Des centaines de professeurs veulent une école à la hauteur de l’urgence écologique: "La prise de conscience est en marche et touche tous les niveaux"
Une charte avec douze engagements a récolté plus de 700 signataires en quelques semaines.
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- Publié le 02-06-2023 à 18h53
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L’inspiration vient de France. Fin 2022, des journalistes français ont publié une charte enjoignant les médias à mieux intégrer les enjeux environnementaux dans le traitement et la présentation de l’information. La lecture de celle-ci a donné l’envie à une poignée d’enseignants de développer un projet similaire pour l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le rôle décisif de l’école et de ses acteurs
C’est ainsi qu’a été rédigée la “charte pour un enseignement à la hauteur de l’urgence écologique”, en conclusion d’une large réflexion à laquelle ont pris part de nombreux enseignants et plusieurs associations d’éducation à l’environnement. Le texte a été publié sur le site ad hoc il y a quelques semaines. Et il récolte déjà plus de 700 signatures. Celles de très nombreux enseignants, mais aussi de parents, élèves et citoyens évoluant dans d’autres secteurs. “La prise de conscience est en marche et touche tous les niveaux”, se réjouit Gaetane Coppens, enseignante et co-autrice de la charte.
Est-ce vraiment à l’école de se préoccuper de ces questions ? Trois fois oui, selon les auteurs du texte. Parce que l’habitabilité de la terre est chaque jour un peu plus menacée. Parce que la société et les adultes de demain doivent être mieux préparés à faire face à l’urgence. Et parce que les changements qui s’imposent nécessitent à la fois la compréhension des enjeux environnementaux et leurs impacts sur nos vies, le courage de questionner les normes et habitudes, et la volonté d’agir collectivement et individuellement. Cette responsabilité est celle de toutes et tous. Mais l’école et ses acteurs ont un rôle décisif à jouer, estiment-ils.
“Nous invitons l’ensemble de la profession, dans l’enseignement fondamental, secondaire et supérieur, à rejoindre notre appel et à s’engager avec nous”, disent les auteurs. Comment ? En signant la charte pour s’engager à travailler ensemble en faveur d’un enseignement à la hauteur de l’urgence écologique, et demander aux responsables politiques de les y aider.
Douze mesures concrètes sont détaillées, à commencer par aider les élèves à comprendre les enjeux écologiques, ce qui passe notamment par la recherche d’informations de qualité.
Aborder les thématiques environnementales dans leur globalité est une autre priorité, afin de mettre en évidence l’interdépendance des aspects économiques, écologiques et sociaux.
Pour développer la pensée, la troisième idée consiste à s’ouvrir aux différents points de vue et à apprendre à les connaître. Cela signifie aussi de ne pas avoir peur d’explorer des problèmes pour lesquels il n’y a pas de réponse unique et simple, et de faire la différence entre les connaissances scientifiques, les points de vue et les croyances.
S’engager est aussi une question de posture
Accompagner les élèves à devenir des citoyens, ancrer l’enseignement dans le réel, explorer des approches pédagogiques différentes sont également préconisés.
Puisqu’on parle de faire autrement, la charte opte pour sortir de l’enseignement anthropocentré, au profit d’une reconnexion à la nature.
S’engager est aussi une question de posture. Par exemple, préférer la collaboration et l’entraide à la compétition. C’est valable entre élèves, entre enseignants et élèves, entre profs et même entre écoles. Ou, encore, stimuler les émotions et la créativité ou partager le plaisir de faire ensemble.
Bien sûr, chaque signataire s’engage à… s’engager et à montrer son engagement. Même idée pour l’école, en visant à réduire son empreinte écologique pour servir d’exemple.