"Il n'y a aucun héros ici": pour les victimes des attentats de Bruxelles, tous les accusés sont coupables
Les plaidoiries des parties civiles ont débuté mardi après-midi dans le procès des attentats de Bruxelles.
- Publié le 06-06-2023 à 22h22
- Mis à jour le 06-06-2023 à 20h55
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Tous coupables ! Pour les parties civiles, il n'y a pas de mystère à faire autour des accusés. "Chacun des accusés dans le box est impliqué", a estimé l'avocate Maryse Allié qui a ouvert les plaidoiries des parties civiles, mardi après-midi au procès des attentats de Bruxelles.
L'avocate a bien insisté : son analyse ne tient pas pour les frères Farisi comparaissant libres et pour lesquels le parquet fédéral s'est montré clément lors de son réquisitoire (réclamant d'ailleurs l'acquittement complet pour Ibrahim). "Je parle bien des accusés présents dans le box et pas de Messieurs Farisi qui auront un traitement différencié." On en saura donc plus au cours des plaidoiries à venir des parties civiles qui s'étendront jusqu'au 14 juin.
Tout au long des journées à venir, ce sont les intérêts des victimes qui seront évoqués. Les avocats Nicolas Estienne et Valérie Gérard sont revenus, en introduction à cette nouvelle phase du procès, sur les souffrances des victimes et de leurs proches. "Elles (les victimes) n'étaient pas au mauvais endroit au mauvais moment, a tonné l'avocat. Elles étaient comme vous et moi : des citoyens du monde qui aspirent au bonheur, à l'amour, à la paix au respect de l'autre, à son intégrité physique et psychique. Elles avaient toutes une raison d'être à l'aéroport ou dans le métro ce maudit 22 mars 2016."
L'avocat a évoqué l'âge des victimes dont la plupart "étaient à l'aube de leur existence."
Mais il n'y a pas que les morts dont il faut honorer la mémoire. Le sort des blessés et leur lutte pour la vie ne doivent pas être oubliés. "L'onde de choc a tué et blessé physiquement de nombreuses personnes."
Au procès, les témoignages des survivants, des blessés, des proches ont confirmé la difficulté de vivre normalement depuis le 22 mars 2016. "Ces personnes sont en état de sidération, tétanisées par la peur mais ne saignent pas."
Le stress post-traumatique est "une bombe invisible" qui a causé des dégâts colossaux. "Et des centaines de bombes vont encore exploser dans les familles, met-il en garde en rappelant, le témoignage d'une victime qui illustrait son cocon familial, "comme brisé. Toute la famille a été amputée."
Abrini n’est pas un héros
Un seul accusé a été nommément cité par l'avocate : Mohamed Abrini qui avait pris la décision de ne pas faire exploser sa charge à l'aéroport. "Il n'y a aucun héros ici. Il n'a pas sauvé une petite fille en abandonnant sa charge sur un chariot. On ne lâche pas un lion à proximité d'un enfant et ensuite on se glorifie que l'enfant n'a pas été dévoré…"
Pour les parties civiles, le ton est donné. Me Allié l'avait précisé dans sa plaidoirie dirigée vers le jury lorsqu'elle demandait "de les déclarer coupables un à un."