Le grand ménage dans les options de l'enseignement qualifiant arrive au Parlement, à quoi s'attendre?
Comment éviter que l’enseignement technique et professionnel soit une filière de relégation ? Notamment en rationalisant l’offre de formations, prévoit un projet de décret qui dit stop au gaspillage.
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- Publié le 05-06-2023 à 06h31
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À côté des nombreuses réformes liées au Pacte d’excellence qui ont été engrangées au cours de cette législature, il en est une qui a du mal à décoller : la réorganisation de l’enseignement qualifiant (le technique et le professionnel, à plein régime ou en alternance, qui “qualifient”, certifient les élèves à exercer un métier). “Il ne doit plus être perçu comme une filière de relégation, mais comme une filière de qualité menant vers l’émancipation et l’emploi”, lit-on dans la déclaration de politique communautaire qui évoque plusieurs projets du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) à ce propos.
Concrètement, à ce stade, seul le parcours d’enseignement qualifiant (le “pec”) a été mis en place de la 4e à la 6e secondaire. C’est l’un des trois grands axes d’action. Du côté de l’enseignement en alternance, deuxième voie de changement, rien de nouveau (lire par ailleurs). Quant à la révision de l’offre d’options, elle arrive cette semaine au Parlement. Mais même si le texte ad hoc suit sans entrave tout son parcours législatif, les changements visibles dans les écoles ne pourront pas intervenir avant la législature suivante.
Ce projet de décret “relatif à la gouvernance de l’offre d’options de base groupées dans l’enseignement secondaire qualifiant” doit être débattu et soumis aux votes, ce mardi, en commission de l’éducation. Qu’y a-t-il dans ce texte ?
Trop de mêmes options voisines et peu fréquentées
Il part du constat que 5 390 options qualifiantes (c’est la situation aujourd’hui), c’est trop. Il y a déperdition d’énergie et d’argent (chez nous, la formation qualifiante représente un budget de 2,16 milliards d’euros dont 1,7 à charge de la FWB : c’est largement au-dessus de la moyenne par apprenant de l’OCDE).
Un axe du décret consiste dès lors à rationaliser pour proposer une offre plus cohérente. Afin de pouvoir maintenir une option, des critères de fréquentation sont fixés en fonction de la densité de population. Elle devra compter, dans les deux dernières années du parcours scolaire, au moins 8 inscrits dans les zones rurales (moins de 125 habitants/km), 9 élèves dans les zones semi-rurales (de 125 à 249 habitants/km), et 10 dans les zones urbaines (au moins 250 habitants/km).
Ceux qui s’étonnent qu’on parle de rationalisation avec des quotas aussi bas doivent se souvenir des constats formulés dans le premier état des lieux récemment dressé du secteur. Actuellement, 50 % des options sont organisées avec moins de 10 élèves, dans des écoles parfois distantes de seulement cinq kilomètres.
Une exception est néanmoins prévue aux futures normes, au cas où aucune école d’un réseau concerné n’offre la même formation dans le bassin visé (la FWB compte 10 bassins, ou espaces géographiques favorisant l’animation pédagogique et la coopération entre les établissements scolaires : Bruxelles, le Brabant wallon, Namur, le Luxembourg, Liège, Huy-Waremme, Verviers, Mons-Centre, le Hainaut-occidental et Charleroi-Hainaut Sud). Il s’agit de préserver le choix philosophique des élèves et de leurs parents.
Trop peu d’options vers des métiers en pénurie
Autre objectif du texte : une meilleure prise en compte des besoins socio-économiques dans l’offre d’options. La promesse de l’enseignement qualifiant est un accès direct à l’emploi pour les élèves qui s’y lancent. Encore faut-il tenir compte des attentes actuelles et futures du marché du travail. Une des mesures consiste à attribuer des normes de création préférentielles pour favoriser l’ouverture rapide d’options qui correspondent à des métiers en pénurie (tels que définis par Actiris et le Forem).
Pour reprendre encore le récent état des lieux du qualifiant, il y apparaît notamment que le nombre d’apprenants dans les métiers en pénurie a diminué de 8 % depuis 2015. En outre, la participation aux études scientifiques, techniques, informatiques, d’ingénierie ou de mathématiques (les “stem”) est inférieure à la moyenne européenne (15.7 % contre 21 % en 2020). Enfin, beaucoup de formations ne sont plus à jour : 85 % des options se basent sur des référentiels de plus de 19 ans ! Travailler sur la réactivité et la souplesse d’adaptation semble obligatoire.
Une cellule de reconversion
Pour concrétiser ces changements, les mécanismes de décision doivent également être modifiés. L’idée est d’impliquer davantage les acteurs socio-économiques dans la gouvernance des options. La programmation de ces dernières reste toutefois l’initiative des écoles, auxquelles des outils plus performants d’information devront être transmis pour faciliter leurs choix.
Précisons enfin qu’une cellule de reconversion sera mise en place pour accompagner les enseignants dont le poste pourrait être touché par la réorganisation de l’offre d’options.