L’UNamur se bat pour pouvoir organiser sa spécialisation en médecine générale: “On ne comprend vraiment pas pourquoi ça coince"
Avec ce troisième cycle, elle espère attirer les futurs généralistes en zone rurale. Pour sa défense, elle met en avant ses spécificités.
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Publié le 14-03-2023 à 16h48 - Mis à jour le 15-03-2023 à 08h50
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Début février, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), annonçait, dans La Libre, qu’elle s’apprêtait à refuser deux demandes d’habilitation (tout en en autorisant 55 autres) : celle de l’UNamur pour créer un master de spécialisation en médecine générale, et celle de l’UMons visant à ouvrir un master en médecine. Le point devrait logiquement se retrouver au menu de la réunion du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce jeudi.
En attendant, l’UNamur a tenu à étoffer ses arguments lors d’une conférence de presse, mardi. “Nous craignons d’être mal compris”, confie le Doyen de la faculté de médecine, Pierre Garin. Les autorités namuroises redoutent que leur dossier ne fasse, à tort, les frais d’une sorte d’amalgame avec celui de l’UMons (qui, rappelons-le, consiste à demander l’autorisation d’organiser, après son bachelier en médecine, les trois années de master). Clairement, l’intention des intervenants est de bien faire comprendre que l’un n’a rien à voir avec l’autre, en exposant les détails de leur projet.
Premier point : une spécialisation (en médecine générale ou autre) commence après les 3 années de bachelier et les 3 années de master. Pour l’UNamur, il s’agit de faire revenir en ses murs les étudiants qui y auraient suivi leur bachelier puis seraient partis poursuivre leur master dans l’une des trois seules universités qui le proposent aujourd’hui (UCLouvain, ULB et ULiège). Pourquoi ? “Parce qu’il est essentiel de contribuer à faire revenir des généralistes dans les zones rurales qui en manquent cruellement”, déclare Dominique Henrion, chargé de cours à la faculté de médecine et lui-même généraliste.
Les deux hommes expliquent ce qui leur permet de faire un lien entre le lieu de la spécialisation, l’endroit du stage de 3e cycle et la région où le futur médecin exercera son métier. Une étude étrangère montre un rapport entre l’augmentation du niveau “d’exposition rurale” pendant le 3e cycle et le travail ultérieur (États-Unis, 2022).
“On ne comprend pas pourquoi ça coince”
Et puis, il y a l’expérience de vécu. “Les médecins qui se spécialisent passent plus de deux tiers de leur temps en stage, explique encore le professeur. Le reste est notamment consacré à leur formation à l’université. Rapprocher la formation du stage leur permet dès lors un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.” Autrement dit, si le futur spécialiste fait son stage à Bruxelles parce que ses cours se donnent là, il restera exercer dans la capitale. Mais si on donne la possibilité de faire son stage en zone rurale en suivant ses cours moins loin (à Namur en l’occurrence), il y a une plus grande chance qu’il s’installe ensuite dans la région.
Le projet namurois présente en outre plusieurs innovations pédagogiques, dont une formation par simulation (permettant au futur médecin d’expérimenter certaines situations “pour du faux”), et une formule de mentorat (pendant ses trois années de spécialisation, tout jeune médecin est pris sous l’aile d’un généraliste d’expérience).
“On ne comprend vraiment pas pourquoi ça coince, concluent les deux responsables, d’autant qu’il n’y a aucune implication budgétaire pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.” Le projet pourrait concerner une trentaine d’étudiants dès la rentrée prochaine.