Fabian Maingain, le fils ambitieux d’Olivier, se profile comme le nouvel homme fort de Défi
Fabian Maingain, nouveau président de la Fédération bruxelloise de Défi, se positionne “en leader bruxellois” du parti. Avec en ligne de mire la tête de liste régionale 2024 et un poste de ministre.
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Publié le 03-02-2023 à 06h45 - Mis à jour le 03-02-2023 à 14h55
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Les prénoms changent, les noms restent. En Belgique, la politique reste souvent une histoire de famille. Chaque camp a ses dynasties : les De Croo, Ducarme et Michel chez les libéraux, les Moureaux, Collignon et Daerden côté socialiste. Chez Défi, c’est désormais le fils d’Olivier Maingain, président durant 18 ans, qui s’apprête à reprendre le flambeau familial.
Fabian Maingain se profile depuis décembre comme le nouvel homme fort de l’ex-FDF. Son statut a évolué avec son élection en décembre dernier à la présidence de la Fédération bruxelloise du parti, qui doit lui servir de tremplin. Le sujet agite les conversations au sein du parti.
Car à 36 ans, ce diplômé en Administration publique (ULB), échevin à la Ville de Bruxelles et ex-député bruxellois, est en train de passer du statut de fils du président et honnête mandataire, à celui de premier couteau. Les indices convergent. Le Bruxellois a demandé et obtenu de participer aux réunions parlementaires du groupe Défi au Parlement bruxellois. Le parti l’a mis en avant lors des vœux à la presse. Et récemment, il est monté au créneau, au nom du parti, pour tacler Rudi Vervoort (PS) sur le communautaire.
Il s'assume en "nouveau leader bruxellois"
Fabian Maingain ne conteste pas l’analyse. Il s’assume en tant que nouveau “leader bruxellois” du parti. Avec en ligne de mire la tête de liste aux élections régionales en 2024 ? “C’est une possibilité”, reconnaît-il. “Je veux porter la voix de Défi en 2024 et m’impliquer dans le parti. Mais je suis un homme de collectif. Je n’ai pas de plan de carrière, précise-t-il. On le sent, dans un premier temps, plus concentré sur une entrée au gouvernement bruxellois qu’à une présidence de parti, réattribuée dans 4 ans. “J’ai une expérience d’échevin à la Ville de Bruxelles, qui n’est pas un petit exécutif, mais aussi comme parlementaire.”
La question dépendra aussi du choix de Bernard Clerfayt. Le ministre bruxellois de l’Emploi tient en effet toujours le parti en haleine quant à un éventuel retour comme bourgmestre de Schaerbeek.
La question de son remplacement en tant que chef de file bruxellois n’est toutefois pas tranchée, selon François De Smet, président de Défi. “Fabian Maingain est dans un nouveau rôle, il est donc logique qu’il prenne davantage de place. On attend beaucoup de la présence sur le terrain et c’est la force de Fabian Maingain.”
Il y aura d’autres candidats. Joëlle Maison, députée bruxelloise, apparaît aux yeux de certains comme la plus “ministrable”, tandis qu’Emmanuel De Bock et Michaël Vossaert auront également des atouts à faire valoir.
"Céder la place, ça je ne fais plus"
“Lui céder la place, a priori, ça, je ne fais plus (rires). Mais si on peut me convaincre qu’il est un meilleur candidat, je n’en nourrirai aucune frustration”, assure Joëlle Maison. “C’est un brillant orateur. Il connaît bien la ville. Mais ce pourrait être aussi mal vécu par le groupe parlementaire que la tête de liste ne vienne pas de son sein.”
Tous s’accordent sur un point. Fabian Maingain, dont le patronyme n’est certes pas le moindre atout, a malgré tout veillé à tracer sa propre trajectoire, avec un style personnel
”Cette montée en puissance de Fabian est d’abord liée à sa personnalité, c’est une personne qui occupe assez naturellement plus de place au sein du parti. Et il se repositionne en interne dans la perspective des échéances électorales à la Région, car son mandat à la Ville de Bruxelles est fort dépendant du PS”, analyse Christophe Magdalijns (Défi), député bruxellois réputé franc-tireur.
Certains ne peuvent toutefois s’empêcher de rappeler le rôle joué par Olivier Maingain lors de la campagne pour la présidence nationale. L’ancien président a réservé son soutien à François De Smet pendant de longues semaines. Cela a été interprété en interne comme un soutien implicite à son concurrent, Michael Vossaert. Or, la candidature du Molenbeekois avait été concertée avec celle de Fabian Maingain. En se présentant pour la présidence nationale, Mickaël Vossaert libérait le poste bruxellois pour Fabian Maingain…
Le résultat ? François De Smet, élu avec à peine 59 % des voix de ses militants, ne sort pas renforcé de l’élection, tandis que Mickaël Vossaert, malgré une belle campagne, n’apparaît pas comme incontournable. Fabian Maingain est le vrai gagnant de cette séquence.
"Un jeu de stratégo subtil d’Olivier Maingain pour repositionner son fils"
”J’ai perçu la campagne du parti comme un jeu de stratégo subtil d’Olivier Maingain pour repositionner son fils et lui donner une place centrale, en vue de la tête de liste régionale”, pointe Christophe Magdalijns. Avant, à terme, de viser la présidence ? “Cela se dit aussi en interne, mais avec plus de réserve. Quelle serait l’image renvoyée, d’avoir le fils après le père ?”
Olivier Maingain se défend de tout interventionnisme. “Fabian fait son parcours de manière autonome et il n’accepterait d’ailleurs pas que je le parraine. C’est quelqu’un de solide dans son travail et qui, chaleureux, a le sens des relations humaines. Je serai heureux s’il prend des responsabilités nouvelles, mais je ne pousserai pas pour ce faire.”