En Flandre, les entreprises pourront prêter des salariés aux écoles qui manquent de profs
Les mesures du ministre N-VA n’ont guère suscité l’enthousiasme. Les réactions sont plutôt mitigées.
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Publié le 21-03-2023 à 19h58 - Mis à jour le 21-03-2023 à 21h10
Après les flexi-jobs et le recrutement d’enseignants de nationalité néerlandaise, le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA) prend de nouvelles mesures pour tenter de faire face à cette pénurie qui est un casse-tête pour les écoles en Flandre et dont les conséquences se font sentir sur la qualité de l’enseignement. “Des professeurs invités pourront venir donner cours dans les écoles, y compris dans le primaire. De nombreuses écoles ont des postes vacants pour quelques heures seulement. Les entreprises pourront impliquer leurs collaborateurs dans des écoles, en plus de leurs heures de travail. Cela permettra aux écoles de former leurs futurs enseignants”, a indiqué Ben Weyts. Les entreprises pourront “prêter” des salariés aux établissements scolaires. De leur côté, les écoles pourront faire appel à des professeurs invités. On estime aujourd’hui à 3000 le nombre de postes d’enseignants vacants dans les écoles néerlandophones. Dans la pratique, la pénurie est encore plus importante, les écoles ne publiant pas toutes des offres d’emploi auprès de la VDAB, l’agence flamande pour l’emploi. La pénurie d’enseignants a des conséquences majeures : suppression d’examens, heures passées à l’étude, accumulation de déficits d’apprentissage.
Gagnant-gagnant
Dès l’année scolaire prochaine, des écoles pourront conclure des “contrats de service” avec des entreprises. Concrètement, cela signifie que dans le cas d’une restructuration, les entreprises pourront donner un autre emploi à des membres de leur personnel. Ces derniers conservent leur salaire complet, tout en donnant cours dans des écoles. Celles-ci paient alors le coût salarial de l’enseignant, et l’entreprise ajoute le reste. Le ministre N-VA estime que c’est une solution qui profite à tout le monde. “Les travailleurs du secteur privé ont d’autres connaissances et une autre vision. Les enseignants peuvent leur donner une meilleure vue de la réalité sur le marché de l’emploi”. Les travailleurs qui seront ainsi détachés à temps partiel ou temps plein devront présenter une attestation d’aptitude pédagogique.” Ils ne se retrouveront pas seuls devant une classe. “Nous collaborons actuellement avec les formations d’enseignants existantes pour y inclure davantage de coaching. Mais nous songeons aussi à un “kit du débutant” avec des conseils didactiques”, signale le ministre Weyts.
Réactions mitigées
Les propositions du ministre de l’Enseignement doivent encore être négociées avec les partenaires sociaux. Les syndicats craignent, pour leur part, que les propositions du ministre ne mettent encore davantage sous pression les enseignants qui sont au travail. Ils estiment que si les nouveaux venus posent des conditions, cela voudra dire que les enseignants devront encore assumer les surveillances, les réunions, les remplacements de collègues absents, notamment. L’organisation patronale Voka se dit satisfaite des propositions. “Les entreprises sont enthousiastes pour participer au projet. Ce n’est cependant pas une solution magique, car les entreprises manquent elles-mêmes souvent aussi de personnel”, souligne l’administrateur délégué Hans Maertens. La fédération Katholiek Onderwijs Vlaanderen plaide, elle, pour des mesures structurelles à durée indéterminée.
Du côté politique, les réactions sont plutôt mitigées. Vooruit estime que les mesures du ministre sont “une occasion manquée”. Selon Hannelore Goeman, cheffe de groupe Vooruit au parlement flamand, Ben Weyts “apporte vite-vite quelques idées à implémenter tout de suite: c’est du bric-à-brac flamand”. Elle assure que cette solution est incompatible avec la qualité de l’enseignement. Quant à l’élue Loes Vandromme (CD&V), elle aurait préféré des mesures durables qui sont défendues par l’ensemble des acteurs de l’enseignement.