart De Wever l’avait déjà évoqué cette année dans une interview publiée samedi par le journal 'De Tijd', en déclarant : “je pense depuis un certain temps que l’occasion de réformer le légalisme est passée”. “Comme à divers moments de notre histoire nationale, il faudra passer à une réforme extra-légale. Ce n’est pas la première fois. C’est aussi arrivé avec l’enseignement”, avait-il ajouté.
"Toutes les réformes majeures ont été introduites de manière extralégale"
Le président des nationalistes flamands et bourgmestre d’Anvers a répété son message dimanche sur la VRT.
”Dans le passé aussi, des réformes majeures ont été mises en œuvre en dehors de la loi”, a-t-il indiqué. “Toutes les réformes majeures ont été introduites de manière extralégale puis légalisées, j’en ai longuement parlé avec (l’ancien Premier ministre CVP) Jean-Luc Dehaene”.
”Dans ce pays, vous pouvez avoir une certitude : une fois que vous avez (obtenu) l’autonomie en ce qui concerne la gouvernance, elle ne se reconstituera jamais, car pourquoi feriez-vous quelque chose avec une partie du pays qui pense fondamentalement différemment et vote fondamentalement différemment”, a-t-il poursuivi en faisant référence à la Wallonie.
Le président de la N-VA a encore déclaré qu’il ne voudrait participer à un gouvernement fédéral – après les élections générales de 2024 – que s’il avait la garantie d’une réforme aussi fondamentale du pays. “Je ne participerai pas au statu quo. Parce qu’alors l’argent flamand sera perdu”, a-t-il lancé.
”Je ne pense pas que quoi que ce soit puisse jamais fonctionner dans un contexte belge. Pas avec le PS. Mais pas non plus dans une réédition de la Suédoise. Cela n’a plus de sens”, avait affirmé le président des nationalistes au 'Tijd'. “Tant qu’on est attaché à la Wallonie, ça (la réforme de l’État belge) ne marchera pas”.
"Je ne vois pas comment ça peut aboutir"
Pour Pascal Delwit, politologue à l’ULB, cette posture de Bart De Wever, n’est pas tout à fait neuve. “Il avait déjà suggéré cela, en parlant des discussions du château de Lophem, de fin octobre au 21 novembre 1918, où fut décidé le principe du suffrage universel masculin. Sachant que la constitution n’avait pas été revue, certains avaient alors parlé de coup d’État institutionnel. Bart De Wever est dans cette logique car la perspective réelle d’atteindre une réforme de l’État en 2024 devient très compliquée. Et il le sait.”
Pascal Delwit se montre toutefois circonspect sur la méthode. “Je ne vois pas comment sa proposition pourrait aboutir. À Lophem, le processus s’est fait avec l’aval des trois grands partis de l’époque, même si la décision a fait l’objet de critiques du courant conservateur catholique francophone. Pour outrepasser la constitution avec une forme d’acceptation sociale et politique, il faudrait un large accord. Sinon, c’est un coup d’État au sens littéral. Or, il n’y a pas d’accord. Je pense que De Wever vise à détourner l’attention de la situation compliquée qu’il vit à Anvers et aussi à convaincre que si on ne fait rien, en Flandre, ce sera très compliqué en 2024.”