Un bonus de pension de 7500 euros net par année de travail supplémentaire? Les partenaires de Karine Lalieux demandent à voir…
La ministre socialiste des Pensions avance une proposition moins coûteuse pour inciter les gens à travailler plus longtemps. Pas d’objection de principe dans la majorité… qui n’a cependant pas vu le texte.
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- Publié le 07-06-2023 à 18h13
- Mis à jour le 07-06-2023 à 18h14
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La réforme des Pensions, on en parle beaucoup dans les médias, nettement moins au gouvernement fédéral. Ce mardi, Karine Lalieux présentait dans SudPresse et Le Soir, ainsi que sur La Première, ses nouvelles idées pour réformer notre système de pension. Se disant empêchée de placer ce point au menu du Conseil des ministres, la ministre socialiste des Pensions a choisi de le mettre sur la place publique, pour forcer le débat et montrer que ce n’est pas de son côté que cela bloque. Ses partenaires ont moyennement apprécié la démarche. “Même si Alexander De Croo ne met pas le point à l’ordre du jour, Karine Lalieux pourrait au moins convoquer un intercabinet et présenter sa note aux techniciens, déplore une source au sein de la majorité. Je ne suis pas certains que la ministre des Pensions utilise la meilleure façon pour faire atterrir sa réforme.”
Voilà pour la forme. Sur le fond, Karine Lalieux retoque essentiellement son projet de bonus de pension, destiné à inciter les Belges à travailler au-delà de l’âge auquel ils pourraient prendre une pension anticipée. La première mouture proposait un bonus de 2 euros de pension pour chaque journée supplémentaire prestée, avec un maximum de trois ans. Une personne qui travaille trois ans de plus toucherait un bonus de pension entre 90 et 120 euros brut par mois.
La Commission européenne avait cependant estimé que ce type de bonus allait entraîner à long terme un impact négatif sur les finances publiques à hauteur de 0,3 % du produit intérieur brut (PIB). Et de menacer la Belgique de ne pas verser la totalité des fonds qui lui sont dus dans le cadre du plan de relance si la soutenabilité de son système de pensions n’est pas améliorée.
Quelque 22 600 euros net pour trois années de travail supplémentaire
L’impact budgétaire de la nouvelle proposition de réforme est moindre, garantit Mme Lalieux, “puisqu’on incite plus de gens à travailler plus longtemps, donc on soutient l’emploi, ce qui fait plus de cotisations sociales, et on retarde aussi la pension. Il y a même une réduction de 0,05 % du PIB du coût des pensions à l’horizon 2070”. Elle ajoute que “le Bureau du Plan a avalisé le modèle”.
Mais en quoi consiste exactement ce nouveau bonus ? “Il s’agit de verser un bonus de 7550 euros net par année de travail supplémentaire après la date de la pension anticipée, avec un maximum de 3 années supplémentaires (jusqu’à la date de la pension légale du travailleur), explique le cabinet Lalieux. Si le travailleur travaille deux années de plus, il aura donc 15 100 euros net, et 22 645 euros nets pour 3 années en plus.”
”C’est du concret pour les gens, argumente le cabinet : ils savent exactement ce qu’ils toucheront en une fois s’ils décident de travailler plus longtemps. C’est aussi beaucoup plus social puisque, quelle que soit votre espérance de vie, vous obtiendrez le même montant. On sait en effet que les travailleurs issus de milieux socio-économiques moins favorisés, qui ont souvent les métiers les plus lourds, ont une espérance de vie plus courte.”
Pas d’objection de principe
Sollicité par La Libre, le vice-Premier ministre Écolo Georges Gilkinet, estime que “les propositions de la ministre des Pensions méritent d’être analysées avec attention, dès lors qu’elle rencontre notre souhait d’une plus grande égalité entre les travailleurs. En effet, payer le bonus pension sous forme de prime est plus incitatif et neutre par rapport à l’état de santé du travailleur en fin de carrière. Elle est de nature à répondre à l’objectif d’augmenter, sur une base volontaire, le taux d’emploi chez les travailleurs plus âgés.”
L’Écolo apprécie également un autre volet de la proposition Lalieux, à savoir les mesures correctives envers les femmes : “Nous sommes les premiers demandeurs de mesure d’assimilation de carrière pour les femmes, dont les pensions sont plus basses et les carrières plus souvent incomplètes”.
Le vice-Premier ministre MR David Clarinval n’a, de son côté, pas souhaité faire de commentaire sur un projet dont il n’a pas connaissance.
On rappellera cependant que le bonus de pension avait fait l’objet d’un accord au sein de la Vivaldi et que, dans la mesure où son impact budgétaire a été réduit, le principe d’un bonus forfaitaire versé en une fois ne devrait pas poser problème aux partenaires de majorité. Là où cela risque de pinailler davantage, c’est sur le calibrage de la réforme : profitera-t-elle seulement aux travailleurs ou également aux personnes en périodes assimilées (chômage, maladie,…) ? Ainsi que sur le deuxième pilier de pension : Mme Lalieux maintient en effet son projet de taxer davantage les pensions complémentaires les plus élevées, ce qui ne plaît pas à tout le monde.